Plaines d'Abraham, 13 septembre 1759-2009. La bataille de la censure !
« La censure quelle qu’elle soit me paraît être une monstruosité, une chose pire que l’homicide ; l’attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme. La mort de Socrate pèse encore sur le genre humain. »Gustave Flaubert, Madame de Bovary
Rappel des événements...
À l'approche du 250ème anniversaire de la prise de Québec par les Anglais (le 13 septembre 1759), les esprits s'échauffent de plus belle ! En février dernier, on se rappellera que les gardiens fonctionnarisés de la Commission des Champs de Bataille nationaux (institution fédérale) avaient lâchement cassé leur épée et tourné leurs petits talons devant les menaces de violence vociférées par les zélotes du mouvement indépendantiste pur et dur, sous prétexte de préserver la sécurité du public. Pour combler le vide ainsi créé autour de l'événement qui a marqué pour toujours la face de l'Amérique du Nord passée, l’année d’après, de française à britannique, M. André Juneau, président de la pusillanime Commission fédérale et gardien en titre des Plaines d’Abraham, sans s’indisposer le moins du monde des conséquences de cette censure dont nous étions tous victimes, avait remis à zéro le compteur de la commémoration. Dans son repli bien mal inspiré et bien peu glorieux, il avait laissé à une organisation créée pour la circonstance (le Moulin à Paroles), le soin d'organiser autrement le rappel « pacifique » de cette grande cassure de notre histoire.
L'affaire ayant été entendue sans égard au peuple qui a pressant besoin de se souvenir, le groupe ainsi formé dans l’écume du repli des fonctionnaires canadiens, avait donc entrepris de « rendre hommage aux gens d’ici et d’ailleurs qui, par leurs mots, leurs écrits, leurs voix ont façonné ce coin du monde » (Dixit le Moulin à Paroles). Parmi les 140 textes « historiques, poétiques et prosaïques » retenus pour la circonstance, se trouve le fameux manifeste du FLQ, lu le 8 octobre 1970 sur les ondes de Radio-Canada. En ce qui me concerne, un texte mal écrit, homophobe, raciste, vulgaire et violent qui est loin de faire honneur à l'esprit de ses co-signataires.
Un moment douloureux de l'histoire récente du Québec
Lors des événements funestes qui ont marqué la Crise d’Octobre au Québec, je venais tout juste d’entrer dans ma vingt-deuxième année. Je me souviens de la commotion que cela avait semée dans notre maison et dans tout le voisinage. Malgré tout le mal que j'en pensais à l'époque (et que j'en pense encore aujourd'hui à bien des égards), cette croûte littéraire est un événement en soi, une tache d’encre indélébile dans l’histoire du Canada, du Québec et du mouvement indépendantiste qui n’a pas eu l’intelligence de se dissocier haut et fort d’un tel dérapage antidémocratique.
On fait de la politique ou on fait la guerre ! C’est l’une ou c’est l’autre ! Qu’on l’approuve ou pas des deux côtés de la barricade idéologique, n’en déplaise au premier ministre Charest qui a développé une bien curieuse conception de l’écriture de l’histoire, et peu importe ce qu’en pense M. Sam Hamad son ministre de la Sécurité sociale, le manifeste du FLQ n’est pas sans âme. Il se présente aujourd’hui, au regard de notre histoire nationale, comme l'ultime cri de douleur d'une jeunesse qui avait perdu foi en la politique de son époque, une déclaration de guerre insensée proférée par quelques rebelles sécessionnistes impatients, apeurés et coincés par les événements qu’ils avaient enclenchés dans leur folle virée d’adolescents retardés.
L'Histoire n'appartient à aucune cause
Ce qui n’est pas moins important à mes yeux, ce manifeste a l’ultime mérite de nous rappeler, en ces temps d’incertitude, le dérapage des années Trudeau, la loi des Mesures de Guerre imposée au peuple québécois, la police politique de Robert Bourassa et les abus de pouvoir d'un gouvernement fédéral complètement déphasé qui, après avoir profité du malaise que cela suscitait usque ad mare, a perfidement pris la balle au vol pour semer le chaos dans les esprits et régner sur la peur entretenue jusqu’en 1984.
À la face de cette histoire du Québec qui n’appartient à aucune cause en particulier, ce Manifeste doit être lu et relu quand les temps l'exigent. Il est là pour rappeler tout autant aux Canadiens français qu’ils ont été lâchement abandonnés et déniés d’histoire par leurs chef nationalistes après la défaite référendaire de 1995. Pour rappeler à tous les Québécois, peu importe leurs origines, leurs allégeances et leurs croyances, que la Liberté prend racines dans le sillon d’un lent et long processus historique et que le projet qui la porte en étendard perd toute noblesse s’il s’accomplit sous le catafalque du mensonge, de la peur, de l’intolérance et de la censure…
Akakia
Rappel des événements...
