Les délires d'Akakia

vendredi, mars 30, 2018

Saguenay, la ville-parking ! Et une mémoire à vau-l'eau...


Denis Villeneuve, in Le Quotidien, 30 mars 2018

SAGUENAY, LA VILLE-PARKING ! ET UNE MÉMOIRE À VAU-L’EAU...

Cachez cette fresque que je ne saurais voir, ça pourrait vous émouvoir et vous éblouir ! Tout le monde sait ça, à Saguenay, la ville fourre-tout, le patrimoine rend aveugle et l’histoire rend fou.

« Conserver ce mur est un projet en soi qui entraînerait des frais importants. Je suis un particulier qui opère un restaurant et qui veut le reconstruire. Je ne suis pas un historien. Personne n’est venu me voir pour me dire on va t’aider financièrement » ajoute M. Abraham, fils, un des actionnaires du réputé restaurant « George Stake House ».

Les Français réussissent à reconstruire un château du Moyen-Age alors qu’il ne reste que la moitié d’un mur et un monceau de pierres. Qu’on vienne pas me dire de telles sottises pour justifier notre inculture et notre absence d’intérêt envers les témoins de notre passé ! Voilà pourquoi j’ai cessé de me battre pour la préservation du patrimoine bâti et historique à Chicoutimi et au Saguenay. C’est peine perdu ! Ce sont ces mêmes « développeurs » qui, une fois dans leur vie, s’en vont s’extasier devant le patrimoine des autres en déplorant la perte du leur !

J’appartiens à une communauté de marmottes qui a perdu tout lien avec son histoire et qui s’est emprisonnée dans son présent. Continuez de mourir dans votre insignifiance crasse, puisque vous aimez ça ! On met des fleurs de plastique là où il y avait des jardins naturels, des animaux empaillés pour vanter notre faune locale, des plaques de plâtre gravées du nom des fondateurs pour justifier la démolition de sa maison qu’on entend remplacer par une station à essence laide comme un pou (rappelez-vous de la maison du fondateur de Chicoutimi, Peter McLeod). On détruit de nuit la maison du poète pour sauver sur la taxe municipale et en faire un parking payant. Pourquoi s’en faire avec si peu et pour une simple « affiche vintage », belle à faire rêver et qui suscite un peu trop d’émoi auprès des passants ?

Qu’on me pardonne si je radote, je ne suis plus de mon temps, je le sais bien, et j’ai un peu l’esprit tourné sur le passé ! Après tout, je ne suis ni marchand, ni restaurateur, ni banquier. Faut bien gagner sa vie !

Akakia

vendredi, mars 23, 2018

Un Canada maintenant totalement asexué. Bravo Justin, tu viens de te surpasser !!!



Source  : La Presse, 23 mars 2018

UN CANADA MAINTENANT TOTALEMENT ASEXUÉ. TANT QU’À ÊTRE FOU, C’EST COMME ÇA QUE J’AIME ÇA ! BRAVO JUSTIN, TU VIENS DE TE SURPASSER !

En tant que membre du cercle très restreint des femmes trans, je trouve cette décision complètement débile ! Il faut vraiment n’avoir aucun projet de société à proposer à notre pays pour en être rendu là !

Après avoir déclaré à la face du monde que le Canada était le premier pays de l’histoire de l’humanité à ne pas avoir d’identité. Après avoir fait un fou de lui en s’affublant comme un clown partout où il se produit. Voilà que le gamin pas très futé que nous avons élu comme premier ministre s’applique à réduire notre humanité à un monde peuplé de licornes, désincarné, sans genre et asexué. Pour cultiver la confusion et ajouter un étage de plus de la tour de Babel, c’est la recette parfaite.

Permettez que je vous dise : Vous l’avez voulu, vous lui avez donné les clés du Parlement, vous l’avez adulé comme un phénix alors qu’il n’y avait rien entre les deux ailes. Ne vous en prenez qu’à vous ! En deux ans et demi, ce gamin a fait reculer le Canada comme jamais un gouvernement n’avait réussi à le faire avant lui.

