Trou d'homme de sa lèse-majesté ! Défense de penser...
Comment peut-on être bouché à ce point ?! Cette histoire typiquement franco-québécoise (sic) nous rapproche de la Chine avec sa façon bien à elle de contrôler les idées et de déraper à reculon dans le décor. L'art est politique, tout le monde le sait. Il n'y a que les créateurs et les artistes qui s'en foutent. Et cela est fort bien ainsi, car si les créateurs de ce monde s'en indisposaient, ils ne créeraient pas ; ils serviraient les idées dominantes. Car l'artiste, le vrai, celui qui transgresse, trouve justement une part de son énergie créatrice dans sa manière de dépasser l'image, d'aller au-delà, de lui faire cracher le sens qu'elle cache.
Les trous d'homme de Québec
Cette affaire n'est pas à l'honneur de la ville de Québec qui dit vouloir profiter du 400e anniversaire de sa fondation par Champlain (sic), en 1608. Pour son projet original d’intégration de l’art dans la ville, l’organisme Folie/Culture a ainsi donc invité 10 artistes à concevoir les trous d’homme (des couvercles de puisards comme on dit familièrement) pour la rue Saint-Vallier sous l’autoroute Dufferin-Momorency. Pour bien apprécier la stupidité de certains, sachez que le Manhole cover art est un art déjà présent à travers le monde. Il s'agit alors d'inviter les artistes à créer des bas-reliefs pour parer le dessus des couvercles de fonte des trous d'homme. Cette manière de création typiquement urbaine s'inscrit également dans la mode des fresques dessinées par la jeunesse des rues qui crient leur souffrance et leur espérance dans le décor.
À Québec, pour souligner cette année mémorable, la ville a donc parrainé la production d'oeuvres similaires qui ont été demandées à dix artistes, dans le cadre de l'événement « Regards fous ». Il n'y en aura que neuf puisqu'on ne coulera pas celle de l'artiste Martin Bureau qui, il faut le dire, a réussi un vrai coup de génie ! Pourquoi ? Simplement parce que la ville de Québec et la fonderie Bibby-Ste-Croix ont décidé que cela était... trop politique. Trop politique !!! Comme si la commande placée par les villes et les États aux artistes n'était pas... politique. Le crime en est un de lèse-majesté faut-il bien comprendre.
Réunissant les deux faces d’une pièce de 25 cents sur une seule, le dessus, l’artiste y représente la reine d’Angleterre couronnée d’un panache d’orignal entouré d'un message : « Kwebec 1759-2009. Quart de piasse. » Martin Bureau devance le 250e anniversaire de la Conquête de la Nouvelle-France par les Anglais, avec une image percutante intitulée : « Hommage à Sa Gracieuse Majesté ». Génial ! Absolument GÉNIAL !!!
Saguenay n'est pas en reste
Une chose similaire m'est dernièrement arrivée à Ville de Saguenay où un comité de la ville nouvelle a entrepris de publier un livre d'art et de prestige pour souligner le dixième anniversaire de la fusion municipale. Pour ce faire, le livre devait être agrémenté de dix textes d'écrivains vivant dans la municipalité. Le projet que j'ai soumis au comité devait critiquer le fait de ne pas avoir gardé le nom de « Chicoutimi » à la place de celui de « Saguenay » qui est impertinent et qui ne rend pas justice à l'histoire de ce pays intérieur.
Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut savoir que le nom de Chicoutimi, pour signifier un lieudit d'occupation humaine, a été écrit sur un document pour la première fois en 1661, par les missionnaires, dix ans avant la construction d'un comptoir de traite. On parlait alors de tout ce périmètre insularisé entre le lac Kénogami, la rivière Chicoutimi, la rivière au Sable et la rivière Saguenay. La justification de mon choix n'a pas suffit. Le comité a rejeté mon projet parce qu'il aurait donné du vent à ceux et celles qui réclament la restauration du nom mythique. Ce qui m'a contraint à me retirer par souci d'intégrité.