À l'approche du 250ème anniversaire de la prise de Québec par les Anglais (le 13 septembre 1759), les esprits s'échauffent de plus belle ! En février dernier, on se rappellera que les gardiens fonctionnarisés de la Commission des Champs de Bataille nationaux (institution fédérale) avaient lâchement cassé leur épée et tourné leurs petits talons devant les menaces de violence vociférées par les zélotes du mouvement indépendantiste pur et dur, sous prétexte de préserver la sécurité du public. Pour combler le vide ainsi créé autour de l'événement qui a marqué pour toujours la face de l'Amérique du Nord passée, l’année d’après, de française à britannique, M. André Juneau, président de la pusillanime Commission fédérale et gardien en titre des Plaines d’Abraham, sans s’indisposer le moins du monde des conséquences de cette censure dont nous étions tous victimes, avait remis à zéro le compteur de la commémoration. Dans son repli bien mal inspiré et bien peu glorieux, il avait laissé à une organisation créée pour la circonstance (le Moulin à Paroles), le soin d'organiser autrement le rappel « pacifique » de cette grande cassure de notre histoire.
L'affaire ayant été entendue sans égard au peuple qui a pressant besoin de se souvenir, le groupe ainsi formé dans l’écume du repli des fonctionnaires canadiens, avait donc entrepris de « rendre hommage aux gens d’ici et d’ailleurs qui, par leurs mots, leurs écrits, leurs voix ont façonné ce coin du monde » (Dixit le Moulin à Paroles). Parmi les 140 textes « historiques, poétiques et prosaïques » retenus pour la circonstance, se trouve le fameux manifeste du FLQ, lu le 8 octobre 1970 sur les ondes de Radio-Canada. En ce qui me concerne, un texte mal écrit, homophobe, raciste, vulgaire et violent qui est loin de faire honneur à l'esprit de ses co-signataires.
Un moment douloureux de l'histoire récente du Québec
Lors des événements funestes qui ont marqué la Crise d’Octobre au Québec, je venais tout juste d’entrer dans ma vingt-deuxième année. Je me souviens de la commotion que cela avait semée dans notre maison et dans tout le voisinage. Malgré tout le mal que j'en pensais à l'époque (et que j'en pense encore aujourd'hui à bien des égards), cette croûte littéraire est un événement en soi, une tache d’encre indélébile dans l’histoire du Canada, du Québec et du mouvement indépendantiste qui n’a pas eu l’intelligence de se dissocier haut et fort d’un tel dérapage antidémocratique.
On fait de la politique ou on fait la guerre ! C’est l’une ou c’est l’autre ! Qu’on l’approuve ou pas des deux côtés de la barricade idéologique, n’en déplaise au premier ministre Charest qui a développé une bien curieuse conception de l’écriture de l’histoire, et peu importe ce qu’en pense M. Sam Hamad son ministre de la Sécurité sociale, le manifeste du FLQ n’est pas sans âme. Il se présente aujourd’hui, au regard de notre histoire nationale, comme l'ultime cri de douleur d'une jeunesse qui avait perdu foi en la politique de son époque, une déclaration de guerre insensée proférée par quelques rebelles sécessionnistes impatients, apeurés et coincés par les événements qu’ils avaient enclenchés dans leur folle virée d’adolescents retardés.
L'Histoire n'appartient à aucune cause
Ce qui n’est pas moins important à mes yeux, ce manifeste a l’ultime mérite de nous rappeler, en ces temps d’incertitude, le dérapage des années Trudeau, la loi des Mesures de Guerre imposée au peuple québécois, la police politique de Robert Bourassa et les abus de pouvoir d'un gouvernement fédéral complètement déphasé qui, après avoir profité du malaise que cela suscitait usque ad mare, a perfidement pris la balle au vol pour semer le chaos dans les esprits et régner sur la peur entretenue jusqu’en 1984.
À la face de cette histoire du Québec qui n’appartient à aucune cause en particulier, ce Manifeste doit être lu et relu quand les temps l'exigent. Il est là pour rappeler tout autant aux Canadiens français qu’ils ont été lâchement abandonnés et déniés d’histoire par leurs chef nationalistes après la défaite référendaire de 1995. Pour rappeler à tous les Québécois, peu importe leurs origines, leurs allégeances et leurs croyances, que la Liberté prend racines dans le sillon d’un lent et long processus historique et que le projet qui la porte en étendard perd toute noblesse s’il s’accomplit sous le catafalque du mensonge, de la peur, de l’intolérance et de la censure…
Akakia
6 Comments:
dit :
Russel Bouchard est un moralisateur impénitent. Dans ce cas-ci, il se trompe lourdement, même si, en fin de compte, il condamne à raison la censure et le bâillon.
