L'Alcan rudement prise à partie par le maire de Saguenay
Construite en 1943, la centrale de Shipshaw, à Saguenay, est la plus importante du réseau hydroélectrique Alcan au Saguenay/Lac-Saint-Jean. Elle a franchi,l’an dernier, ses 60 ans de production. ET CE N'EST QU'UNE PARMI PLUSIEURS AUTRES !...»
Le maire de Saguenay pète les plombs
Dans une entrevue accordée hier à une station de radio régionale (KYK-FM, pour ne pas la nommer), le maire de Saguenay, M. Jean Tremblay, a fustigé l'Alcan comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Choqué par l'annonce de la multipui$$ante qui a entrepris —encore une triste fois— de contester son compte de taxes municipales, le bouillant maire qui trime dur par les temps qui courent pour boucler son budget, ne s'est pas privé d'épithètes pour évoquer la rapacité proverbiale de l'entreprise et les manquements de toutes natures qui ont marqué ses pas depuis qu'elle a entrepris, en 1922, de faire du lac Saint-Jean et de la population régionale, SON réservoir énergétique et SON bassin de main d'oeuvres à tout faire jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Pour savoir de quoi il retourne plus précisément cette fois-ci, rappelons simplement que l'Alcan entend récupérer, par la voie des tribunaux, 5,900,000$ sur sa facture de taxes qu'elle juge excessive ! Il n'en fallait pas plus pour excéder le maire de Saguenay qui, à juste titre, ne s'est pas privé pour rappeler les dernières ladreries de l'Alcan et quelques-uns de ses manquements les plus pervers à l'endroit de la société d'accueil qui y trouve difficilement son compte malgré les 600M$ de bénéfices nets qu'elle a récupérés de ses activités au cours du seul premier trimestre de l'année. À la question posée par l'animateur désireux de savoir s'il était vrai que les patrons de l'Alcan ne l'aimaient pas, le maire a rétorqué du tac au tac : « Je vais vous dire : les gens de l'Alcan ils aiment rien qu'une affaire, l'argent. C'est tout ce qu'ils aiment. [...] Ils n'aiment qu'une seule chose, les gens d'Alcan : l'argent, point final. Pis le monde de la région c'est zéro pour eux autres. C'est l'argent. C'est tout ce qu'ils aiment. [...] La dynamite va sauter un jour ! Je vous le dit, la dynamite va sauter tout le monde le pense... »
Le vice président régional d'Alcan Métal primaire, M. Dominique Bouchard, et sa responsable en communications, Margot Tape, ne sont pas contents. Mais alors là pas du tout !
D'une part, disons que, pour ceux qui aiment bien se vendre tous les jours et qui n'ont jamais assez de maîtres autour d'eux ; pour ceux également qui s'en mettent plein les poches grâce à leurs accointances avec les petits rois-nègres régionaux ; pour le centre de recherche de l'UQAC sur l'aluminium (un laboratoire de l'Alcan, déguisé en institution d'enseignement et administré avec les deniers publics) ; et pour les petits affairistes qui n'ont de cesse de s'user les genoux dans les bureaux de l'Alcan pour remplir leurs sacs de 30 deniers, disons que le maire n'aurait pas dû secouer de la sorte les chaînes de notre esclavage collectif. En contre-partie, pour le peuple, qui en bave comme toujours et qui a perdu toute emprise sur ses ressources naturelles, il lui sera bien difficile de dire tout haut ce qu'il pense réellement tout bas pour ne pas y perdre au change : entendons que l'Alcan est un goinfre sans bornes qui n'a d'yeux et d'ouïe que pour ses actionnaires apatrides, ce qui est loin d'une contre-vérité et ce qui est loin de nous en donner pour nos efforts et privations.
Une mauvaise humeur qui est loin d'être une première au Saguenay
Dans ce quiproquo qui a vitement fait de se retrouver à la une des médias montréalais, je suis d'avis que le débordement de langage de notre maire doit être simplement décodé pour ce qu'il est : entendons le cri du coeur d'un citoyen excédé par le laxisme de l'État, et le haut-le-coeur d'un élu du peuple qui, dans la suite de plusieurs de ses prédécesseurs à la table du Conseil, a vu se déglinguer brique par brique tout un pan de l'édifice industriel du Saguenay–Lac-Saint (à commencer par la dénaturalisation des grands plans d'eau et des tributaires du Saguenay et à finir par l'effondrement d'une industrie forestière dont les multinationales ont abusé jusqu'au trognon).
