mardi, novembre 29, 2016

Castro, Cuba et la « dictature éclairée » de Gilles Proulx !

Une école de Cuba. Essayez de faire ça à Chicoutimi, à 35 degrés sous zéro, avec quatre panneaux solaires placés sur le toit !





Selon Gilles Proulx, qui n’en finit plus de voler au secours de son ami Fidel et de branler l’encensoir sur son règne incontesté, « au lieu d’un régime totalitaire, Castro a opté pour la dictature éclairée avec un excellent système de santé, des médecins à foison et l’éducation gratuite de la pouponnière à l’université. Voilà un homme que le pouvoir absolu n’a pas corrompu absolument... et c’est tout à son honneur. »  

Ah bon ! Le droit à l’éducation et à de bons soins de santé ne sont-ils pas des valeurs universelles inscrites dans la longue liste des Droits de l’Homme ? Pourquoi faudrait-il passer par la dictature si « éclairée » soit-elle pour y arriver ? Il y a là, dans ce sophysme mille fois répété par les adorateurs de Fidel et ses branleurs d’encensoirs, un raccourci idéologique qui heurte le bon sens et qui ne tient pas la route quand on pose la question dans son ensemble et au-delà du superficiel. D’ailleurs, tous les thuriféraires du régime castriste agonisant, confondent, plus ou moins en connaissance de cause, les « soins de santé » (qui réfèrent aux individus et à leurs besoins ponctuels), et la « Santé publique » qui, comme son nom l’indique, réfère à la société dans son ensemble, aux choix politiques d’un pays et aux programmes proposés et soutenus par l’État afin de permettre à chacun de ses citoyens de vivre plus heureux, plus longtemps et en meilleure santé.

La différence est majeure, et son appréciation dépend non pas de la médecine mais bien de l’analyse sociologique qui a développé la capacité de l’évaluer à partir de la courbe du taux de suicides, témoins de la santé et du bonheur d’une société, un référent scientifiquement et universellement reconnu qui nous permet de suivre à la trace son évolution, sa stagnation… ou son recul !

À titre d’exemple, chiffres de l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS), le taux de suicides à Cuba a atteint 18,1 par 100,000 habitants dans la période 2000-2005 qui est la dernière dont nous possédons le relevé. Ce qui met ce pays loin de la seconde position occupée par l’Uruguay (avec 15,9) et bien au-dessus du Pérou (2,3) et du Guatémala (1,9). Ces chiffres vérifiables confirment donc une tendance lourde et préoccupante qui s’amplifie avec le temps : c’est-à-dire que les Cubains se suicident de plus en plus chaque année et que ce phénomène de société touche plus particulièrement le groupe des 24-45 ans. Pour relativiser ces chiffres, notons qu’en 1957, soit deux ans avant que l’Île passe sous le contrôle de Fidel, ce taux de suicides était de… 13,1 par 100,000 habitants.

Et si vous voulez savoir de quoi est redevable cette épidémie de suicides, allez lire Durkheim et tous les autres qui ont étudié la question et ont compris que ces morts volontaires relèvent d’un phénomène social à part entière qui s’explique plus précisément par des déterminants sociaux qui « varient en raison inverse du degré d’intégration de la société religieuse, domestique, politique » (Durkheim). Entendons notamment par là, en raison des politiques sociales inadéquates sinon destructives, de la pauvreté, du désespoir, et des pertes des valeurs morales. Et vu que nous ne pouvons comprendre ces phénomènes qu’en comparant, sachons encore qu’au Canada, le pays si détesté de Proulx, Lauzon et tous ces autres qui rêvent à voix haute de la cubanisation du Québec, sachez que le taux de suicides n’a cessé de baisser depuis le début du millénaire et qu’il se situe aujourd’hui à 11,6 habitants par 100,000 habitants ; ce qui le place presque au niveau du taux mondial qui est de 11,4 par 100,000 habitants (chiffres de l’OMS).

Akakia

5 Comments:

Blogger Unknown
dit :

Derniers chiffres de l'OMS relatifs au taux de suicide par an en 2012: Cuba = 11,4 pour 100 000 habitants (56e rang). Le Québec n'étant pas un pays n'y parait pas, mais avec 13,3 par 100 000 il arrive au 39e rang (2013). Je ne prends pas partie, mais ces chiffres défont votre argumentation au 4e paragraphe. Source: Wikipédia (désolé en anglais, car version française pas à jour). https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_suicide_rate

8:09 p.m.  
Blogger Russel-A. Bouchard
dit :

Pour les chiffres de l'OMS vous avez parfaitement raison. Mais je vous ai donné, pour Cuba, les chiffres de l'OPS (Organisation Panaméricaine de la Santé. Lisez mieux mon texte !

8:51 p.m.  
Blogger Unknown
dit :

J'ai au contraire bien lu votre texte. Mais pourquoi prendre les chiffres de l'OPS pour la période 2000-2005 qui n'est manifestement pas la dernière qui existe, puisque l'OMS a publié (voir à nouveau le lien ci-après) les chiffres de tous les pays pour 2012? Mieux vaut comparer des pommes avec des pommes.
Liste des pays par taux de suicide

8:51 p.m.  
Blogger Russel-A. Bouchard
dit :

Tout simplement parce que les chiffres fournis par Cuba pour l'OMC ne sont pas crédibles, parce qu'ils ne sont pas documentés et parce qu'ils ne sont pas justifiés dans le contexte d'une courbe à long terme. En revanche, ceux de Statististique Canada coïncident avec ceux de l'OMS et tiennent la route sur un temps long. J'ai suffisamment travaillé la question du suicide pour savoir quand on ment !!!

Quand ces chiffres deviennent trop dérangeants (exemple quand ils témoignent de la faillite des politiques sociales d'un Etat), il suffit de changer la loi qui détermine les critères pour déclarer ce qui est un suicide et ce qui ne l'est plus, et le tour est jouée (ce qui est du reste le cas du Québec depuis le début du millénaire). Dans une dictature comme Cuba, la question de ce genre de tricherie ne se pose même pas. En revanche, les chiffres de l'OPS sont documentés...

Passez une bonne nuit.

9:56 p.m.  
Blogger Russel-A. Bouchard
dit :

Pardonnez ma faute d'inattention : il faut l'ire évidemment OMS et non pas OMC...

9:58 p.m.  

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