Castro, Cuba et la « dictature éclairée » de Gilles Proulx !
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Selon Gilles Proulx, qui n’en finit plus de
voler au secours de son ami Fidel et de branler l’encensoir sur son règne
incontesté, « au lieu d’un régime totalitaire, Castro a opté pour la dictature éclairée
avec un excellent système de santé, des médecins à foison et l’éducation
gratuite de la pouponnière à l’université. Voilà un homme que le pouvoir absolu
n’a pas corrompu absolument... et c’est tout à son honneur. »
Ah bon ! Le droit à l’éducation et à
de bons soins de santé ne sont-ils pas des valeurs universelles inscrites dans
la longue liste des Droits de l’Homme ? Pourquoi faudrait-il passer par la
dictature si « éclairée » soit-elle
pour y arriver ? Il y a là, dans ce sophysme mille fois répété par les
adorateurs de Fidel et ses branleurs d’encensoirs, un raccourci idéologique qui
heurte le bon sens et qui ne tient pas la route quand on pose la question dans
son ensemble et au-delà du superficiel. D’ailleurs, tous les thuriféraires du
régime castriste agonisant, confondent, plus ou moins en connaissance de cause,
les « soins de santé » (qui réfèrent aux individus et à leurs besoins
ponctuels), et la « Santé publique » qui, comme son nom l’indique, réfère à la
société dans son ensemble, aux choix politiques d’un pays et aux programmes
proposés et soutenus par l’État afin de permettre à chacun de ses citoyens de
vivre plus heureux, plus longtemps et en meilleure santé.
La différence est majeure, et son
appréciation dépend non pas de la médecine mais bien de l’analyse sociologique
qui a développé la capacité de l’évaluer à partir de la courbe du taux de
suicides, témoins de la santé et du bonheur d’une société, un référent scientifiquement
et universellement reconnu qui nous permet de suivre à la trace son évolution,
sa stagnation… ou son recul !
À titre d’exemple, chiffres de l’Organisation
Panaméricaine de la Santé (OPS), le taux de suicides à Cuba a atteint 18,1 par
100,000 habitants dans la période 2000-2005 qui est la dernière dont nous
possédons le relevé. Ce qui met ce pays loin de la seconde position occupée par
l’Uruguay (avec 15,9) et bien au-dessus du Pérou (2,3) et du Guatémala (1,9).
Ces chiffres vérifiables confirment donc une tendance lourde et préoccupante
qui s’amplifie avec le temps : c’est-à-dire que les Cubains se suicident
de plus en plus chaque année et que ce phénomène de société touche plus
particulièrement le groupe des 24-45 ans. Pour relativiser ces chiffres, notons
qu’en 1957, soit deux ans avant que l’Île passe sous le contrôle de Fidel, ce
taux de suicides était de… 13,1 par 100,000 habitants.
Et si vous voulez savoir de quoi est
redevable cette épidémie de suicides, allez lire Durkheim et tous les autres
qui ont étudié la question et ont compris que ces morts volontaires relèvent d’un
phénomène social à part entière qui s’explique plus précisément par des
déterminants sociaux qui « varient en
raison inverse du degré d’intégration de la société religieuse, domestique,
politique » (Durkheim). Entendons notamment par là, en raison des politiques
sociales inadéquates sinon destructives, de la pauvreté, du désespoir, et des pertes
des valeurs morales. Et vu que nous ne pouvons comprendre ces phénomènes qu’en
comparant, sachons encore qu’au Canada, le pays si détesté de Proulx, Lauzon et
tous ces autres qui rêvent à voix haute de la cubanisation du Québec, sachez
que le taux de suicides n’a cessé de baisser depuis le début du millénaire et qu’il
se situe aujourd’hui à 11,6 habitants par 100,000 habitants ; ce qui le
place presque au niveau du taux mondial qui est de 11,4 par 100,000 habitants (chiffres
de l’OMS).