La reconstitution de la bataille des plaines d'Abraham n'avait rien à voir avec la liberté d'expression. C'était une opération de propagande orchestrée avec les deniers publics, qui profitait au passage à une clique mercantile acoquinée au pouvoir d'Ottawa. Cette reconstitution a été annulée non pas à cause des menaces de violence, mais parce que les réactions verbales ont laissé paraitre l'indignation légitime d'une bonne partie du peuple québécois.
Le manifeste du FLQ était un excellent texte. Ce n'était pas une grande oeuvre littéraire, mais bien l'oeuvre d'un groupe de résistants qui a su trouver des mots percutants dans lesquels le peuple québécois s'est largement reconnu. Lorsque Radio-Canada a été obligée de lire le manifeste en onde, les Québécois étaient nombreux à jubiler. C'était une grande victoire.
Si je n'avais été si jeune, à l'époque, j'aurais été le premier à applaudir à l'idée de kidnapper un représentant de la reine et un salopard de ministre corrompu au service des exploiteurs anglo-saxons. Je n'aurais pas voulu les tuer, mais juste leur faire peur un peu et, comme le dit Jacques Lanctôt, leur faire manger du pâté chinois pour les changer du caviar et leur faire vivre un peu la vie du peuple. Je regrette que le FLQ ait commis l'erreur d'assassiner Laporte parce que cette exécution a fait perdre au FLQ son immense capital de sympathie.
L'histoire est écrite par les vainqueurs. Quand le peuple québécois aura vaincu, il pourra rétablir la mémoire de ses héros, et le FLQ cessera d'être une tache indélébile, comme le prétend M. Bouchard. Il y a toujours bien des limites à s'autoflageller. Les peuples qui ont conquis leur liberté dans le sang ont fait de leur lutte une épopée où ceux qui ont tenu le fusil ou tranché des têtes sont des héros. Les Québécois sont tellement programmés pour courber l'échine qu'ils ont honte de leurs compatriotes qui relèvent la tête. On ne fera pas l'indépendance avec des velléités de pacifistes naïfs.
Historien à la mémoire sélective, Russel Bouchard devrait relire le Manifeste du FLQ ou en écouter la lecture à Radio-Canada, puis de se remémorer la guerre secrète d'Ottawa. En fait de tache, on peut difficilement faire plus sale que cette guerre.
dit :
M. Desgagné,
Si j'étais comme vous, favorable à la censure quand elle fait votre affaire, je mettrais votre réplique à la poubelle. Je vous accorde le droit de penser et de dire le contraire de moi.
Cela vous appartient et je n'ai aucun droit là-dessus.
Au prochain...
Russel-Aurore Bouchard
dit :
Bravo pour votre texte. Merci pour la forme et le fond.
Pour le présent et l'avenir, il faut dénoncer les psychopathes et ignorants politiques de tous les partis. C'est vraiment gênant de voir et d'écouter ces clowns grotesques. Si les journalistes ne font leur travail, il faut que d'autres le fassent.
dit :
Il y a beaucoup trop de monde qui prennent la balle au bond dans cette histoire. Tout le monde sait que ce texte n’est ni une œuvre littéraire n i un traité philosofique ou idéologique mais bien un manifeste qui traduit assez bien l’action du moment. Ce qui est historique c’est que ce mouvement révolutionnaire ait forcé l’État à réagir et à se commettre par la lecture publique ( télévisée) de leurs griefs. On le retaperait un peu ce texte qu’il serait encore tout chaud d’actualité alors...
Bowater Abitibi ferme ses usines à Roberval et Dolbeau. La population se mobilise enfin et descend dans la rue pour crier son indignation. Trop peu, trop tard.Ce geste révolutionnaire sans précédent ( mis à part les gestes d’éclats de la rebellion) et le rappel qu’en fait cet événement nous rappelle justement que plus ça change plus c’est pareil Le reste tout le monde connaît la fin.
Evidemment les nationalistes québécois ont récupéré l’événement mais bon, pour une fois qu’ils réussissent à faire un « happenning » qui soit autre chose qu’un tintamarre à la Rhéaume! Je leur laisse la gaguette!
_________________
Richard Harvey
dit :
J'ai reve d'un pays ou on etait bien.
J'ai reve d'un pays ou on etait libre.
J'ai reve d'un pays ou on pouvait vivre en toute quietude.
J'ai reve,reve,reve...
Je suis a l'automne de ma vie,et je sais que ca arrivera pas.
Louisette Charest
dit :
@Desgagné
:-)
Il n'y a pas eu que Laporte,7 morts et 40 blessés graves. C'est Bourassa et Drapeau qui demandèrent de l'aide. La GRC avait une liste d'environ 70 personnes. Le gros des arrestations le fut par la police de Mtl et SQ. Ensuite l'armée est partie. Le mouvement séparatiste n'a jamais représenté les Québécois, ni même les Patriotes.
"L'histoire est écrite par les vainqueurs."
Pas dans une démocratie (On a voté 2 fois Non en passant) En plus ça revient à dire que l'histoire est relative et ne peut être connue, c'est faux...
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