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À la fin de la lecture du dicours du Trône à Ottawa, vendredi 4 décembre, une correspondante parlementaire québécoise a approché Denis Lebel (à gauche), député et co-représentant officiel du Parti conservateur, pour lui demander s’il y avait vu du « positif ». « Du positif ? » répondit-il du tac au tac. « Je suis dans l’opposition, madame ! Aujourd’hui j’assume mon rôle totalement ». Voilà l’attitude qu’aurait dû avoir Pierre-Karl Péladeau au dépôt du projet de loi 64. Voilà le devoir auquel nous sommes en droit de nous attendre du chef de l’opposition officielle quand le parti ministériel dépose un projet de loi sur le parquet de l'Assemblée nationale : de la réserve Monsieur Péladeau ! De la mesure ! De la nuance ! De la distance ! Des considérants qui marquent la frontière entre une démocratie et une dictature… |
Le 3
décembre dernier, lors du dépôt en Chambre du projet de loi 64 sur
l’enregistrement des armes à feu d’épaule, le premier ministre Couillard a pris
le temps de dire que cela devrait se faire rondement et sans plus de formalité
du fait que tous les partis qui siègent à l’Assemblée nationale avaient déjà
donné leur accord. Avant même d’avoir pris le temps de lire le document, le
Parti ministériel pouvait déjà crier victoire et nous dire, ad nauseam, que sa loi scélérate allait
être adoptée telle quelle et manu
militari, sans débat, sans amendements et sans tenir compte des hauts le
cœur d’une partie importante de la population qui ne l’entend vraiment pas
ainsi.
Et
quand je parle d’une population dissidente, je parle d’une grande partie du
Québec et je fais évidemment référence aux propriétaires d’armes à feu, des
chasseurs et des tireurs sportifs en particulier, qui vivent en Gaspésie, en
Mauricie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord, en Abitibi et dans
l’extrême Nord. Car ce sont bien ces populations appauvries par ce système
dénaturé qui seront pénalisées et flouées par leur propre Parlement qui,
faut-il le déplorer, ne siège plus que pour répondre aux gérémiades du lobby
féministes (un mouvement extrémiste) et aux diktats de la grande ville, Montréal.
Ahurissant ! Où est la démocratie quand, dans un pays qui s’affiche comme
un modèle du genre à travers le monde, le bon peuple, celui des régions, se
retrouve sans voix contradictoire devant un Parlement qui n’écoute plus que
lui. La manoeuvre a de quoi inquiéter. Ici et désormais, l’émotion supplée à la
raison. De fait, en moins d’un mois, notre Parlement provincial a adopté trois
lois moralisatrices importantes sans difficulté aucune, et il en a présenté une
quatrième qui, de son propre aveu, ne souffrira d’aucun débat parce que les
partis politiques qui siègent à l’Assemblée nationale s’entendent comme larrons
en foire quand cela fait leur affaire et qu’ils se sont tous mis d’accord sur
la question du registre. Après la loi sur le suicide assisté (honteusement
maquillée en « loi pour mourir dans la
dignité » !) ; après la loi contre les fumeurs sur lesquels il est toujours
bon de fesser à grands coups d’interdits, de taxes et de contraintes ; après la
loi sur le statut juridique des animaux (moralement bonne celle-là et sans
conséquence pour nos libertés), nous voici soumis, sans modération aucune, aux
délires d’un gouvernement qui, en roi et maître, règne au nom de la vertu.
Ce
quatrième exemple de projet de loi 64, le plus inique du lot, en porte, encore
une fois, la marque honteuse ; en moins d’un mois, notre Parlement démontre
qu’il a perdu toute capacité de débattre. Contre le bon peuple réduit en sa plus
simple expression, il n’y a plus que des procureurs de la Couronne et aucun
avocat de la défense comme on serait en droit de l’exiger sur les banquettes de
l’opposition. Dans cette dérive du consensus parlementaire en proie de devenir
la nouvelle donne au Québec, qui nous protège ???
Au cas où on l’aurait oublié, aucune loi ne donne la liberté. Toutes,
sans exception, ont pour mission de la restreindre comme une peau de chagrin
sinon de l’entraver en tout ou en partie. Ne serait-ce que pour cette ultime
raison, celle d’une loi contraignante et critiquable imposée par un Parlement
moralisateur, impulsif et vertueux qui a perdu sa capacité de débattre comme
les citoyens sont en droit de l’exiger ; ne serait-ce que pour cette raison de
principe qui est au fondement même de notre démocratie parlementaire, ce projet
loi, ainsi soumis, mérite d’aller à la poubelle avant même d’avoir passé le
test de la première lecture.
Akakia