Les délires d'Akakia

jeudi, août 23, 2012

La place du patrimoine historique dans le cadre des fêtes du 175e anniversaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean


La petite école Ste-Marie, rue Roussel à Chicoutimi-Nord, le prochain édifice historique appelé à être démoli avec l'assentiment des élus de ville Saguenay, pour le profit d'un quelconque projet commercial...
Photo, Ben Hamilton, circa 1960.

Saguenay, la capitale du béton

Dans à peine quatre mois, le 1er janvier 2013, le Saguenay–Lac-Saint-Jean amorcera les célébrations des fêtes du 175e anniversaire de l'arrivée des premiers bûcherons de la Société des 21 et du débarquement des premières familles de colons. Il faut remercier de suite les instigateurs de cette série d'événements susceptibles de marquer l'année. Si l'occasion est belle pour nous rappeler les faits importants de notre histoire régionale, elle l'est tout autant pour tenter d'ouvrir le débat à propos de nos monuments en perdition et sur l'état lamentable des bâtiments historiques de notre ville et de notre région. 

À Chicoutimi (heu... Saguenay !), là où l'histoire a commencé en 1671, nous ne disposons même pas encore d'une politique cohérente de conservation du patrimoine bâti, les monuments sont à vau-l'eau, et toutes les raisons sont bonnes pour jeter à terre, au nom du sacro-saint développement économique, une ancienne école qui sert toujours d'édifice phare pour les anciens, une maison centenaire ou une église qui ne rentre plus dans ses frais faute de fidèles. Peu importe les interventions des gens sensibles à ces questions, peu importe la qualité des intervenants, rien n'y fait. À ville Saguenay, la ville des parkings et du maire Tremblay, aucune bâtisse historique n'est réellement à l'abri, le pic du démolisseur est roi et maître, l'asphalte et le béton font l'éloge du vide...

Le monument du Côteau-du-Portage


Cérémonie du 21 juin 2012 et rappel de l'importance de préserver les lieux de mémoire pour les générations futures.
Photo, jeannot Lévesque, maître photographe, Chicoutimi.

Un cas parmi tant d'autres, celui du monument du Côteau-du-Portage. Depuis le 21 juin 2005, à chaque année, je demande aux élus et aux officiers municipaux de faire nettoyer et entretenir les espaces et les monuments de ce lieu mythique, là où notre histoire a commencé. Dans mes appels publics, où j'espère à tout le moins le minimum, j'ai toujours pris soin de ne pas heurter les susceptibilités des élus et des fonctionnaires afin de leur laisser le temps d'agir, de se tourner de bord comme on dit. Après sept années de démarches et d'appels infructueux (à chaque 21 juin, fête des Autochtones et des Métis euro-amérindiens), il me faut, hélas reconnaître, que j'ai échoué parce qu'il n'y a personne, à l'autre bout du fil, qui s'y intéresse, personne qui veut prendre ses responsabilités en telle matière. 

Dans l'espoir d'amener les élus et les fonctionnaires à « fonctionner » comme ils le devraient en toute intelligence dans ce dossier décevant qui s'empoussière, le 21 juin 2012, devant les médias présents, comme Lien de Mémoire de ma communauté, j'ai soumis un projet de restauration, d'aménagement et de mise en valeur de ce singulier monument qui unit la rue Dréan à la rue Price, à proximité de l'ancienne mission jésuite, fondée en 1676. J'étais alors accompagné des membres du Conseil des Femmes Métisses de la Boréalie, elles aussi désireuses de s'y impliquer. Ce projet est bien simple, raisonnable en terme de coûts, et a fait l'éloge de l'assistance qui, comme à chaque année, revient aux sources  : 1- Nettoyer et restaurer le vieux monument coin Dréan-Price ; 2- Nettoyer l'endroit, mettre des fleurs et embellir le site ; 3- Ajouter une plaque où seraient gravés les noms de quelques femmes qui « ont passé » par là avant 1842. À ce dernier égard, ce serait du reste rendre justice à l'implication incontournable des femmes dans la fondation de notre région, ce que l'histoire a toujours omis de faire. Le tout, s'inscrit d'ailleurs très bien dans le cadre des fêtes qui marqueront, en 2013, le 175e anniversaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Cela dit et en ce qui nous concerne, rien n'est coulé dans le béton et le Conseil des Femmes, est évidemment ouvert à toutes suggestions qui tiendraient compte des contraintes et des politiques de la ville en matière de biens culturels. Je ne vous cacherai pas toute la déception que j'ai personnellement accumulé en sept ans dans ce dossier pourtant pas si compliqué. Sept ans et toujours incapable d'avoir le moindre signe d'intérêt de la ville de Saguenay, de ses élus et de son maire. Dans cette fin de non-recevoir, on ne pourra certainement pas nous faire grief de ne pas avoir suggéré une avenue positive, de ne pas persister et d'avoir manqué de patience.

J'attends maintenant de notre ville un engagement formel de sa part...

Akakia

Cérémonie du rappel de la mémoire métisse et offrandes en hommages à nos ancêtres qui ont fondé ce pays nouveau, au Côteau-du-Portage, le 21 juin 2012. 
Photo, Russel Bouchard.


mardi, août 14, 2012

La réfection de l'autoroute 175 (Québec-Chicoutimi) / Où était le PQ ?



