lundi, septembre 21, 2009

« CHICOUTIMI… Un nom qui n’a pas de prix ! »



Pour ceux et celles qui croient que le débat sur le nom de Chicoutimi est un débat inutile et classé, pour le maire de… Saguenay, Jean Tremblay, qui dit que l’affaire est classée définitivement, et pour la morning woman Myriam Ségal qui prétend du haut de sa chaire que ce « débat est périmé », je vous invite à prendre connaissance de ce texte publié, en 2002, dans le journal Le Soleil. L’auteur de ce texte, Jean Boivin, n’est pas rien dans le monde de l’économie et dans celui des chercheurs. Il suffit d’aller voir son CV, à la fin de sa lettre ouverte, pour mesurer à quel point les élus, les fonctionnaires et les citoyens qui les ont laissés faire, se sont tirés dans le pied.


« CHICOUTIMI… Un nom qui n’a pas de prix ! »

« De New York, je m’intéresse au débat sur le nom de la ville fusionnée au Saguenay. Notre école, le Columbia Business School, a été confrontée au même débat. Le printemps dernier, un riche homme d’affaires a offert une centaine de millions de dollars pour que notre école porte son nom. Après réflexion, le recteur de l’Université Columbia, le doyen de notre école et d’autres décideurs en sont venus à la conclusion que même un montant astronomique, sans précédent, ne pouvait justifier un changement de nom. La raison ? « Columbia Business School », son nom actuel, est connu à travers le monde. D’après eux, changer de nom diluerait la réputation de l’école tout en impliquant des coûts directs énormes pour publiciser le nouveau nom.

Intéressant, n’est-ce pas ? Et il s’agit d’une école de commerce où l’intérêt financier est souvent primé. Cette décision a été prise sur une base purement pragmatique, même si des millions de dollars auraient pu être obtenus en échange. La tentation de gains monétaires à court terme aurait bien motivé un changement de nom.

Dans le cas de « CHICOUTIMI », un nom également connu à travers le monde, ces millions de dollars n’étaient même pas en cause. Non seulement l’a-t-on laissé partir pour rien mais encore faudra-t-il investir beaucoup d’argent pour faire connaître le nouveau nom. Sans même compter la perte de repères historiques, géographiques et identitaires, des coûts non tangibles mais importants.

Les dirigeants qui ont pris cette décision n’ont pas su évaluer l’impact économique de leurs actions ou inactions. Ils auraient bien besoin d’un cours d’économie 101. »

Jean Boivin


Note
* « Jean Boivin est professeur titulaire à l’Institut d’économie appliquée depuis le 1er juin 2006 et titulaire de la Chaire en politique monétaire et marchés financiers depuis le 23 octobre 2008. Il a débuté sa carrière à la Graduate Business School de Columbia University, où il enseigne toujours au MBA exécutif (EMBA). Ses recherches, abondamment citées et publiées dans les plus prestigieuses revues scientifiques dans son domaine, telles que The American Economic Review et The Quarterly Journal of Economics, portent principalement sur la politique monétaire, les prévisions économiques et la finance. Ses recherches sont subventionnées par plusieurs organismes, dont la National Science Foundation aux Etats-Unis, le Conseil de la Recherche en Sciences Humaines du Canada et l’Institut de Finance Mathématique de Montréal. Il est éditeur associé au Journal of Business Economics and Statistics, Canadian Journal of Economics, Journal of Economic Dynamics and Control and Macroeconomic Dynamics. En 2007 et 2008, il fut élu professeur de l’année par les étudiants du MBA, à la fois dans les catégories tronc commun en anglais et cours au choix.

M. Boivin a agi à titre de consultant pour la Banque du Canada et la Banque Centrale Européenne. En 2007, il était membre du groupe de travail du Ministère des Finances du Québec portant sur l’investissement privé au Québec.

Il est fellow du National Bureau of Economic Research (Cambridge, MA) et du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) ainsi que membre régulier du Centre interuniversitaire sur le risque, les politiques économiques et l'emploi (CIRPÉE). Il siège au Conseil de la Politique Monétaire de l’Institut C.D. Howe, qui comprend 12 économistes provenant des milieux financier et académique et qui a pour but de faire une recommandation périodique et indépendante sur la conduite de la politique monétaire canadienne.»

7 Comments:

Anonymous Cavour
dit :

Remseignements complémentaires :

« Détenteur d’un doctorat en économie de l’Université de Princeton, le professeur Boivin enseigne à HEC Montréal depuis 2006. Avant de joindre l'École, il a enseigné à la Columbia School of Business. Il est actuellement titulaire de la Chaire de politique monétaire et marchés financiers à l’Institut d’économie appliquée de HEC Montréal.»

3:21 p.m.  
Anonymous Gébé
dit :

En économie ?

On parle ici du même gouvernement (PQ) qui a autorisé un plan de construction de DEUX mégas hôpitaux strictement pour des considérations de bilibguisme au Québec pour une population anglophone de 8% !

3:47 p.m.  
Anonymous Gervais Villeneuve
dit :

Bonjour Russel,
C'est toujours un plaisir de découvrir ce que tu m'envoies, encore une voix qui s'ajoute à la chorale de ceux et celles qui considèrent que le changement de nom de la ville fusionnée a été et restera une erreur grave.

Dans notre pays du Québec, on veut tellement plaire à chacun qu'on finit par déplaire à tous. Que ce soit pour les accomodements "raisonnables" (comme si un accomodement pouvait, par définition, être déraisonnable) ou pour la reconnaissance de la performance académique (qu'on s'empresse de cacher pour ne pas complexer ceux qui ont plus de difficultés) on préfère diluer même si, à la fin, la sauce ne goûte plus rien.

