Le MS EURODAM tend les amarres au quai d'escales de la baie des Ha! Ha! – Une première historique...

À huit heures ce matin du 29 septembre 2008, le MS EURODAM, navire de croisières de classe internationale propriété de la Holland America, a accosté au nouveau quai d'escales de la baie des Ha! Ha! Une ville flottante dans la ville. Vraiment impressionnant de voir une telle cathédrale des mers s'avancer avec une telle finesse pour s'arrimer au quai. Le navire peut recevoir jusqu'à 2 104 passagers et 800 membres d'équipage.

Félicitations au maire de Saguenay, au conseil municipal qui l'a secondé et aux promoteurs régionaux qui ont vu juste et grand. Cette réussite est plus qu'une réussite. Elle a valeur de symbole pour tous les Saguenéens. Dans ce temps de morosité économique, elle donne la preuve qu'on peut accomplir quelque chose de grand en se faisant confiance, à faire un pas dans l'histoire sans devoir se mettre aux genoux de Rio Tinto–Alcan et d'Abitibi-Bowater, du sélect club des plus grandes sangsues de la planète...

Bravo ! Mille fois bravo pour cette éclatante réussite !

Akakia

Élections fédérales / Devoir citoyen, mon oeil !

Vue aérienne de la zone d’extraction à ciel ouvert de la société Sunycrude (région de Fort Mac Murray). L’excavation d’une centaine de mètres de profondeur a été réalisée après avoir rasé la forêt boréale (cliché de Chris Evans © 2005 The Pembina Institute. Reproduit avec l’aimable autorisation du Pembina Institute)

Devoir citoyen, mon oeil !

Je sais bien que ce que j’ai à dire dans la campagne électorale en cours n’aura strictement aucune incidence sur le résultat dont on dit qu’il est déjà canné. Mais, à la vitesse vertigineuse avec laquelle nous fonçons tête baissée dans le mur du néolibéralisme sauvage, je me sens tout à fait incapable de regarder passer la caravane comme si de rien n’était, et de faire comme le chien qui ronge son os. Hélas, je le déplore d’entrée de jeu ! De tous les partis en lice, aucun, de fait, n’offre un programme qui aurait une quelconque emprise sur notre présent et encore moins sur notre avenir immédiat. J’ai beau les lire sous tous les sens, j’ai beau les écouter vaticiner et pérorer à tour de rôle comme des coqs de bien basses-cours, je n’y trouve aucune porte d’entrée pour accéder au meilleur des mondes.

Me voilà donc, encore une fois depuis le temps où je pouvais au moins avoir l’opportunité de détester Trudeau pour son arrogance envers les Canadiens français ; me voilà donc, encore une triste fois, devant le choix du moins pire, ce qui, dans les circonstances actuelles, n’a rien pour apaiser mes craintes de ce que nous allons devoir souffrir dans la prochaine décade.

Pour qui voter ???

DUCEPTE, le chef du Bloc, le p’tit gars du Plateau, le chum de Guy-A. ? En ce qui me concerne, passé date le monsieur et sans aucune solution pour améliorer mon sort de Saguenéen qu’il ne connaît pas du reste et qui a été totalement dépouillé de tous ses pouvoirs et de ses avoirs ! Décidément, s’il y a un service que pourrait faire ce chef pour aider les Québécois, c’est de fermer les livres de son parti et de passer au plus sacrant au PQ où, à tout le moins, il ne serait pas en contradiction entre le discours et le geste. C’est à ce seul prix que ce gauchiste embourgeoisé a une chance de passer à l’histoire et de passer à quelqu’un d’autre son bonnet de fromager !

DION, le chef du PL, et sa taxe sur le carbone ? Bien beau dans le principe, mais impossible pour moi d’oublier les méfaits créés par son prédécesseur et de faire disparaître les parfums de scandales laissés derrière lui dans cette équipée de vauriens qui ont trempé leurs mains jusqu’au coude dans les Commandites ! Il a beau faire du vent le pauvre garçon, il a beau avoir les mains propres et la tête pleine de belles théories, j’ai des odeurs de méthane dans le nez rien qu’à voir le logo du Parti libéral fédéral.

LAYTON et le NPD ? Dommage ! Le seul fait qu’il se soit prononcé en défaveur des armes à feu (pour le moment les armes de poing) pour s’attirer la faveur de l’électorat des Torontois et des Montréalais sans tenir compte des cultures régionales et rurales ; ce seul fait-là, en ce qui me concerne, contredit le sens même de son discours de centre gauche modéré et d’esprit mesuré. Cet homme sait pertinemment bien qu’il ne prendra pas le pouvoir et, par cette dernière promesse qui ne lui coûte rien, témoigne d’un cynisme électoral qu’il ne présageait pas.

