Le Québec malade de lui-même – Un « Conte du Bas-du-Fleuve » !
La question qui tue !
Le débat des accommodements raisonnables, qui a exulté avec l'affaire d'Hérouxville, l'hiver dernier, a ouvert une brèche inédite dans le dernier chapitre de l'histoire du Québec qui n'a de cesse de régresser. Minée de l'intérieur par les démons de la xénophobie contre lesquels elle se croyait exorcisée jusqu'au jugement dernier, la société québécoise est devenue méconnaissable avec le tournant du millénaire. Elle donne aujourd'hui l'impression d'une société morcelée, « dressée contre elle-même », en proie à des convulsions ethniques tout à fait inédites, cassée en deux si ce n'est en trois sur les plans de l'occupation du territoire et du sentiment d'appartenance à une identité nationale : entendons le Nord, le Centre et le Sud ; respectivement occupés par les Autochtones (Indiens, Métis et Inuits), les Canadiens français et les néo-québécois.
Les Québécois sont ils à ce point déchirés ?! La question qui tue vient justement d'être posée par le journal Le Devoir aux lendemains de la fête nationale, à dix « personnalités venues des différents coins du Québec ». Pour Victor-Lévy Beaulieu, le premier intello du lot appelé à donner le coup de pied dans le tombereau de fumier fumant de la fameuse nation civique, le problème est fondamental et est imputable, au premier chef, à nos élites municipales qui sont « prêtes à tout pour de l'argent vite fait ». C'est écrit en toutes lettres dans Le Devoir du 26 juin dernier.
Son coin de pays à lui, nommons la région de Trois-Pistoles et le collier de municipalités qui l'encercle, se meurt, déplore-t-il tout-à-trac, de la médiocrité de ses élus, du vieillissement de sa population, de ses... « femmes battues » (c'est encore écrit en toutes lettres !), des familles qui se passent les chèques d'assistance sociale de père en fils depuis au moins trois générations, et de son effondrement démographique qui lui aurait coûté semble-t-il la moitié de ses habitants depuis le dernier demi-siècle.
La panacée
Pour l'auteur de Jos Connaissant qui, par une totale méconnaissance des ressorts fondamentaux déterminant la manière d'évoluer des sociétés (nommons au premier chef le principe de... « l'égalité des chances » qui aurait fait des régions ressources (sic) des partenaires de Montréal plutôt que des colonies) ; pour V.-L. B. donc, il n'y a qu' « une seule solution » pour tirer le Québec de sa descente aux enfers : « l'immigration » ! L'immigration accompagnée d'une assimilation forcée de ce qui reste de Québécois pure laine, par le métissage. Pour rendre nos infrastructures régionales viables, explique-il le plus sérieusement du monde, il ne suffirait donc que d'un « apport massif d'immigrants » ; ce qui « forcerait les autorités locales à sortir de leur xénophobie, à s'ouvrir sur un monde, ne serait-ce que celui de Montréal, qu'ils ne connaissent pas et dont ils ont peur ».
Autrement dit : montréaliser l'ensemble de la société québécoise, du nord au sud en passant par le centre, à défaut de pouvoir faire le contraire. Pour être plus précis au cas où vous n'auriez pas bien saisi l'astuce, il suffirait à la seule Gaspésie d'un flux de 5000 immigrants triés sur le volet, exclusivement des « jeunes », « déterminés » et accrochés à un chèque de « 30 millions de dollars sur cinq ans, [de manière à] pouvoir relancer l'agriculture, l'agroalimentaire, la forêt, l'agroforesterie et le tourisme ». Rien que ça ! C'est tellement simple, tellement « radical » pour reprendre le terme exacte du prolifique auteur, qu'on se demande pourquoi les gouvernements provincial et fédéral qui se sont succédés depuis le début des années 1970 et qui ont programmé de toute leur incompétence le fameux « modèle québécois », n'y ont pas pensé ?
Voilà qui devrait faire plaisir au maire Tremblay (celui de Montréal), à Pierre Falardeau, au président de la SSJB section Ludger-Duvernay et à bien d'autres encore qui n'en demandaient pas tant, pour tonifier Montréal, la métropole effondrée, et guérir de la maladie de la mort lente une nation malade d'elle-même, pour ne pas dire malade à en crever de sa métropole et de ces faiseux de pays qui ont laissé la proie pour l'ombre en reniant l'existence même des Canadiens français afin de conquérir le coeur des derniers arrivants. Il y a, dans cette rocambolesque saga, de quoi inspirer le prochain one man show d'Yvon Deschamps, dans sa formidable suite de « Conte du Bas-du-Fleuve ».
