Chicoutimi - Couvrez ce sein que je ne saurais voir !
Tartuffe
Comment ? Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
La carte publiée par Nicolas Bellin, en 1755, montre bien à quel point la toponymie du Saguenay a été dénaturée par les colonisateurs, jésuites, autres missionnaires et profiteurs de peuples en tête.
[Extrait d'une lettre envoyée par son auteure à Alex Décotte, journaliste et membre administrateur de la Fondation Voltaire à Ferney]
CHICOUTIMI, le plus beau nom qui soit en Amérique, a été déclassé pour satisfaire à des objectifs strictement politiques et financiers. Cette histoire pathétique se lit comme suit. En 1999, le gouvernement du Québec, dans un délire d'économies qui ne se sont pas réalisées, a mis sur pieds un vaste programme de fusions municipales dans le tout Québec qui est un bien grand vase fêlé par les temps qui courent. Au Saguenay, l'affaire s'est soldée par la fusion des villes de Jonquière, La-Baie, Canton-Tremblay, Shipshaw, Laterrière, Lac-Kénogami et CHICOUTIMI. Cela a eu pour conséquence première d'attiser les velléités entre les communautés paroissiales historiquement reconnues pour leur proverbial esprit de clocher. Dans un référendum où les béotiens étaient rois et les pleutres échevins, ils ont donc préféré voir mourir le nom mythique de CHICOUTIMI, plutôt que de le voir prendre la place que l'histoire lui devait. Preuve que la bêtise humaine n'a pas de limites quand un ou deux faquins décident d'y mettre le feu, des faquins qui logeaient dans le lupanar parlementaire de Québec, notre capitale nationale.
Pour bien apprécier toute la subtilité de ce délirant dérapage, il faut aussi savoir qu'avant la marche du peuplement blanc, en 1842, Chicoutimi, en plus d'être un poste de traite dont la fondation remonte à l'année 1671, était le nom qu'on donnait alors à un vaste territoire qui englobait justement la plupart des villes fusionnées dans ce qui était appelé plus justement « l'île Chikoutimy ». Pour cette seule raison, CHICOUTIMI était donc le toponyme le plus indiqué pour nommer la nouvelle ville fusionnée. Mais les élus et les fonctionnaires ont eu tellement peur de se mettre les gens des villages périphériques à dos, qu'ils ont abdiqué devant leurs responsabilités souveraines envers la postérité et l'intérêt supérieur de leurs administrés.
Résultat, la ville fusionnée s'appelle désormais... « SAGUENAY » (sic), qui est le nom d'une région, d'une rivière et d'un fjord fabuleux, mais pas celui d'une ville ! Et depuis, il y a un mouvement de contestations formé de gens plus dégourdis intellectuellement et moins pusillanimes politiquement que les autres, des gens qui se sont donné comme mission de sauver le nom mythique, le plus bel héritage que l'histoire nous a donné, au prix de l'ostracisme politique de ceux qui règnent à l'hôtel de ville de SAGUENAY qui devrait pourtant comprendre où sont les intérêts réels de ses citoyens.
Cette sordide histoire n'est pas nouvelle chez nous. Quand les Jésuites sont arrivés, ils ont fait disparaître tous les noms toponymiques indiens, dont « Les Anses du Manitou », « La Couchée de Castor », « Le Castor noir », Petawitish, Papaouitish, etc... Ils les ont changé pour des noms de saints ! Et, aujourd'hui, après avoir changé tous les noms où il y avait un saint en avant, voilà qu'on tente de faire mourir les derniers lieux de mémoire toponymiques qui nous restent pour les « blanchir » encore plus propres, pour être les plus anonymes qui soient au monde, pour être bien certains que l'histoire nous oublie.
Voltairement vôtre,
Akakia
Chicoutimi
Comment ? Couvrez ce sein que je ne saurais voir.
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
La carte publiée par Nicolas Bellin, en 1755, montre bien à quel point la toponymie du Saguenay a été dénaturée par les colonisateurs, jésuites, autres missionnaires et profiteurs de peuples en tête.
[Extrait d'une lettre envoyée par son auteure à Alex Décotte, journaliste et membre administrateur de la Fondation Voltaire à Ferney]
CHICOUTIMI, le plus beau nom qui soit en Amérique, a été déclassé pour satisfaire à des objectifs strictement politiques et financiers. Cette histoire pathétique se lit comme suit. En 1999, le gouvernement du Québec, dans un délire d'économies qui ne se sont pas réalisées, a mis sur pieds un vaste programme de fusions municipales dans le tout Québec qui est un bien grand vase fêlé par les temps qui courent. Au Saguenay, l'affaire s'est soldée par la fusion des villes de Jonquière, La-Baie, Canton-Tremblay, Shipshaw, Laterrière, Lac-Kénogami et CHICOUTIMI. Cela a eu pour conséquence première d'attiser les velléités entre les communautés paroissiales historiquement reconnues pour leur proverbial esprit de clocher. Dans un référendum où les béotiens étaient rois et les pleutres échevins, ils ont donc préféré voir mourir le nom mythique de CHICOUTIMI, plutôt que de le voir prendre la place que l'histoire lui devait. Preuve que la bêtise humaine n'a pas de limites quand un ou deux faquins décident d'y mettre le feu, des faquins qui logeaient dans le lupanar parlementaire de Québec, notre capitale nationale.
Pour bien apprécier toute la subtilité de ce délirant dérapage, il faut aussi savoir qu'avant la marche du peuplement blanc, en 1842, Chicoutimi, en plus d'être un poste de traite dont la fondation remonte à l'année 1671, était le nom qu'on donnait alors à un vaste territoire qui englobait justement la plupart des villes fusionnées dans ce qui était appelé plus justement « l'île Chikoutimy ». Pour cette seule raison, CHICOUTIMI était donc le toponyme le plus indiqué pour nommer la nouvelle ville fusionnée. Mais les élus et les fonctionnaires ont eu tellement peur de se mettre les gens des villages périphériques à dos, qu'ils ont abdiqué devant leurs responsabilités souveraines envers la postérité et l'intérêt supérieur de leurs administrés.
Résultat, la ville fusionnée s'appelle désormais... « SAGUENAY » (sic), qui est le nom d'une région, d'une rivière et d'un fjord fabuleux, mais pas celui d'une ville ! Et depuis, il y a un mouvement de contestations formé de gens plus dégourdis intellectuellement et moins pusillanimes politiquement que les autres, des gens qui se sont donné comme mission de sauver le nom mythique, le plus bel héritage que l'histoire nous a donné, au prix de l'ostracisme politique de ceux qui règnent à l'hôtel de ville de SAGUENAY qui devrait pourtant comprendre où sont les intérêts réels de ses citoyens.
Cette sordide histoire n'est pas nouvelle chez nous. Quand les Jésuites sont arrivés, ils ont fait disparaître tous les noms toponymiques indiens, dont « Les Anses du Manitou », « La Couchée de Castor », « Le Castor noir », Petawitish, Papaouitish, etc... Ils les ont changé pour des noms de saints ! Et, aujourd'hui, après avoir changé tous les noms où il y avait un saint en avant, voilà qu'on tente de faire mourir les derniers lieux de mémoire toponymiques qui nous restent pour les « blanchir » encore plus propres, pour être les plus anonymes qui soient au monde, pour être bien certains que l'histoire nous oublie.
Voltairement vôtre,
Akakia
Chicoutimi