Résultat : nous avons appris par le journal de la semaine dernière que le livre envisagé par... Saguenay comptera quatre textes ; quatre textes rédigés par les « quatre plus grands écrivains de Saguenay ». Ce qui veut dire qu'au moins six écrivains se sont récusés comme moi et qu'ils n'en n'ont trouvé que quatre pour accomplir la jobbe...
Éloge à tous les Martin Bureau de la Terre.
Akakia
Les trous d'homme de Québec
Cette affaire n'est pas à l'honneur de la ville de Québec qui dit vouloir profiter du 400e anniversaire de sa fondation par Champlain (sic), en 1608. Pour son projet original d’intégration de l’art dans la ville, l’organisme Folie/Culture a ainsi donc invité 10 artistes à concevoir les trous d’homme (des couvercles de puisards comme on dit familièrement) pour la rue Saint-Vallier sous l’autoroute Dufferin-Momorency. Pour bien apprécier la stupidité de certains, sachez que le Manhole cover art est un art déjà présent à travers le monde. Il s'agit alors d'inviter les artistes à créer des bas-reliefs pour parer le dessus des couvercles de fonte des trous d'homme. Cette manière de création typiquement urbaine s'inscrit également dans la mode des fresques dessinées par la jeunesse des rues qui crient leur souffrance et leur espérance dans le décor.
À Québec, pour souligner cette année mémorable, la ville a donc parrainé la production d'oeuvres similaires qui ont été demandées à dix artistes, dans le cadre de l'événement « Regards fous ». Il n'y en aura que neuf puisqu'on ne coulera pas celle de l'artiste Martin Bureau qui, il faut le dire, a réussi un vrai coup de génie ! Pourquoi ? Simplement parce que la ville de Québec et la fonderie Bibby-Ste-Croix ont décidé que cela était... trop politique. Trop politique !!! Comme si la commande placée par les villes et les États aux artistes n'était pas... politique. Le crime en est un de lèse-majesté faut-il bien comprendre.
Réunissant les deux faces d’une pièce de 25 cents sur une seule, le dessus, l’artiste y représente la reine d’Angleterre couronnée d’un panache d’orignal entouré d'un message : « Kwebec 1759-2009. Quart de piasse. » Martin Bureau devance le 250e anniversaire de la Conquête de la Nouvelle-France par les Anglais, avec une image percutante intitulée : « Hommage à Sa Gracieuse Majesté ». Génial ! Absolument GÉNIAL !!!
Saguenay n'est pas en reste
Une chose similaire m'est dernièrement arrivée à Ville de Saguenay où un comité de la ville nouvelle a entrepris de publier un livre d'art et de prestige pour souligner le dixième anniversaire de la fusion municipale. Pour ce faire, le livre devait être agrémenté de dix textes d'écrivains vivant dans la municipalité. Le projet que j'ai soumis au comité devait critiquer le fait de ne pas avoir gardé le nom de « Chicoutimi » à la place de celui de « Saguenay » qui est impertinent et qui ne rend pas justice à l'histoire de ce pays intérieur.
Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut savoir que le nom de Chicoutimi, pour signifier un lieudit d'occupation humaine, a été écrit sur un document pour la première fois en 1661, par les missionnaires, dix ans avant la construction d'un comptoir de traite. On parlait alors de tout ce périmètre insularisé entre le lac Kénogami, la rivière Chicoutimi, la rivière au Sable et la rivière Saguenay. La justification de mon choix n'a pas suffit. Le comité a rejeté mon projet parce qu'il aurait donné du vent à ceux et celles qui réclament la restauration du nom mythique. Ce qui m'a contraint à me retirer par souci d'intégrité.
Résultat : nous avons appris par le journal de la semaine dernière que le livre envisagé par... Saguenay comptera quatre textes ; quatre textes rédigés par les « quatre plus grands écrivains de Saguenay ». Ce qui veut dire qu'au moins six écrivains se sont récusés comme moi et qu'ils n'en n'ont trouvé que quatre pour accomplir la jobbe...
Éloge à tous les Martin Bureau de la Terre.
Akakia