L'assimilation volontaire des Canadiens français
À maladie de cheval remède de cheval ! Mais ce que ne dit pas le vétérinaire qui nous propose cette panacée pour remettre sur pied le Québec profond à partir de son Bas-du-Fleuve natal, c'est de quel chapeau il entend faire sortir ces 5000 nouveaux habitants (quand on sait si bien que Montréal a toutes les peines du monde à attirer sinon retenir son apport migratoire qui est loin de souffrir la comparaison avec le reste du Canada) ? C'est comment il entend instruire tous ces gens venus d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Sud et des Europes, aux particularités incontournables de l'agriculture boréale et laurentienne, de l'agroalimentaire, de la forêt, et de l'agroforesterie qui se pratiquent dans le plat pays ?
Il lui faudrait nous dire également, comment il entend sortir les aborigènes de Trois-Pistoles et des environs de leur dépendance chronique aux prestations d'aide sociale ? Comment il entend étendre ce formidable modèle au Nunavik, à l'Abitibi, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et à la Côte-Nord qui souffrent, il faut bien le dire également, du même syndrome de l'effondrement du fameux modèle québécois ? Et il devra nous expliquer comment il entend faire accepter cette formule d'assimilation volontaire en faveur de l'arrivant, par les autochtones des régions ressources —Indiens, Métis, Inuits et Canadiens français— qui, contrairement à ceux qui pensent comme lui, sont loin d'avoir jeté la serviette...
À défaut de reforger les ressorts mal trempés et mal recuits qui ont provoqué l'éclatement du pendule fleurdelisé, vidons donc simplement le boîtier et remplaçons-le par une carte à puces imprimée à l'étranger de manière à ce qu'ils s'y retrouvent bien chez soi.
Du principe de l'inégalité des chances comme modèle
Auteur de « La désintégration des régions du Québec » publié en 1991 aux Éditions JCL, le sociologue Charles Côté a pourtant tenté, jusqu'à l'épuisement de ses forces, à attacher le grelot de la désintégration des régions. Peine perdue. Le Québec a toujours cette formidable faculté de se conter des histoire à dormir debout et de regarder les yeux à l'envers l'étroit sentier qui mène à sa destinée. Dans les conclusion d'un modeste « Mémoire [présenté le 10 juillet 1986] à la Commission d'Étude sur l'avenir des municipalités » du Québec, Côté avait du reste établi, données officielles à l'appui, que le sous-développement économique des « régions ressources » —au profit de Montréal— mettait la table à leur sous-développement social, à leur appauvrissement, à un accroissement de la morbidité, à un déclin des naissances doublé d'un exode massif de leur jeunesse au profit de Montréal. Si rien n'était fait prestement pour corriger la trajectoire, le Québec était en train de s'engager, l'accélérateur au plancher, dans le dernier droit le menant aux abîmes de son histoire. Je le répète : nous étions alors en... 1986.
Pour ce chercheur, qui commençait à battre la mesure dans la double foulée du « Mémoire du Conseil des affaires sociales et de la famille présenté devant la Commission d'étude sur les municipalités » (10 juin 1986) et du « Rapport de la commission d'étude sur les municipalités » présidé par Jacques Parizeau en personne (automne 1986) ; rien ne pouvait être plus clairement établi. La suite de cette incroyable histoire de désintégration nationale concoctée en 1970 dans la plus totale des complicités entre les élites, les élus et les parlements, était toute écrite. Lisons plutôt :
« N'est-il pas étonnant d'apprendre, par exemple, que les mauvais résultats en mathématiques et en français, qu'un nombre anormalement élevé d'arrestations pour facultés affaiblies, que les logements insalubres, que le nombre d'adultes condamnés, qu'une plus faible espérance de vie à la naissance, qu'une plus grande proportion des prises en charge pour délinquance et protection sociale, qu'un plus faible niveau de scolarité, qu'un revenu qui se situe sous le seuil de la pauvreté, etc. se trouvent toujours concentrés dans les mêmes territoires. » (Cf., Mémoire du Conseil des Affaires sociales..., op. cit., p. 4)
Tant qu'à mourir bêtement, mourons lâchement !
