La place du patrimoine historique dans le cadre des fêtes du 175e anniversaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean
La petite école Ste-Marie, rue Roussel à Chicoutimi-Nord, le prochain édifice historique appelé à être démoli avec l'assentiment des élus de ville Saguenay, pour le profit d'un quelconque projet commercial...
Photo, Ben Hamilton, circa 1960.
Saguenay, la capitale du béton
Dans à peine quatre mois, le 1er janvier 2013, le Saguenay–Lac-Saint-Jean amorcera les célébrations des fêtes du 175e anniversaire de l'arrivée des premiers bûcherons de la Société des 21 et du débarquement des premières familles de colons. Il faut remercier de suite les instigateurs de cette série d'événements susceptibles de marquer l'année. Si l'occasion est belle pour nous rappeler les faits importants de notre histoire régionale, elle l'est tout autant pour tenter d'ouvrir le débat à propos de nos monuments en perdition et sur l'état lamentable des bâtiments historiques de notre ville et de notre région.
À Chicoutimi (heu... Saguenay !), là où l'histoire a commencé en 1671, nous ne disposons même pas encore d'une politique cohérente de conservation du patrimoine bâti, les monuments sont à vau-l'eau, et toutes les raisons sont bonnes pour jeter à terre, au nom du sacro-saint développement économique, une ancienne école qui sert toujours d'édifice phare pour les anciens, une maison centenaire ou une église qui ne rentre plus dans ses frais faute de fidèles. Peu importe les interventions des gens sensibles à ces questions, peu importe la qualité des intervenants, rien n'y fait. À ville Saguenay, la ville des parkings et du maire Tremblay, aucune bâtisse historique n'est réellement à l'abri, le pic du démolisseur est roi et maître, l'asphalte et le béton font l'éloge du vide...
Le monument du Côteau-du-Portage
Cérémonie du 21 juin 2012 et rappel de l'importance de préserver les lieux de mémoire pour les générations futures.
Photo, jeannot Lévesque, maître photographe, Chicoutimi.
Un cas parmi tant d'autres, celui du monument du Côteau-du-Portage. Depuis le 21 juin 2005, à chaque année, je demande aux élus et aux officiers municipaux de faire nettoyer et entretenir les espaces et les monuments de ce lieu mythique, là où notre histoire a commencé. Dans mes appels publics, où j'espère à tout le moins le minimum, j'ai toujours pris soin de ne pas heurter les susceptibilités des élus et des fonctionnaires afin de leur laisser le temps d'agir, de se tourner de bord comme on dit. Après sept années de démarches et d'appels infructueux (à chaque 21 juin, fête des Autochtones et des Métis euro-amérindiens), il me faut, hélas reconnaître, que j'ai échoué parce qu'il n'y a personne, à l'autre bout du fil, qui s'y intéresse, personne qui veut prendre ses responsabilités en telle matière.
Dans l'espoir d'amener les élus et les fonctionnaires à « fonctionner » comme ils le devraient en toute intelligence dans ce dossier décevant qui s'empoussière, le 21 juin 2012, devant les médias présents, comme Lien de Mémoire de ma communauté, j'ai soumis un projet de restauration, d'aménagement et de mise en valeur de ce singulier monument qui unit la rue Dréan à la rue Price, à proximité de l'ancienne mission jésuite, fondée en 1676. J'étais alors accompagné des membres du Conseil des Femmes Métisses de la Boréalie, elles aussi désireuses de s'y impliquer. Ce projet est bien simple, raisonnable en terme de coûts, et a fait l'éloge de l'assistance qui, comme à chaque année, revient aux sources : 1- Nettoyer et restaurer le vieux monument coin Dréan-Price ; 2- Nettoyer l'endroit, mettre des fleurs et embellir le site ; 3- Ajouter une plaque où seraient gravés les noms de quelques femmes qui « ont passé » par là avant 1842. À ce dernier égard, ce serait du reste rendre justice à l'implication incontournable des femmes dans la fondation de notre région, ce que l'histoire a toujours omis de faire. Le tout, s'inscrit d'ailleurs très bien dans le cadre des fêtes qui marqueront, en 2013, le 175e anniversaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Cela dit et en ce qui nous concerne, rien n'est coulé dans le béton et le Conseil des Femmes, est évidemment ouvert à toutes suggestions qui tiendraient compte des contraintes et des politiques de la ville en matière de biens culturels. Je ne vous cacherai pas toute la déception que j'ai personnellement accumulé en sept ans dans ce dossier pourtant pas si compliqué. Sept ans et toujours incapable d'avoir le moindre signe d'intérêt de la ville de Saguenay, de ses élus et de son maire. Dans cette fin de non-recevoir, on ne pourra certainement pas nous faire grief de ne pas avoir suggéré une avenue positive, de ne pas persister et d'avoir manqué de patience.
J'attends maintenant de notre ville un engagement formel de sa part...
Akakia