Dans notre pays, on reconnaît les performances sportives, on crée des vedettes "Kleenex" dans le monde de la chanson, on valorise la réussite financière, même si elle se fait souvent sur le dos des plus pauvres, mais pas question d'apprendre et d'approfondir ses connaissances en histoire, se battre pour conserver un soupçon de ce qui nous a amenés à être. Au nom du modernisme, tout va à la poubelle, même les noms si riches en émotions.

J'ai la profonde conviction que le nom Chicoutimi, tout comme le Phénix de la mythologie, va renaître de ses cendres. C'est un rendez-vous incontournable avec l'histoire qui viendra le jour où on constatera que cette erreur doit être corrigée. Pour ajouter un peu de pression, demandons aux organismes de s'ajuster à la nouvelle réalité. On devra maintenant parler des Saguenéens junior majeur de Saguenay par exemple. J'oubliais, qu'arrive-t-il avec le sous-marin "Le Chicoutimi"?

Continuons à mettre nos énergies sur les Canadiens de Montréal et leurs recrues, Star Académie, Le Banquier et les secrets de Stars, notre société s'en portera beaucoup mieux.

Gervais

4:10 p.m.  
Anonymous Pikauba
dit :

Je pense qu'un changement de nom pour Chicoutimi ne viendrais que débalancer l'égalité symbolique des anciennes municipalités au sein de cette nouvelle ville.

Chaque citoyen à le droit de préserver l'intégrité des toponymes auquel il est attaché. Le nom Saguenay est neutre de sens, en tant que nom de ville, et permet à chaque centres de préserver sa toponymie tout en étant unis face à tout les maux de notre région en décroissance démographique et du même coup économique.

Cette histoire avec Chicoutimi sens la veille guerre de clocher à plein nez. Un moyen pour Chicoutimi, le principal centre économique, de prendre le dessus symboliquement sur toutes les autres communautés, créant du même coup des citoyens de seconde classe à Jonquière, La Baie, Shipshaw, etc. Je suis de l'arrondissement Chicoutimi (ancienne Ville de Chicoutimi) et je ne crois pas que c'est dans notre bien commun de s'écraser entres saguenéens. De plus, si la fusion a profité à un arrondissement c'est bien celui de Chicoutimi ; des villes comme Laterrière fleurissait tandis que la majorité de ses habitants utilisaient les infrastructures de Chicoutimi pour se rendre au travail sans rien rapporter à Chicoutimi. La fusion a réglé l'effet ''trou de beigne'' qui minait en partie les redevances des grands centres qui fuyait grâce à l'étalement urbain galopant.

Je vois le nom de Saguenay comme un toponyme à faire. Un projet commun pour toutes les anciennes villes. Je considère ce nom comme un pas vers l'avant pour la région.

@Gervais Villeneuve
Je ne suis pas d'accord avec votre solution. C'est peut-être bien pour vous mais pas pour moi.

7:00 p.m.  
Anonymous Anonyme
dit :

Bravo Pikauba

Voici une citation pour faire avancer le débat:

« Une ville ressemble à un animal. Elle possède un système nerveux, une tête, des épaules et des pieds. Chaque ville diffère de toutes les autres : il n'y en a pas deux semblables. Et une ville a des émotions d'ensemble.»

John Steinbeck

Extrait de La Perle

Saguenay n'est pas encore ce genre de ville. Elle doit le devenir maintenant.

7:25 p.m.  
Anonymous Jacqueline Gravelle
dit :

Je suis tout à fait d'accord. J'ai vécu en Ontario, à la Baie d'Hudson, à la Baie James, à Larouche, je vis présentement à Jonquière et j'ai un chalet à Lac Kénogami. Depuis toujours, lorsque j'essaye d'expliquer d'où je viens, je dis que j'habite près de Chicoutimi. Saguenay, ça dit rien aux gens. Je souhaite vraiment que ce point de repaire essentiel nous reste.

JacquelineGravelle

10:11 a.m.  
Blogger Marie Mance Vallée
dit :

Je ne sais pas si mes observations pourront vous aider, mais ici à Montréal on utilise encore et souvent l'expression le « Lac Saint-Jean ». Et même chez les immigrants. Je suis toujours surprise parce que j'ai l'impression de retourner 30 ans en arrière. Et quand on veut préciser, surgit immédiatement, surtout chez les francophones, la « querelle » entre les deux régions : Saguenay et Lac-Saint-Jean. Cela m'indispose un peu parce que mon père était du Lac-Saint-Jean et ma mère de Chicoutimi et je n'ai jamais eu le sentiment qu'il y avait une différence si grande.

On entend peu Saguenay, sauf à la télé, contrairement à Québec ou même Trois-Rivières qui ssont bien identifiées. J'ai le sentiment que les Montréalais sont confus à ce sujet. Quand je les entends parler de Ville Saguenay, on dirait qu'ils se forcent, que cela ne leur vient pas naturellement. D'ailleurs, s'intéressent-ils vraiment aux régions du Québec????? Je crois que pour eux les régions du nord sont mythiques, un peu désincarnées.

Je ne crois pas que de revenir à « Chicoutimi », serait un drame national. En tout cas en ce qui concerne Montréal.

Ce qu'on entend encore le plus est l'expression « les Bleuets »

Enfin! Ce n'est que ma perception.

10:59 a.m.  

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