Trente ans plus tard, les jeux sont faits. Le Québec a fini par se consumer lui-même, de lui-même et par lui-même. Félicitons-le ! Totale réussite ! Pour en arriver à ce formidable résultat, il n'a pas eu besoin de son ennemi séculaire, l'anglo-saxon. Il n'avait, comme il l'a fait si bien du reste, qu'à remettre sa destinée aux mains des clercs qui ne se sont pas privés pour entasser Pélion sur Ossa ! À cet égard, la solution que nous offre ces jours-ci Victor-Lévy Beaulieu n'a donc rien d'une trouvaille. Elle n'est que la suite d'un lancinant parcours, qu'un rappel de l'ordre du jour d'un sordide programme politique visant à vider le Québec des « régions ressources » pour permettre à Montréal de sauver sa peau en s'emparant des lambeaux des régions qu'elle a vampirisées. De toute beauté !
S'il y a une victoire dont le Québec peut se vanter aujourd'hui, c'est bien celle d'avoir réussi, en trente ans seulement, à s'auto-mutiler avec une telle efficacité qu'il a même été en mesure de buriner sa propre épitaphe : « Requiescat in pace. » (opere citato V.-L. B.). Non seulement les Québécois n'ont-ils pas déjà payé le gros prix de ce cuisant échec collectif, voilà que, par la plume d'une classe d'intellos en bobettes, d'écrivains satisfaits d'eux-mêmes et de récipiendaires de la République des Médaillés à qui le présent gouvernement Charest vient de confier au reste la lourde responsabilité de trouver une solution à la crise d'Hérouxville (une crise dont ils ne sont pas étrangers !) ; non seulement n'ont-ils pas payé suffisamment cher pour des politiques suicidaires, voilà que le Québec des régions, par l'une de ses plumes les plus vibrantes, la plume la plus « prolifique du Québec » cela est aussi vrai, en redemande encore et encore, s'offrant même à troquer les trois derniers joyaux du patrimoine ancestral : sa mémoire ; son identité ; sa dignité.
Tant qu'à mourir bêtement, pourquoi pas en profiter pour mourir lâchement ? Deux morts pour le prix d'une. De cette manière, les Québécois seront sûrs et certains de ne pas en avoir manqué une !...
Triste fin !
Akakia
Le débat des accommodements raisonnables, qui a exulté avec l'affaire d'Hérouxville, l'hiver dernier, a ouvert une brèche inédite dans le dernier chapitre de l'histoire du Québec qui n'a de cesse de régresser. Minée de l'intérieur par les démons de la xénophobie contre lesquels elle se croyait exorcisée jusqu'au jugement dernier, la société québécoise est devenue méconnaissable avec le tournant du millénaire. Elle donne aujourd'hui l'impression d'une société morcelée, « dressée contre elle-même », en proie à des convulsions ethniques tout à fait inédites, cassée en deux si ce n'est en trois sur les plans de l'occupation du territoire et du sentiment d'appartenance à une identité nationale : entendons le Nord, le Centre et le Sud ; respectivement occupés par les Autochtones (Indiens, Métis et Inuits), les Canadiens français et les néo-québécois.
Les Québécois sont ils à ce point déchirés ?! La question qui tue vient justement d'être posée par le journal Le Devoir aux lendemains de la fête nationale, à dix « personnalités venues des différents coins du Québec ». Pour Victor-Lévy Beaulieu, le premier intello du lot appelé à donner le coup de pied dans le tombereau de fumier fumant de la fameuse nation civique, le problème est fondamental et est imputable, au premier chef, à nos élites municipales qui sont « prêtes à tout pour de l'argent vite fait ». C'est écrit en toutes lettres dans Le Devoir du 26 juin dernier.
Son coin de pays à lui, nommons la région de Trois-Pistoles et le collier de municipalités qui l'encercle, se meurt, déplore-t-il tout-à-trac, de la médiocrité de ses élus, du vieillissement de sa population, de ses... « femmes battues » (c'est encore écrit en toutes lettres !), des familles qui se passent les chèques d'assistance sociale de père en fils depuis au moins trois générations, et de son effondrement démographique qui lui aurait coûté semble-t-il la moitié de ses habitants depuis le dernier demi-siècle.