Le maire Tremblay a-t-il eu tort d'avoir raison ? Est-ce là le débordement d'un esprit furtif ou le troublant symptôme d'une tension sociale appelée à s'envenimer ? Difficile à dire, mais l'analogie qu'il faut faire entre les esclandres de notre maire et ceux de ses prédécesseurs, pousse à se questionner davantage sur la raison de l'histoire que sur les ressorts par où elle se manifeste.
Pour ceux et celles qui aimeraient bien être calife à la place du calife et qui seraient tentés de me porter grief d'avoir pris ainsi la défense de notre premier magistrat, je prends le temps de leur rappeler que la sortie du maire Tremblay est indissociable de l'histoire de notre aliénation collective envers les multinationales et le « trust de l'électricité » qui, de tout temps, a agi au Saguenay grâce à la duplicité du gouvernement du Québec et au voilier de goélands en cravate qui aiment bien se repaître de ce qui tombe de ses latrines. De fait, on aura intérêt à ne pas oublier qu'au cours de son long mandat qui s'est étiré de 1950 à 1964, le maire de Chicoutimi, Rosaire Gauthier, avait combattu bec et ongles les pouvoirs démesurés de l'Alcan au Saguenay et qu'il avait construit toute sa force politique autour du thème de la « municipalisation de l'électricité », soit dit en passant un projet aussi révolutionnaire que structurant qui fut finalement récupéré et nettoyé de sa substance régionale par l'équipe de Jean Lesage qui l'a englouti dans la nationalisation de l'électricité, en 1963.
La « Déclaration faite à la séance du Conseil du 3 octobre 1955 par le maire Rosaire Gauthier en réponse à l'invitation de M. R. E. Powell » (président de l'Alcan) qui lui tendait une branche d'olivier, est une pièce d'anthologie qui mérite ce rappel : « Prenez garde Messieurs du Trust, que le vent que vous soulevez aujourd'hui ne vous renverse comme un fétus de paille, et avant qu'il ne soit trop tard, pour votre prospérité présente et future ; engagez-vous franchement au plus tôt dans la seule bonne, la seule sure, la seule durable, ou réelle voie de collaboration, de l'entente, du respect des droits des autres ; car c'est encore là [que] vous rencontrez mieux que des amis imbéciles, des amis intelligents animés des meilleurs sentiments à votre endroit... »
Le coloré maire de Chicoutimi, Rosaire Gauthier, dans une pose familière, alors qu'il ne se privait pas pour dénoncer la voracité de la puissante multinationale.
Symptôme inquiétant d'une double tension sociale et politique qui a des racines profondes
À l'époque, les gens de Chicoutimi avaient applaudi leur maire à deux mains, et le président de l'Alcan avait fait ce que font tous les présidents d'entreprises inscrites à la bourse quand l'ennemi est à ses portes —c'est-à-dire plier les genoux afin de ne pas perdre cette faramineuse opportunité de s'en mettre plein la bourse ! Les décennies suivantes ne manquèrent pas de donner raison au sens pratique de Mr Powell. De telle sorte qu'au cours des années soixante, la multinationale poussa ses investissements dans une course effrénée contre la montre, ses profits se décuplèrent de paire, le nombre d'emplois liés directement aux activités Alcan sautèrent derechef la barre psychologique des 10 000, et le Saguenay entra ainsi donc dans une ère de prospérité aussi relative qu'éphémère. Quant au maire Gauthier, il en fut quitte pour la mise au rancart en 1964. Ce qui n'empêcha pas l'histoire de lui donner rapidement raison puisque l'Alcan est restée totalement maître de tous ses pouvoirs, prérogatives et privilèges en son royaume.
Vous voulez que je vous dise encore !? La population du Saguenay–Lac-Saint-Jean n'a aucune dette envers l'Alcan. Et s'il y des dettes à prendre en compte ici, ce sont plutôt celles qu'entretient toujours cette grande industrie envers nous. Notamment celle d'avoir pollué notre eau, notre air et notre sol de toutes les manières possibles et imaginables pour les siècles et les siècles ; puis celle d'être devenue une des multinationales les plus puissantes et les plus riches de la planète grâce à notre trop grande générosité ; et encore celle d'avoir étouffé notre développement économique jusqu'au point de nous tiersmondiser en monopolisant, pendant trois quarts de siècle, nos ressources hydrauliques, hydroélectriques et humaines, notre génie et nos muscles. Alors pour les leçons de savoir vivre entre gens bien éduqués, la multipui$$ante n'est vraiment pas en position de nous en donner...
