Loi sur l’immatriculation des armes à feu : Un «droit» inaliénable réduit à la condition de «privilège»
Notre époque est une époque violente. Et même si les
armes à feu sont largement utilisées aux États-Unis qui dominent dans le triste
record des tueries de masse, cette sorte de drames peut arriver partout sur la
planète et de toutes les manières possibles. Les faits parlent d’eux-mêmes. La
liste est déjà trop longue et rien n’indique que ce triste épisode de
l’histoire moderne tire à sa fin.
Au Québec, en dépit du drame de la Polytechnique perpétré
voilà maintenant 26 ans, le bon peuple a encore accès aux armes à feu. Bien que
les représentants de l'Association des policiers du Québec continuent d’instrumentaliser cette horrible
tragédie pour gruger dans nos libertés au nom de la sécurité publique, il faut cependant
préciser que cette accessibilité s’est réduite comme une peau de chagrin depuis
le vote de la loi C-51 (en 1977) qui a obligé la détention d’un permis
d’acquisition pour toutes les classes d’armes à feu (AAAF). Le précédant étant
créé, d’année en année et à la faveur de la passivité citoyenne, les lois et
les interdits se sont progressivement resserrés, le nombre de permis
obligatoires a été abusivement multiplié par trois puis par quatre jusqu’à ce que le
gouvernement fédéral instaure, en surprime, un registre officiel pour les
simples armes à feu d’épaule (en 1995) et qu’il en confie l’administration sous
la responsabilité exclusive de la GRC (en 2006).
À cet égard, le discours est devenu récurrent ! De
1977 à 2016, la tangente législative indique du reste parfaitement bien l’issue finale
de cette déchéance graduelle des droits et libertés ! Pour les représentants
des différents corps policiers qui interviennent publiquement au nom de leurs milliers de membres et pour les deux paliers de gouvernements
supérieurs qui perçoivent le peuple comme une menace potentielle, les armes à
feu sont des boucs émissaires parfaits. Pour ces officiers de justice et pour le Législateur qui parlent désormais d'une seule voix, elles sont la cause
plutôt qu’un moyen parmi tant d’autres.
Dans cet interminable épisode de lois de plus en plus
restrictives imposées aux détenteurs d’armes à feu par le Parlement fédéral, le
seul et court répit est venu avec la loi de 2012, votée par le gouvernement
Conservateur de Stephen Harper, pour détruire l’inefficace, contraignant,
inutile et onéreux registre des armes d’épaule. Ce qui fut fait subito presto à la grandeur du pays…
sauf, évidemment, pour le Québec qui, sous prétexte d’être une société
distincte lavant son linge sale plus blanc que blanc, a exigé la récupération
de sa portion du registre pour lui redonner vie. Et c’est ce qui nous amène au
projet de loi 64, déposé dernièrement par le gouvernement libéral de Philippe
Couillard, qui a entrepris, encore une fois, de faire passer les propriétaires
d’armes à feu comme des arriérés et des criminels potentiels, de nier leurs coutumes
ancestrales à cet égard et de les mettre en rupture de ban avec leur propre
Parlement.
Cette manière de faire typiquement québécoise est non
seulement injuste par rapport au reste du Canada, humiliante et
contre-productive ; elle va également dans le sens contraire de l’histoire de
ce pays qui, à compter du milieu du XVIIe siècle, obligeait tous les habitants
de la colonie à se déplacer et à porter «
sur soy », en tous temps, leurs fusils et suffisamment de munitions pour se
défendre du péril iroquois. Avec le Parti libéral au pouvoir, tant à Québec qu’à
Ottawa, tout indique aujourd’hui que, s’ils ne veillent au grain, les
propriétaires d’armes à feu verront leurs Parlements élargir encore le fossé
qui les éloigne de plus en plus de leurs racines, de leur histoire héroïque et
de la liberté de leurs pères et mères.
Comment pourrions-nous le voir autrement quand, dans le
discours officiel ratiociné conjointement dans les bureaux de la rue Parthenais
à Montréal et au Parlement de Québec, ce qui était historiquement un « DROIT »
inaliénable, est subitement devenu un simple « PRIVILÈGE » accordé au terme
d’une course à obstacles de plus en plus difficiles à surmonter ? Et comment
pourrions-nous ne pas nous en inquiéter quand le président de l’Association des
policiers provinciaux sort de son devoir de réserve pour sermoner publiquement
les députés dissidents du Québec en leur disant qu’ « il va falloir [qu’ils] comprennent que le projet de loi vise à servir
8 millions de personnes au Québec, pas 17 000 chasseurs »*
(sic), et que le premier ministre
lui répond directement de Davos par journaux interposés**
pour le rassurer et lui répéter qu’il y aura un registre, peu importe ce qu’en
pensent les populations des régions du Québec (en dehors de Montréal) qu’il
humilie et réduit à une portion méprisable de quelques chasseurs (sic)…
Akakia
Akakia