Reste maintenant STEPHEN HARPER et le mirage du pouvoir que lui donnent tous les sondages ???

En fait, je voterais bien pour HARPER… si j’étais de la droite religieuse, pro-Bush, Albertain, prospecteur américain qui veut faire fortune dans le pétrole pourvu qu’on le lui donne sans l’indisposer avec l’environnement. Effectivement, je voterais bien pour lui et pour son parti, si j’étais anti-avortement, homophobe et à la fois insensible envers la pauvreté, l’environnement et la culture. Mais, comme je suis tout le contraire de cette fibre politique destructrice et rétrograde, et même si j’ai bien de la misère à choisir la place où je vais placer ma croix sur le bulletin de vote, je sais à tout le moins pour qui je ne voterai pas ! Quant à moi, ce sera n’importe qui dans cette élection, mais certainement pas Harper !…

Russel Bouchard

Le quai d'escales de la baie des Ha! Ha!, un projet qui a le mérite de ne pas porter le logo de l'Alcan !

Le Eurodam dans les eaux de la Baie des Ha! Ha!, septembre 2008

Lettre ouverte au Journaliste Pierre Demers
L'Aut'Journal,
Montréal.

Bonjour Pierre,
J'ai lu ton papier publié dans L'Aut' Journal de septembre 2008 (« Prions pour que les bateaux de croisière sauvent la Baie ! »). Je ne partage pas ton cynisme à cet égard. Je viens de terminer la rédaction d' « Une histoire de la navigation sur le Saguenay » (une somme de 400 pages bien tassées qui sera lancée en mars prochain). Je viens de terminer ce travail de longue date (20 ans de préparation), et je peux te dire que c'est là un des meilleurs projets que nous avons eus dans cette histoire de la rivière depuis l'avènement du port de Grande Anse, amené par le libéral Marcel Dionne en 1982.

Personnellement, j'appuie cette initiative de notre maire et de son équipe municipale. Rien n'est parfait, j'en conçois ! Bien sûr, ce quai d'escales va imposer des formes nouvelles au panorama, ce qui risque d'être une retombée négative. Et on ignore encore ce qu'il va advenir de la structure de métal et de béton avec le mouvement des glaces pendant l'hiver. Qui peut dire à cette étape ? Certes, je te le concède, il y aurait eu beaucoup à faire pour atteindre l'inaccessible cime de la perfection ici comme ailleurs. Mais je suis d'avis que c'est là un projet... d'occupation du territoire tout à fait inédit dans nos annales, un signal qui ouvre une voie à une meilleure prise en charge des régionaux sur l'ensemble de leur héritage patrimonial et sur la somme de leurs ressources naturelles.

Si, comme tu le dits, cela risque d'être bien peu comme retombées économiques, c'est toutefois un début. Ce projet, ce sont des Saguenéens qui l'on initié et réalisé. Ce n'est pas rien dans ce temps difficile qu'on traverse.

Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, comme bien des régions du Québec d'ailleurs, est malade de lui-même. Malade de sa perte de mémoire ; malade de son manque d'envergure ; malade de ses petits chefs qui se prennent pour des grands ; malade de ses représentants politiques qui défroquent dans le journalisme pour vanter les mérites de la droite tout-à-trac ; malade de son défaitisme ; malade de ses intellectuels patentés ; malade de voir, encore et toujours, Rio Tinto—Alcan avaler 95% de ses ressources énergétiques et ne laisser chez nous qu'un minimum de retombées économiques ; malade de devoir encore souffrir la présence d'Abitibi-Bowater, cette sangsue titanesque qui prélève sans ne plus rien donner et qui n'a plus qu'un objectif, partir au plus sacrant avec le petit peu qui nous reste grâce aux factums de l'ex-ministre Jacques Brassard qui n'en finit plus de lui cirer les pompes.

Entre voir se poursuivre l'anarchie des grands visiteurs internationaux qui, depuis 1970, viennent faire des ronds au pied de la Vierge du Cap Trinité en ne laissant que la merde des passagers comme retombées dans nos eaux. Entre voir le Saguenay ne plus couler que pour les pétrolières et les besoins de l'Alcan comme ce fut, hélas ! le cas avec les quais Powell, Duncan et de la Pointe à l'Islet. Entre ceci et cela, je n'ai aucune hésitation possible et je dis que le quai d'escales est une avenue souhaitable qui a l'insigne honneur de ne pas porter le logo de l'Alcan dans les plans et devis...

Russel Bouchard