La panacée
Pour l'auteur de Jos Connaissant qui, par une totale méconnaissance des ressorts fondamentaux déterminant la manière d'évoluer des sociétés (nommons au premier chef le principe de... « l'égalité des chances » qui aurait fait des régions ressources (sic) des partenaires de Montréal plutôt que des colonies) ; pour V.-L. B. donc, il n'y a qu' « une seule solution » pour tirer le Québec de sa descente aux enfers : « l'immigration » ! L'immigration accompagnée d'une assimilation forcée de ce qui reste de Québécois pure laine, par le métissage. Pour rendre nos infrastructures régionales viables, explique-il le plus sérieusement du monde, il ne suffirait donc que d'un « apport massif d'immigrants » ; ce qui « forcerait les autorités locales à sortir de leur xénophobie, à s'ouvrir sur un monde, ne serait-ce que celui de Montréal, qu'ils ne connaissent pas et dont ils ont peur ».
Autrement dit : montréaliser l'ensemble de la société québécoise, du nord au sud en passant par le centre, à défaut de pouvoir faire le contraire. Pour être plus précis au cas où vous n'auriez pas bien saisi l'astuce, il suffirait à la seule Gaspésie d'un flux de 5000 immigrants triés sur le volet, exclusivement des « jeunes », « déterminés » et accrochés à un chèque de « 30 millions de dollars sur cinq ans, [de manière à] pouvoir relancer l'agriculture, l'agroalimentaire, la forêt, l'agroforesterie et le tourisme ». Rien que ça ! C'est tellement simple, tellement « radical » pour reprendre le terme exacte du prolifique auteur, qu'on se demande pourquoi les gouvernements provincial et fédéral qui se sont succédés depuis le début des années 1970 et qui ont programmé de toute leur incompétence le fameux « modèle québécois », n'y ont pas pensé ?
Voilà qui devrait faire plaisir au maire Tremblay (celui de Montréal), à Pierre Falardeau, au président de la SSJB section Ludger-Duvernay et à bien d'autres encore qui n'en demandaient pas tant, pour tonifier Montréal, la métropole effondrée, et guérir de la maladie de la mort lente une nation malade d'elle-même, pour ne pas dire malade à en crever de sa métropole et de ces faiseux de pays qui ont laissé la proie pour l'ombre en reniant l'existence même des Canadiens français afin de conquérir le coeur des derniers arrivants. Il y a, dans cette rocambolesque saga, de quoi inspirer le prochain one man show d'Yvon Deschamps, dans sa formidable suite de « Conte du Bas-du-Fleuve ».
L'assimilation volontaire des Canadiens français
À maladie de cheval remède de cheval ! Mais ce que ne dit pas le vétérinaire qui nous propose cette panacée pour remettre sur pied le Québec profond à partir de son Bas-du-Fleuve natal, c'est de quel chapeau il entend faire sortir ces 5000 nouveaux habitants (quand on sait si bien que Montréal a toutes les peines du monde à attirer sinon retenir son apport migratoire qui est loin de souffrir la comparaison avec le reste du Canada) ? C'est comment il entend instruire tous ces gens venus d'Afrique, d'Asie, d'Amérique du Sud et des Europes, aux particularités incontournables de l'agriculture boréale et laurentienne, de l'agroalimentaire, de la forêt, et de l'agroforesterie qui se pratiquent dans le plat pays ?
Il lui faudrait nous dire également, comment il entend sortir les aborigènes de Trois-Pistoles et des environs de leur dépendance chronique aux prestations d'aide sociale ? Comment il entend étendre ce formidable modèle au Nunavik, à l'Abitibi, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et à la Côte-Nord qui souffrent, il faut bien le dire également, du même syndrome de l'effondrement du fameux modèle québécois ? Et il devra nous expliquer comment il entend faire accepter cette formule d'assimilation volontaire en faveur de l'arrivant, par les autochtones des régions ressources —Indiens, Métis, Inuits et Canadiens français— qui, contrairement à ceux qui pensent comme lui, sont loin d'avoir jeté la serviette...
À défaut de reforger les ressorts mal trempés et mal recuits qui ont provoqué l'éclatement du pendule fleurdelisé, vidons donc simplement le boîtier et remplaçons-le par une carte à puces imprimée à l'étranger de manière à ce qu'ils s'y retrouvent bien chez soi.
