La prophétie de Calchas
Calchas (droite) conduisant Iphigénie au sacrifice, fresque sur plâtre de Pompéi, après 62 ap. J.-C., Musée archéologique national de Naples. »
Le président de la SSJB en appelle au Conseil de presse
Le président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Jean Dorion, annonce qu'il a adressé une plainte officielle au Conseil de presse du Québec dans laquelle il blâme la présentation du rapport Bouchard & Taylor faite par le quotidien The Gazette, cinq jours avant sa publication. Selon M. Dorion, le journal a privé le public du droit de recevoir une information juste et de qualité en plus de provoquer des réactions hâtives dans la population. Par son geste, M. Dorion exauce un voeu des deux commissaires B & T qui jugent que « dans la crise des accommodements, certains membres des médias se sont jugés beaucoup plus sévèrement que ne l’a fait le Conseil de presse, très indulgent en l’occurrence, [et qui réclament à cet organisme de] s’en justifier auprès du public et fournir l’assurance d’un regard plus critique dans l’avenir. » (Rapport B. & T. : 250)
Je ne prendrai pas la défense du Conseil de presse du Québec auquel je me suis personnellement frotté —pour perdre évidemment !— il y a de cela environ huit ans. Je vais m'en prendre uniquement à la position de M. Dorion, celui sur qui repose pourtant tout le principe de la lutte des Canadiens français via la plus ancienne institution chargée de les diriger vers la Terre Promise. Dans sa plaidoirie... évidemment médiatisée, M. Dorion, au nom de la SSJB (en a-t-il reçu mandat ?), réfute l'idée véhiculée à la une de The Gazette qui laissait croire que la principale cause de la crise des accommodements était le manque d'ouverture d'esprit des Canadiens français : « manifestement, écrit le président, la façon dont la Gazette l'a présenté (le rapport) était trompeuse et donnait l'impression que la commission estimait que ceux qu'on appelle les Canadiens français étaient les seuls responsables ou les principaux responsables de la crise que le Québec vient de vivre et donnait aussi l'impression que la recette, c'est qu'ils apprennent l'anglais ».
Je crois que M. Dorion a passé un peu vite sa lecture et qu'il n 'a pas bien lu le chapitre IX du rapport « La diversité ethnoculturelle et les inquiétudes identitaires » (pp. 183-198), notamment la partie « A » qui est consacré à la « crispation identitaire ou les racines de la crise ».
« De Canadiens français à francophones québécois »
Si M. Dorion, qui est un type très élégant, qui a vécu plusieurs années au Japon et qui parle un français absolument impeccable, avait bien lu, comme moi, les principaux livres et les ouvrages du professeur-chercheur Bouchard dans lesquels il annonce la venue du « peuple franco-québécois ». Il aurait compris que le choix du terme « RACINES » est tout ce qu'il y a de plus songé dans la perspective du Rapport. M. Dorion devrait relire le syllabus du cours de la « Nation civique 101 », dont le programme a été mis en place par le professeur Gérard Bouchard aux lendemains de la défaite référendaire de 1995. Un programme qui demandait alors de ne pas « s'inquiéter de ce que le glissement proposé, de « Canadiens français » à « francophones québécois », étende l'identité des premiers en l'insérant dans un ensemble culturel... » (G.B. VLB, 1999 : 69). S'il avait lu ce qui est gravé dans ces écrits, s'il plaçait ce petit tout dans le contexte du Québec du début du millinéaire, il comprendrait à quel point les Canadiens français sont la brebis galeuse dans l'esprit du rapport, et à quel point le premier ministre Jean Charest a été mal inspiré de confier ce mandat à un auteur qui a sauté sur ce cheval pour faire avancer son idée de la nation civique et l'orientation qu'il entend donner au processus historique des Canadiens français qui, comme un troupeau de bisons des temps héroïques, sont bêtement conduits vers les abîmes.
Dans tout ce chapitre, le terme... « RACINES », qui est placé en lettres majuscules, ne conduit qu'à un peuple : les Canadiens français, une tribu de reculés (sic), ces estropiés de l'Histoire qui n'en finissent plus de mourir sous les coups de sabots de leurs clercs et de leurs guides, un peuple bonasse à qui on demande de s'adapter à l'Histoire (sic) et non pas le contraire comme cela s'est toujours fait chez les peuples en quête de leur avenir et de leur liberté.
La prophétie de Calchas
Cela était annoncé depuis les dernières heures de la Nouvelle France par des officiers militaires de haut rang qui avaient compris déjà leur inévitable drame. Revoyez le film des derniers jours : le Rapport B & T nous a été livré par ses deux auteurs comme s'il eut été d'un oracle, un oracle déjà annoncé par Bougainville en 1758. Un oracle plus sûr que celui de Calchas, un devin célèbre. Cela se passait au XVIIe siècle avant Jésus-Christ. Il y avait un peuple crédule et assiégé guidé par des devins, et des assiégeants qui savaient comment y faire pour profiter d'une telle opportunité. Et puis il y eut un gros cheval de bois dans le ventre duquel on mit plein de soldats et qui fut donné en cadeau à la ville assiégée que l'histoire retiendra comme étant celle de Troie. Nous savons tous la suite. Calchas mourut de dépit après avoir perdu dans une joute de prophéties. Malgré qu'il la perdit, le peuple vaincu et crédule lui érigea un temple en Apulie, où les dévots recevaient ses oracles pendant leur sommeil...