Akakia
Le maire de Saguenay pète les plombs
Dans une entrevue accordée hier à une station de radio régionale (KYK-FM, pour ne pas la nommer), le maire de Saguenay, M. Jean Tremblay, a fustigé l'Alcan comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Choqué par l'annonce de la multipui$$ante qui a entrepris —encore une triste fois— de contester son compte de taxes municipales, le bouillant maire qui trime dur par les temps qui courent pour boucler son budget, ne s'est pas privé d'épithètes pour évoquer la rapacité proverbiale de l'entreprise et les manquements de toutes natures qui ont marqué ses pas depuis qu'elle a entrepris, en 1922, de faire du lac Saint-Jean et de la population régionale, SON réservoir énergétique et SON bassin de main d'oeuvres à tout faire jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Pour savoir de quoi il retourne plus précisément cette fois-ci, rappelons simplement que l'Alcan entend récupérer, par la voie des tribunaux, 5,900,000$ sur sa facture de taxes qu'elle juge excessive ! Il n'en fallait pas plus pour excéder le maire de Saguenay qui, à juste titre, ne s'est pas privé pour rappeler les dernières ladreries de l'Alcan et quelques-uns de ses manquements les plus pervers à l'endroit de la société d'accueil qui y trouve difficilement son compte malgré les 600M$ de bénéfices nets qu'elle a récupérés de ses activités au cours du seul premier trimestre de l'année. À la question posée par l'animateur désireux de savoir s'il était vrai que les patrons de l'Alcan ne l'aimaient pas, le maire a rétorqué du tac au tac : « Je vais vous dire : les gens de l'Alcan ils aiment rien qu'une affaire, l'argent. C'est tout ce qu'ils aiment. [...] Ils n'aiment qu'une seule chose, les gens d'Alcan : l'argent, point final. Pis le monde de la région c'est zéro pour eux autres. C'est l'argent. C'est tout ce qu'ils aiment. [...] La dynamite va sauter un jour ! Je vous le dit, la dynamite va sauter tout le monde le pense... »
Le vice président régional d'Alcan Métal primaire, M. Dominique Bouchard, et sa responsable en communications, Margot Tape, ne sont pas contents. Mais alors là pas du tout !
D'une part, disons que, pour ceux qui aiment bien se vendre tous les jours et qui n'ont jamais assez de maîtres autour d'eux ; pour ceux également qui s'en mettent plein les poches grâce à leurs accointances avec les petits rois-nègres régionaux ; pour le centre de recherche de l'UQAC sur l'aluminium (un laboratoire de l'Alcan, déguisé en institution d'enseignement et administré avec les deniers publics) ; et pour les petits affairistes qui n'ont de cesse de s'user les genoux dans les bureaux de l'Alcan pour remplir leurs sacs de 30 deniers, disons que le maire n'aurait pas dû secouer de la sorte les chaînes de notre esclavage collectif. En contre-partie, pour le peuple, qui en bave comme toujours et qui a perdu toute emprise sur ses ressources naturelles, il lui sera bien difficile de dire tout haut ce qu'il pense réellement tout bas pour ne pas y perdre au change : entendons que l'Alcan est un goinfre sans bornes qui n'a d'yeux et d'ouïe que pour ses actionnaires apatrides, ce qui est loin d'une contre-vérité et ce qui est loin de nous en donner pour nos efforts et privations.
Une mauvaise humeur qui est loin d'être une première au Saguenay
Dans ce quiproquo qui a vitement fait de se retrouver à la une des médias montréalais, je suis d'avis que le débordement de langage de notre maire doit être simplement décodé pour ce qu'il est : entendons le cri du coeur d'un citoyen excédé par le laxisme de l'État, et le haut-le-coeur d'un élu du peuple qui, dans la suite de plusieurs de ses prédécesseurs à la table du Conseil, a vu se déglinguer brique par brique tout un pan de l'édifice industriel du Saguenay–Lac-Saint (à commencer par la dénaturalisation des grands plans d'eau et des tributaires du Saguenay et à finir par l'effondrement d'une industrie forestière dont les multinationales ont abusé jusqu'au trognon).
Le maire Tremblay a-t-il eu tort d'avoir raison ? Est-ce là le débordement d'un esprit furtif ou le troublant symptôme d'une tension sociale appelée à s'envenimer ? Difficile à dire, mais l'analogie qu'il faut faire entre les esclandres de notre maire et ceux de ses prédécesseurs, pousse à se questionner davantage sur la raison de l'histoire que sur les ressorts par où elle se manifeste.
