jeudi, novembre 03, 2016

Scandale d'espionnage des journalistes, la SQ et le ministère de la Sécurité publique au banc des accusés...



Les nombreuses fonctions qu'occupe au sein de l'appareil étatique, Martin Coiteux, ministre de la Sécurité publique du Québec, auraient de quoi nous préoccuper davantage dans cette scabreuse affaire d'espionnage journalistique par la SQ. L'affaire m'apparaît beaucoup plus grosse qu'il n'y paraît de prime abord, et déborde inévitablement sur les nombreuses atteintes à la vie privée dont sont victimes l'ensemble des citoyens. Il faut non seulement remettre en question la part délictueuse des corps de police au Québec, mais juger de la pertinence ou non de l'existence du ministère de la Sécurité publique au Québec.

Flanqué du ministre de la Sécurité, la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, vient d'annoncer que le gouvernement de Philippe Couillard, a finalement décidé d'instituer une commission d'enquête publique, avec tous les pouvoirs requis, « compte tenu de la gravité de ce qui a été révélé hier soir [l'espionnage de six journalistes par la Sûreté du Québec, NDLR] et de l'effet que peuvent avoir de telles révélations sur la confiance du public envers leurs institutions ».

En ce qui me concerne, la source principale du problème, celle qu'aucun journaliste ne prend le temps d'interroger et là où l'enquête devrait pourtant commencer, c'est le ministère de la Sécurité publique du Québec, cette institution gouvernemental équivoque qui donne, à la S.Q. et à tous les autres corps policiers de la Belle Province, une entrée directe au Parlement, là où la police devrait pourtant être totalement tenue à l'écart dans le cadre d'une saine démocratie. D'ailleurs, ce n'est pas d'aujourd'hui que ce ministère de république de bananes est entaché d'irrégularités, et le fait que le P.Q. vient de dégommer Stéphane Bergeron (ancien ministre de la Sécurité publique sous Marois) en tant que porte-parole de la sécurité publique, n'a rien pour arranger la mauvaise perception que j'ai de ce ministère dirigé par des anciens chefs de police devenus députés et ministres, des amis des chefs de police et des anciens militaires.

De fait, quoi penser d’un ministère de la Sécurité publique qui voit son ancien ministre (M. Jacques Dupuis) devenir le conseiller juridique de la Fédération syndicale des policiers municipaux du Québec (FPMQ) et quitter précipitamment ses fonctions pour ne pas porter « préjudice » à sa conjointe travaillant dans le bureau de son successeur, M. Pierre Moreau (justement l’ancien chef de cabinet de M. Dupuis ), celui-là même qui, le 3 décembre 2015, a déposé le projet de loi sur « l’immatriculation » des armes à feu d’épaule ? N’est-ce pas d’ailleurs M. Dupuis, quand il occupait le premier fauteuil au ministère de la Sécurité publique qui a été pris la main dans le sac après l’intervention auprès de la Sûreté du Québec pour procurer un permis de port d’armes à feu à autorisation restreinte à son ami Luigi Coretti, un très proche du Parti libéral du Québec et un ami du ministre déchu, Tony Tomassi ! Quant à la nomination toute récente (le 28 janvier 2016) de M. Martin Coiteux à la tête du ministère de la Sécurité publique du Québec en remplacement de son collègue Moreau, on ne s’étonnera pas plus de savoir que le député de Nelligan (ouest de Montréal) cumule également les hautes fonctions de ministre des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire et de ministre responsable de la région de Montréal, et qu’il est membre du Comité ministériel du développement social, éducatif et culturel, confirmant ainsi le choc culturel et la totale mainmise de Montréal sur le reste du Québec. Et cette copulation entre le gouvernement du Québec et sa police ne semble pas vouloir s'arrêter de sitôt puisque l'actuel directeur de la S.Q., Martin Prud'homme, a reçu cette ultime responsabilité après avoir occupé la fonction de sous-ministre du ministère de la Sécurité publique.

Comme on disait si bien dans les campagnes reculées de par chez nous pour illustrer les contacts incestueux entre les ministres de la Sécurité publique qui se sont succédé depuis le tournant du millénaire, les associations de policiers et leurs amis, ici, le frère couche avec la sœur, la mère avec le fils et le père avec la fille ! Dans ce contexte où les plus hauts gradés de la police copulent, dans le sérail des influences indues, avec les représentants de la Fraternité et le Ministère dont ils sont sensés être redevables par devant le public, qui pourra me reprocher d’avoir perdu toute confiance envers cette institution nationale et de douter de la pureté des intentions de ces fonctionnaires de l’État sur toutes les questions concernant la sécurité nationale, le maintien des libertés civiles et la non-ingérence de la police dans les rouages législatifs et parlementaires ? Qui ?

Akakia