Akakia
Le président de la SSJB en appelle au Conseil de presse
Le président général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, Jean Dorion, annonce qu'il a adressé une plainte officielle au Conseil de presse du Québec dans laquelle il blâme la présentation du rapport Bouchard & Taylor faite par le quotidien The Gazette, cinq jours avant sa publication. Selon M. Dorion, le journal a privé le public du droit de recevoir une information juste et de qualité en plus de provoquer des réactions hâtives dans la population. Par son geste, M. Dorion exauce un voeu des deux commissaires B & T qui jugent que « dans la crise des accommodements, certains membres des médias se sont jugés beaucoup plus sévèrement que ne l’a fait le Conseil de presse, très indulgent en l’occurrence, [et qui réclament à cet organisme de] s’en justifier auprès du public et fournir l’assurance d’un regard plus critique dans l’avenir. » (Rapport B. & T. : 250)
Je ne prendrai pas la défense du Conseil de presse du Québec auquel je me suis personnellement frotté —pour perdre évidemment !— il y a de cela environ huit ans. Je vais m'en prendre uniquement à la position de M. Dorion, celui sur qui repose pourtant tout le principe de la lutte des Canadiens français via la plus ancienne institution chargée de les diriger vers la Terre Promise. Dans sa plaidoirie... évidemment médiatisée, M. Dorion, au nom de la SSJB (en a-t-il reçu mandat ?), réfute l'idée véhiculée à la une de The Gazette qui laissait croire que la principale cause de la crise des accommodements était le manque d'ouverture d'esprit des Canadiens français : « manifestement, écrit le président, la façon dont la Gazette l'a présenté (le rapport) était trompeuse et donnait l'impression que la commission estimait que ceux qu'on appelle les Canadiens français étaient les seuls responsables ou les principaux responsables de la crise que le Québec vient de vivre et donnait aussi l'impression que la recette, c'est qu'ils apprennent l'anglais ».
Je crois que M. Dorion a passé un peu vite sa lecture et qu'il n 'a pas bien lu le chapitre IX du rapport « La diversité ethnoculturelle et les inquiétudes identitaires » (pp. 183-198), notamment la partie « A » qui est consacré à la « crispation identitaire ou les racines de la crise ».
« De Canadiens français à francophones québécois »
Si M. Dorion, qui est un type très élégant, qui a vécu plusieurs années au Japon et qui parle un français absolument impeccable, avait bien lu, comme moi, les principaux livres et les ouvrages du professeur-chercheur Bouchard dans lesquels il annonce la venue du « peuple franco-québécois ». Il aurait compris que le choix du terme « RACINES » est tout ce qu'il y a de plus songé dans la perspective du Rapport. M. Dorion devrait relire le syllabus du cours de la « Nation civique 101 », dont le programme a été mis en place par le professeur Gérard Bouchard aux lendemains de la défaite référendaire de 1995. Un programme qui demandait alors de ne pas « s'inquiéter de ce que le glissement proposé, de « Canadiens français » à « francophones québécois », étende l'identité des premiers en l'insérant dans un ensemble culturel... » (G.B. VLB, 1999 : 69). S'il avait lu ce qui est gravé dans ces écrits, s'il plaçait ce petit tout dans le contexte du Québec du début du millinéaire, il comprendrait à quel point les Canadiens français sont la brebis galeuse dans l'esprit du rapport, et à quel point le premier ministre Jean Charest a été mal inspiré de confier ce mandat à un auteur qui a sauté sur ce cheval pour faire avancer son idée de la nation civique et l'orientation qu'il entend donner au processus historique des Canadiens français qui, comme un troupeau de bisons des temps héroïques, sont bêtement conduits vers les abîmes.
Dans tout ce chapitre, le terme... « RACINES », qui est placé en lettres majuscules, ne conduit qu'à un peuple : les Canadiens français, une tribu de reculés (sic), ces estropiés de l'Histoire qui n'en finissent plus de mourir sous les coups de sabots de leurs clercs et de leurs guides, un peuple bonasse à qui on demande de s'adapter à l'Histoire (sic) et non pas le contraire comme cela s'est toujours fait chez les peuples en quête de leur avenir et de leur liberté.
La prophétie de Calchas
Cela était annoncé depuis les dernières heures de la Nouvelle France par des officiers militaires de haut rang qui avaient compris déjà leur inévitable drame. Revoyez le film des derniers jours : le Rapport B & T nous a été livré par ses deux auteurs comme s'il eut été d'un oracle, un oracle déjà annoncé par Bougainville en 1758. Un oracle plus sûr que celui de Calchas, un devin célèbre. Cela se passait au XVIIe siècle avant Jésus-Christ. Il y avait un peuple crédule et assiégé guidé par des devins, et des assiégeants qui savaient comment y faire pour profiter d'une telle opportunité. Et puis il y eut un gros cheval de bois dans le ventre duquel on mit plein de soldats et qui fut donné en cadeau à la ville assiégée que l'histoire retiendra comme étant celle de Troie. Nous savons tous la suite. Calchas mourut de dépit après avoir perdu dans une joute de prophéties. Malgré qu'il la perdit, le peuple vaincu et crédule lui érigea un temple en Apulie, où les dévots recevaient ses oracles pendant leur sommeil...
Akakia