Pour ceux et celles qui aimeraient bien être calife à la place du calife et qui seraient tentés de me porter grief d'avoir pris ainsi la défense de notre premier magistrat, je prends le temps de leur rappeler que la sortie du maire Tremblay est indissociable de l'histoire de notre aliénation collective envers les multinationales et le « trust de l'électricité » qui, de tout temps, a agi au Saguenay grâce à la duplicité du gouvernement du Québec et au voilier de goélands en cravate qui aiment bien se repaître de ce qui tombe de ses latrines. De fait, on aura intérêt à ne pas oublier qu'au cours de son long mandat qui s'est étiré de 1950 à 1964, le maire de Chicoutimi, Rosaire Gauthier, avait combattu bec et ongles les pouvoirs démesurés de l'Alcan au Saguenay et qu'il avait construit toute sa force politique autour du thème de la « municipalisation de l'électricité », soit dit en passant un projet aussi révolutionnaire que structurant qui fut finalement récupéré et nettoyé de sa substance régionale par l'équipe de Jean Lesage qui l'a englouti dans la nationalisation de l'électricité, en 1963.
La « Déclaration faite à la séance du Conseil du 3 octobre 1955 par le maire Rosaire Gauthier en réponse à l'invitation de M. R. E. Powell » (président de l'Alcan) qui lui tendait une branche d'olivier, est une pièce d'anthologie qui mérite ce rappel : « Prenez garde Messieurs du Trust, que le vent que vous soulevez aujourd'hui ne vous renverse comme un fétus de paille, et avant qu'il ne soit trop tard, pour votre prospérité présente et future ; engagez-vous franchement au plus tôt dans la seule bonne, la seule sure, la seule durable, ou réelle voie de collaboration, de l'entente, du respect des droits des autres ; car c'est encore là [que] vous rencontrez mieux que des amis imbéciles, des amis intelligents animés des meilleurs sentiments à votre endroit... »
Le coloré maire de Chicoutimi, Rosaire Gauthier, dans une pose familière, alors qu'il ne se privait pas pour dénoncer la voracité de la puissante multinationale.
Symptôme inquiétant d'une double tension sociale et politique qui a des racines profondes
À l'époque, les gens de Chicoutimi avaient applaudi leur maire à deux mains, et le président de l'Alcan avait fait ce que font tous les présidents d'entreprises inscrites à la bourse quand l'ennemi est à ses portes —c'est-à-dire plier les genoux afin de ne pas perdre cette faramineuse opportunité de s'en mettre plein la bourse ! Les décennies suivantes ne manquèrent pas de donner raison au sens pratique de Mr Powell. De telle sorte qu'au cours des années soixante, la multinationale poussa ses investissements dans une course effrénée contre la montre, ses profits se décuplèrent de paire, le nombre d'emplois liés directement aux activités Alcan sautèrent derechef la barre psychologique des 10 000, et le Saguenay entra ainsi donc dans une ère de prospérité aussi relative qu'éphémère. Quant au maire Gauthier, il en fut quitte pour la mise au rancart en 1964. Ce qui n'empêcha pas l'histoire de lui donner rapidement raison puisque l'Alcan est restée totalement maître de tous ses pouvoirs, prérogatives et privilèges en son royaume.
Vous voulez que je vous dise encore !? La population du Saguenay–Lac-Saint-Jean n'a aucune dette envers l'Alcan. Et s'il y des dettes à prendre en compte ici, ce sont plutôt celles qu'entretient toujours cette grande industrie envers nous. Notamment celle d'avoir pollué notre eau, notre air et notre sol de toutes les manières possibles et imaginables pour les siècles et les siècles ; puis celle d'être devenue une des multinationales les plus puissantes et les plus riches de la planète grâce à notre trop grande générosité ; et encore celle d'avoir étouffé notre développement économique jusqu'au point de nous tiersmondiser en monopolisant, pendant trois quarts de siècle, nos ressources hydrauliques, hydroélectriques et humaines, notre génie et nos muscles. Alors pour les leçons de savoir vivre entre gens bien éduqués, la multipui$$ante n'est vraiment pas en position de nous en donner...
Akakia
2 Comments:
dit :
si l'alcan dessidait demain matin de quitter la region je suis sur a 150 % que le maire (qui ait facher parce qu'il na pa su regler son budget et quil mait sa sur la faute de l'alcan qui na pas toute payer son compte de taxe) se metrai a genou pour quil revienne dans la region parce que la seul chose qui fais vivre cette region est L'ALCAN parce que si l'alcan sen va il ne reste plus rien
ne me dite pas quil reste les price a alma il son en failite et lindustri du boi est en train de tomber aussi
faque je croi bien que la region est mieu dacepter l'alcan et de se fermer parce quon serais dans marde en criss si a dessidait de sen aller ;)
M. tremblay
dit :
eille ya ben trop dargents a faire ici...y sen iront jamais ... enleve toca ds la tête
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