Le Monument Price et la politique culturelle de Saguenay
Sous la flèche, on aura remarqué l'état de la construction du Monument Price, vue du quai de Chicoutimi, au tournant de l'année 1881-1882
Le Monument Price et la politique culturelle de Saguenay
La semaine prochaine, entre les fêtes de la Saint-Jean-Baptiste et de la Confédération canadienne, le Saguenay–Lac-Saint-Jean accueillera dans ses murs les descendants de William Price, premier du nom, venus fêter en couleurs le bicentenaire de l’arrivée de leur ancêtre en sol canadien. Pour la circonstance, on a bien pris soin de dépoussiérer le dossier fumant de la restauration du monument familial, construit en 1882 sur le Rocher de la Vieille, l’épicentre de l’histoire de la ville de Chicoutimi. On se rappellera qu’à l’automne 2004, l’affaire avait réussi à réchauffer la mémoire citoyenne qui n’a toujours pas oublié le mauvais traitement subi par leurs ancêtres forestiers à la « belle époque » des Price !
En ce temps-là, rappelons-nous rapidement les faits, pour une raison et pour une autre, l’hôtel de ville de Saguenay nourrissait le projet de déplacer le monument jusqu’au rond-point Talbot–Jacques-Cartier. En matière de conservation du patrimoine historique l’idée n’était pas seulement mauvaise, elle était politiquement malhabile et socialement malsaine puisqu’elle permettait d’unir en une seule chaîne –toujours rouillée– les souffrances d’antan, perpétrées sous le joug des Price, et l’effondrement de l’industrie forestière mortellement aspirée dans la tourmente internationale.
Pour le conseiller Jacques Fortin qui, par le pouvoir de son élection, a hérité des responsabilités de la sauvegarde du patrimoine historique à Chicoutimi, si la ville de Saguenay a alors manqué le coche et n’a pas pu procéder au déplacement « du plus beau monument (Price) à placer là », c’est parce que « des personnes ont fait de la politique. » Voilà une sentence qui n’est pas pour me réconcilier avec cet élu, qui a été hissé à la tête de la Pulperie de Chicoutimi et qui est ainsi devenu le « superintendant » de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine municipal en perdition.
Ce double mandat met dans le même lit la politique et la culture. N’est-il pas, du reste, la réponse d’un conseil municipal abusivement centralisateur qui jouait mal ses inconforts avec le domaine culturel malade du génie de ses créateurs confronté à la faiblesse du politique ?
Culture et politique, comment peut-on imaginer dissocier l’une de l’autre dans un monde en mouvement ? Comment peut-on, en toute connaissance de cause et en toute honnêteté intellectuelle, soutenir l’idée saugrenue que la politique ne s’intéresse pas à la culture ? Foutaise !
L’érection du monument Price a été, à son époque, un geste éminemment politique. Peu importe les éloges qui y sont gravés à la douce mémoire de cette illustre famille, il n’empêche que ce monument a été érigé pour témoigner de la culture d’asservissement de tout un peuple à l’égard de la puissance anglaise conquérante. Aujourd’hui en ruines, ce symbole ravagé par le temps de haut en bas témoigne de l’état déplorable dans lequel patauge la culture à Saguenay. Une ville qui n’a même pas été foutue de garder son nom mythique, le plus bel héritage culturel que nous avait pourtant laissé l’Histoire ! Une ville qui n’a jamais pris soin de préserver son patrimoine historique bâti ! Une ville qui n’en finit plus d’agoniser sous le pic du démolisseur favorisé par l’absence d’une politique culturelle cohérente, une ville qui devrait être soucieuse de la préservation des témoins de son passé et à juste titre admirative de l’inépuisable génie de ses créateurs auxquels elle doit un lourd tribut…
Akakia
Le Monument Price et la politique culturelle de Saguenay
La semaine prochaine, entre les fêtes de la Saint-Jean-Baptiste et de la Confédération canadienne, le Saguenay–Lac-Saint-Jean accueillera dans ses murs les descendants de William Price, premier du nom, venus fêter en couleurs le bicentenaire de l’arrivée de leur ancêtre en sol canadien. Pour la circonstance, on a bien pris soin de dépoussiérer le dossier fumant de la restauration du monument familial, construit en 1882 sur le Rocher de la Vieille, l’épicentre de l’histoire de la ville de Chicoutimi. On se rappellera qu’à l’automne 2004, l’affaire avait réussi à réchauffer la mémoire citoyenne qui n’a toujours pas oublié le mauvais traitement subi par leurs ancêtres forestiers à la « belle époque » des Price !
En ce temps-là, rappelons-nous rapidement les faits, pour une raison et pour une autre, l’hôtel de ville de Saguenay nourrissait le projet de déplacer le monument jusqu’au rond-point Talbot–Jacques-Cartier. En matière de conservation du patrimoine historique l’idée n’était pas seulement mauvaise, elle était politiquement malhabile et socialement malsaine puisqu’elle permettait d’unir en une seule chaîne –toujours rouillée– les souffrances d’antan, perpétrées sous le joug des Price, et l’effondrement de l’industrie forestière mortellement aspirée dans la tourmente internationale.
Pour le conseiller Jacques Fortin qui, par le pouvoir de son élection, a hérité des responsabilités de la sauvegarde du patrimoine historique à Chicoutimi, si la ville de Saguenay a alors manqué le coche et n’a pas pu procéder au déplacement « du plus beau monument (Price) à placer là », c’est parce que « des personnes ont fait de la politique. » Voilà une sentence qui n’est pas pour me réconcilier avec cet élu, qui a été hissé à la tête de la Pulperie de Chicoutimi et qui est ainsi devenu le « superintendant » de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine municipal en perdition.
Ce double mandat met dans le même lit la politique et la culture. N’est-il pas, du reste, la réponse d’un conseil municipal abusivement centralisateur qui jouait mal ses inconforts avec le domaine culturel malade du génie de ses créateurs confronté à la faiblesse du politique ?
Culture et politique, comment peut-on imaginer dissocier l’une de l’autre dans un monde en mouvement ? Comment peut-on, en toute connaissance de cause et en toute honnêteté intellectuelle, soutenir l’idée saugrenue que la politique ne s’intéresse pas à la culture ? Foutaise !
L’érection du monument Price a été, à son époque, un geste éminemment politique. Peu importe les éloges qui y sont gravés à la douce mémoire de cette illustre famille, il n’empêche que ce monument a été érigé pour témoigner de la culture d’asservissement de tout un peuple à l’égard de la puissance anglaise conquérante. Aujourd’hui en ruines, ce symbole ravagé par le temps de haut en bas témoigne de l’état déplorable dans lequel patauge la culture à Saguenay. Une ville qui n’a même pas été foutue de garder son nom mythique, le plus bel héritage culturel que nous avait pourtant laissé l’Histoire ! Une ville qui n’a jamais pris soin de préserver son patrimoine historique bâti ! Une ville qui n’en finit plus d’agoniser sous le pic du démolisseur favorisé par l’absence d’une politique culturelle cohérente, une ville qui devrait être soucieuse de la préservation des témoins de son passé et à juste titre admirative de l’inépuisable génie de ses créateurs auxquels elle doit un lourd tribut…
Akakia