Du principe de l'inégalité des chances comme modèle
Auteur de « La désintégration des régions du Québec » publié en 1991 aux Éditions JCL, le sociologue Charles Côté a pourtant tenté, jusqu'à l'épuisement de ses forces, à attacher le grelot de la désintégration des régions. Peine perdue. Le Québec a toujours cette formidable faculté de se conter des histoire à dormir debout et de regarder les yeux à l'envers l'étroit sentier qui mène à sa destinée. Dans les conclusion d'un modeste « Mémoire [présenté le 10 juillet 1986] à la Commission d'Étude sur l'avenir des municipalités » du Québec, Côté avait du reste établi, données officielles à l'appui, que le sous-développement économique des « régions ressources » —au profit de Montréal— mettait la table à leur sous-développement social, à leur appauvrissement, à un accroissement de la morbidité, à un déclin des naissances doublé d'un exode massif de leur jeunesse au profit de Montréal. Si rien n'était fait prestement pour corriger la trajectoire, le Québec était en train de s'engager, l'accélérateur au plancher, dans le dernier droit le menant aux abîmes de son histoire. Je le répète : nous étions alors en... 1986.
Pour ce chercheur, qui commençait à battre la mesure dans la double foulée du « Mémoire du Conseil des affaires sociales et de la famille présenté devant la Commission d'étude sur les municipalités » (10 juin 1986) et du « Rapport de la commission d'étude sur les municipalités » présidé par Jacques Parizeau en personne (automne 1986) ; rien ne pouvait être plus clairement établi. La suite de cette incroyable histoire de désintégration nationale concoctée en 1970 dans la plus totale des complicités entre les élites, les élus et les parlements, était toute écrite. Lisons plutôt :
« N'est-il pas étonnant d'apprendre, par exemple, que les mauvais résultats en mathématiques et en français, qu'un nombre anormalement élevé d'arrestations pour facultés affaiblies, que les logements insalubres, que le nombre d'adultes condamnés, qu'une plus faible espérance de vie à la naissance, qu'une plus grande proportion des prises en charge pour délinquance et protection sociale, qu'un plus faible niveau de scolarité, qu'un revenu qui se situe sous le seuil de la pauvreté, etc. se trouvent toujours concentrés dans les mêmes territoires. » (Cf., Mémoire du Conseil des Affaires sociales..., op. cit., p. 4)
Tant qu'à mourir bêtement, mourons lâchement !
Trente ans plus tard, les jeux sont faits. Le Québec a fini par se consumer lui-même, de lui-même et par lui-même. Félicitons-le ! Totale réussite ! Pour en arriver à ce formidable résultat, il n'a pas eu besoin de son ennemi séculaire, l'anglo-saxon. Il n'avait, comme il l'a fait si bien du reste, qu'à remettre sa destinée aux mains des clercs qui ne se sont pas privés pour entasser Pélion sur Ossa ! À cet égard, la solution que nous offre ces jours-ci Victor-Lévy Beaulieu n'a donc rien d'une trouvaille. Elle n'est que la suite d'un lancinant parcours, qu'un rappel de l'ordre du jour d'un sordide programme politique visant à vider le Québec des « régions ressources » pour permettre à Montréal de sauver sa peau en s'emparant des lambeaux des régions qu'elle a vampirisées. De toute beauté !
S'il y a une victoire dont le Québec peut se vanter aujourd'hui, c'est bien celle d'avoir réussi, en trente ans seulement, à s'auto-mutiler avec une telle efficacité qu'il a même été en mesure de buriner sa propre épitaphe : « Requiescat in pace. » (opere citato V.-L. B.). Non seulement les Québécois n'ont-ils pas déjà payé le gros prix de ce cuisant échec collectif, voilà que, par la plume d'une classe d'intellos en bobettes, d'écrivains satisfaits d'eux-mêmes et de récipiendaires de la République des Médaillés à qui le présent gouvernement Charest vient de confier au reste la lourde responsabilité de trouver une solution à la crise d'Hérouxville (une crise dont ils ne sont pas étrangers !) ; non seulement n'ont-ils pas payé suffisamment cher pour des politiques suicidaires, voilà que le Québec des régions, par l'une de ses plumes les plus vibrantes, la plume la plus « prolifique du Québec » cela est aussi vrai, en redemande encore et encore, s'offrant même à troquer les trois derniers joyaux du patrimoine ancestral : sa mémoire ; son identité ; sa dignité.
Tant qu'à mourir bêtement, pourquoi pas en profiter pour mourir lâchement ? Deux morts pour le prix d'une. De cette manière, les Québécois seront sûrs et certains de ne pas en avoir manqué une !...
Triste fin !
Akakia