Chicoutimi, l'entrée du Bassin et la chapelle de la vieille mission jésuite, en 1840. À cette époque, c'est toujours le grand lieu d'occupation humaine et de rassemblement entre Tadoussac et Métabetchouan. La Baie des Ha ! Ha ! ne prendra son nom qu'en 1838, et le Canton Jonquière qu'en 1847 ; ces deux derniers font partie du territoire de Chekoutimis, comme le démontre la carte sortie de la Proclamation royale de 1763 (photos ci-jointe)Cette lettre est une réplique à l’éditorial de Myriam Ségal, titré « Un comportement hautain, typique de Chicoutimi » , et publié dans le journal Le Quotidien du 11 septembre 2009
Mme Ségal.
J’ai pris connaissance de votre chronique… éditoriale publiée dans Le Quotidien du 11 septembre et dans laquelle vous prenez vivement partie contre un groupe de citoyens qui, dans un mémoire très consciencieux et très respectueux des avis contraires, demandent de rouvrir le débat sur le nom de « CHICOUTIMI » en lieu de celui, totalement inapproprié, de… « Saguenay ». D’accord avec vous quand vous prenez à partie le député de Chicoutimi, Stéphane Bédard, l’un des signataires du mémoire à qui vous reprochez d’avoir été en poste quand son gouvernement du Parti québécois a outrageusement forcé les fusions municipales, voilà déjà dix ans. Cela est un fait historique indéniable et je vous rappellerai que j’ai été personnellement de ceux et celles qui le lui ont reproché à cette époque.
Mais prendre prétexte de l’errance passée de ce co-signataire politique pour nous sermonner collectivement sur un
« débat périmé » (sic) et pour clamer tout le mal que vous en pensez, vous obligeait derechef à parler des 89 autres co-signataires qui ont pris sur eux d’y consacrer –bénévolement– de leur temps. Parmi ces noms, il y a, notamment, le mien, Chicoutimienne de naissance et d’appartenance. Le mien, que je ne vous autorise pas du reste à mettre dans le clan politique des Bédard, ni dans l’épithète des…
« acolytes d’André-R. Gauthier » et des
« fanatiques », ni dans la fagot des signataires qui, comme vous le qualifiez si outrageusement dans le gros titre de votre factum, témoignent d’
« un comportement hautain, typique de Chicoutimi ».Je n’accepte pas de telles insultes publiques ! Je n’accepte pas d’être réduite à si peu ! Et je dénonce votre manière de qualifier si péjorativement ceux et celles qui secondent et appuient avec beaucoup de modestie l’esprit de cette démarche citoyenne. Ce n’est pas ce que je suis en droit d’attendre d’une chronique éditoriale mesurée et respectueuse des opinions, d’une chronique qui stimule les idées au lieu de les écraser d’épithètes et d’injures.
Parmi ces 89 autres signataires, vous l’avez vu dans le mémoire puisque vous en causez avec beaucoup de fougue, il y a aussi, et notamment, les noms de l’historien Denys Vaugeois (de Sillery), du sociologue Gérard Bouchard (un citoyen de Jonquière anciennement), de Lucien Choudin (président de la Fondation Voltaire à Ferney), de Denys Tremblay (de Falardeau), de Réjean Tremblay (journaliste à La Presse, originaire de Falardeau et vivant à Sainte-Adèle), de Jean Delage (de Laterrière), de Yvon Bernier et Lily Martel. Ces deux derniers, plus précisément, étaient et sont toujours des citoyens de l’ancienne ville fusionnée de La Baie ; des citoyens respectables, je vous le rappelle, qui avaient pris partie contre le nom de Chicoutimi à l’époque où le conseil de ville intérimaire imposé par la ministre Harel n’avait pas les coudées franches pour gérer la situation dans le meilleur intérêt de l’ensemble des contribuables.
L’occasion est bonne pour le rappeler, à l’époque les émotions étaient encore trop vives pour en discuter sereinement. Il y avait de l’animosité dans l’air, de la colère et de la suspicion ! De la violence était à craindre. Dans cette atmosphère, la démocratie perd tous ses droits. Pour régner sur nos décombres, plus d’un ne se privaient pas d’attiser les haines historiques sévissant, depuis l’ouverture du Saguenay à la colonisation en 1842, entre villes, villages et paroisses. Intéressés qu’ils étaient dans leurs propres commerces et industries, ces gens surent utiliser cette animosité viscérale en réduisant l’esprit de la population de Chicoutimi à celui des intérêts mercantiles de la seule rue Racine.
Dans cette confusion, le maire et son conseil (qui n’était pas des plus héroïques, il faut bien dire) ne pouvaient rien faire. Ils avaient les mains et les pieds liés à leurs devoirs et aux impératifs du temps qui augurait bien mal. L’impératif était alors de calmer le jeu, de soulager l’atmosphère et d’assurer l’unité du nouveau territoire. Le bâillon signa la fin de la discussion à laquelle nous avions pourtant droit de part et d’autre ! Ces élus en avaient déjà plein les bras, je comprenais cela, et je me disais qu’il y aurait un moment plus approprié pour reprendre la discussion entre nous.
Sans prendre le temps de fournir à vos lecteurs les côtés forts du mémoire (il doit bien y en avoir un ou deux ?), vous dites que
« ce débat est périmé », que les co-signataires sont des
« fanatiques » (dixit Churchill que vous citez bien mal à-propos pour nous réduire tant que vous pouvez !) et qu’ils se rendent
« responsables d’une perte de temps et d’énergie ». Pour une journaliste qui gagne son pain quotidien et qui a établi sa crédibilité en débattant de la sorte depuis 1992 à… Chicoutimi, votre admonestation surprend triplement. Au lieu d’ouvrir à la discussion, vous l’écrasez de tout votre poids et sans ménagement.
En quelle qualité pouvez-vous juger et décider qu’un débat public peut ou ne peut avoir lieu ? Me faut-il craindre à des représailles à votre micro du matin ou dans votre prochaine chronique éditoriale puisque je ne dis pas comme vous ? Depuis quand, de quel droit et selon quelle science une journaliste expérimentée comme vous peut-elle établir qu’un débat public est…
« périmé » et irresponsable, que ce débat est une perte de temps et d’énergie, et que ceux qui le proposent sont des…
« fanatiques » ?
À lire votre propos de ce matin, je vois qu’il reste encore du travail à faire pour détendre les esprits sur la question controversée du nom de Chicoutimi et amener à des échanges où le meilleur pourrait encore sortir. Je souscrits à votre droit le plus strict d’exprimer sans entraves votre opinion, mais ce droit vous est assorti de devoirs auxquels vous ne pouvez vous soustraire compte tenu de vos responsabilités et de la position privilégiée que vous occupez au sein de notre collectivité. Si la campagne électorale municipale qui s’éveille n’est pas un temps approprié, comme me l’a si injustement reproché un échevin dans les minutes qui ont suivi le dépôt de notre mémoire à l’hôtel de ville ; si le temps n’y est pas encore après dix ans d’attente, à quel moment, selon vous et si vous nous le permettez (!), pourrons-nous en discuter sans risquer pour autant d’en payer le prix au pied de votre tribune et de la table du conseil de ville où les échevins sortants semblent totalement convaincus d’être reportés à leur place, le soir du scrutin, le 2 novembre prochain ?
Avec tous les risques que cela comporte, comprenez que je reste,
Akakia,
Qui est aussi Russel-A. Bouchard
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