La réfection de l'autoroute 175 (Québec-Chicoutimi) / 
Mais où était le PQ ?
En marge de l'élection provinciale au Québec, 
du 4 septembre 2012


Sans vouloir prendre parti pour quelque faction que ce soit dans cette élection, où on ne fait qu’allonger des listes d’épicerie à rabais, je crois qu’il faut rendre à César ce qui est à César et admettre que, sur le plan politique, la réalisation de la route 175 appartient, en fait et en dit, aux gouvernements fédéral et provincial de Paul Martin et de Jean Charest. Il n’est absolument pas question pour moi d’appuyer, par la présente, la réélection du gouvernement libéral sortant, qui a été pitoyable au cours de son dernier mandat. Mais il m’importe de replacer les choses dans leur contexte historique.

Pour être plus juste envers l’histoire qui ne manque jamais d’être récupérée par la politique, et pour le profit des lecteurs, un calendrier succinct des principaux événements devrait remettre les pendules à l’heure. Pour compléter cette liste, j’ai pris soin d’y joindre trois articles de journaux publiés à l’époque dans « Le Quotidien », en 2002 et 2004. Le premier, un article de Daniel Côté publié le 23 août 2002, titré « Route du parc des Laurentides, Québec et Ottawa confondent les sceptiques » ; le deuxième, un éditorial de Carol Néron, titré « Route 175 : la victoire d'André Hravey », publié également le 23 août 2002 ; et le troisième, un article de Normand Boivin, titré « Route à quatre voies divisées, Charest et Martin apposent leur griffe », a été publié le 8 mai 2004. 

À mon avis, c’est à partir de ces deux dates que prend réellement forme le chantier de l’autoroute 175. Tout ce qui précède est sujet à interprétation et devra attendre l’analyse plus ou moins éclairée des historiens qui, un jour pas trop lointain j’espère, auront à juger de la question au-delà des distorsions du discours politique partisan dénué de perspective. 


Retour en arrière


Donc, en 1968, l’Union nationale demande la réfection du boulevard Talbot pour le mettre à quatre voies. En 1971, Le Club automobile du Québec demande au gouvernement de Robert Bourassa d’en faire une priorité. En 1984, le dossier de l’autoroute refait surface avec l’élection qui ramènera le Parti libéral au pouvoir après une absence de huit ans, En 1988, le « Comité action pour un boulevard Talbot à quatre voies » se lance dans la mêlée. On y trouve quatre membres particulièrement actifs : Marina Larouche, Claudine Bouchard-Hudon, René Girard et Gilbert Fillion (aidés par Jacques Cayer, alors animateur au poste de radio CJMT de Chicoutimi). Dans cet échange parfois exacerbé, deux voix fortes s’élèvent totalement contre la route à quatre voies : Benoît Bouchard, alors ministre des Transports au fédéral (PC) et Jacques Brassard, ministre des Transports au provincial (PQ). Il faut voir dans ce refus énergique et cette fin de non recevoir, une volonté manifeste du « Lac-Saint-Jean » (qui craint une baisse de trafic routier) de s’opposer à l’accroissement de la force d’attraction du Saguenay. Pour contrer la voie saguenéenne, la députation du Lac-Saint-Jean lui oppose le besoin de la fameuse route du Nord. En 1989, André Harvey, alors député de Chicoutimi au fédéral (PC), prend le dossier en main. Il est appuyé dans cette démarche par le député de Jonquière, Jean-Pierre Blackburn (PC). En 1991, le PQ prend parti contre la route et exprime ses propres priorités qu’il défendra jusqu’à la signature de l’entente fédéral-provincial, le 22 août 2002 (route Alma—La Baie, route de contour du Lac-Saint-Jean, route du Nord, amélioration, au coût de 165 M $, des routes 169 et 175.) En 1992, André Harvey relance le débat sur l’autoroute et pilotera le dossier jusqu’à sa réalisation, en 2002, malgré une absence à Ottawa, de 1993 à 1997. 

En août 2002 (le 22), signature (Landry-Chrétien) de l’entente fédérale-provinciale sur le partage des coûts de la construction de l’autoroute. Sont présents sur la tribune : Jean Chrétien, Mernard Landry, André Hravey et Stéphane Bédard. Et le 8 mai 2004, après vingt bons mois de tergiversations oiseuses et un changement de gouvernements tant à Québec qu'à Ottawa, une nouvelle et définitive entente est signée avec les nouveaux premiers ministres élus (deux gouvernements Libéraux, cette fois-ci). Sont alors présents sur la tribune en cet instant suprême : Paul Martin, premier ministre du Canada, Jean Charest, premier ministre du Québec, André Harvey, député de Chicoutimi à Ottawa, et Jean Tremblay, maire de Chicoutimi...

Cela dit, le quiproquo qui oppose les actuels candidats à l’élection du comté de Chicoutimi dans le dossier de l’autoroute 175, ne saurait donner raison au candidat Stéphane Bédard qui, pour des raisons strictement partisanes, a évidemment fait chorus avec les opposants du Lac-Saint-Jean. J’ai en main le dossier complet et actualisé de tout ce qui s’est écrit sur la construction de la route Chicoutimi–Québec, depuis le début des travaux, en 1944, jusqu’à aujourd’hui. J’aurais effectivement de quoi écrire un livre de 600 pages sur cette formidable question d’histoire, mais mes priorités d’écriture et mes obligations pécuniaires m’obligent au plus pressant...

Akakia
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