Comprenez-moi bien. Les trans ne sont même pas un pour cent dans ce pays et ont avancé, au chapitre de l’acceptation sociale à cet égard, comme aucun pays au monde. Pour le confort de tous, nous avons socialement accepté les changements de genre dans les actes de l’Etat civil. Depuis 2011, le Québec défraie les opérations de réatribution de sexe et s’enorgueillit d’avoir l’une des meilleures cliniques du genre au monde. Nous avons réglé l’épineuse question des toilettes publiques et protégeons les droits de tous ceux et celles qui affirment une différence, quel qu’elle soit. Ce n’est pas rien. Ce que nous avons accompli est énorme. La société a fait un pas de géant et c’est admirable. Nous (les trans) sommes maintenant normalisés dans l’ensemble de la société, qu’on vive à Terre-Neuve, au Nunavut ou à Vancouver. Il faut, en cela, nous féliciter et éviter de pousser le bouchon trop loin.

Mon avis. Commençons par apprécier ces avancées révolutionnaires et félicitons-nous que tout se passe si bien. Maintenant que nous avons gravi ensemble ce sommet de l’Éverest sociétal, laissons-nous un peu de temps pour digérer tout ça et considérons qu’il y aura toujours, dans nos sociétés, autant d’hommes que de femmes, des mamans et des papas, des grands-mamans et des grands-papas qui travaillent dur pour laisser un « patrimoine », et il y a, parmi tout ça, une infime proportion de gens qui auront à faire un effort supplémentaire afin de rendre leur genre conforme à leur sentiment d’être dans le groupe humain.

Pour ma part, le plus important, c’est d’avoir réussi à donner le meilleur de moi-même à ma société dans le temp que j’habitais le monde des hommes et depuis que je partage celui des femmes. Je n’ai pas fait tous ces sacrifices, tous ces efforts pour me faire dire que le genre n’est qu’une illusion. Ceux qui voudront vous faire croire cela, sont soit des menteurs soit des idiots. Et dans le cas présent qui nous occupe, je crois que c’est le second qui en est la cause...

Akakia

dimanche, mars 18, 2018

L'honneur, ce petit rien du tout qui fait toute la différence et qui, hélas, fait défaut à notre temps !



Winston Churchill, se prêtant de bon gré à un bain de foule à Québec, en 1943. Le Canada était alors appelé à jouer un rôle de premier plan dans ce qui allait devenir le plus grand fait d'armes de l'histoire de l'humanité : le débarquement de Normandie, le 6 juin 1944.


Dans son discours prononcé le 19 mai 1940 et radiodiffusé à la BBC de Londres alors que la France courbait déjà le dos devant les premiers assauts de l’armée nazie, le premier ministre Winston Churchill, ne perdit pas de temps de son côté pour tracer, d’un trait profond, la distance morale qu’il n’accepterait jamais de franchir malgré la puissance des forces adverses : « Face au péril suprême », dit-il alors, « nous n’hésiterons pas à prendre toutes les mesures, même les plus radicales, pour obtenir de notre peuple la dernière once et le dernier pouce d’effort dont il est capable. Les intérêts de la propriété et les heures de travail ne sont rien, en regard de la lutte pour la vie et pour l’HONNEUR, pour le droit et pour la liberté, à laquelle nous nous sommes consacrées. »

Pendant les quatre années d’enfer qui suivirent le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Pendant ces temps d’incertitudes et de défections, celui qui, par son courage, sa moralité et sa détermination exemplaires, allait devenir la figure historique la plus marquante du XXe siècle, ne fléchira jamais devant l’ampleur du défi. D’un esprit souverain, le plus humain des hommes restera les yeux fixés sur le principe universel justifiant ses décisions, ses gestes et ses appels aux sacrifices dans la perspective de jours meilleurs ! « L’HONNEUR », le mot est récurrent dans tous ses discours. Dans cette nuit de ténèbre dans laquelle a été précipité le monde libre par la lie de l’humanité, Winston Churchill savait trouver, dans cette qualité humaine qui fait toute la différence, toute la lumière qu’il lui fallait pour guider ses pas dans ce chapitre d’histoire : « Nous ne sommes pas entrés en guerre dans un esprit de profit ou d’expansion », dira-t-il deux ans plus tard, au tournant du conflit, « mais seulement pour l’HONNEUR et pour faire notre devoir en défendant le droit. »

Cela dit, je vais probablement vous paraître dépassée, mais je me félicite toujours de faire partie du dernier groupe de résistants et de résistantes qui croient que l’HONNEUR, le courage, la recherche de la vérité et la quête de liberté des individus qui ne va pas sans le souci de s'émanciper au sein de la fraternité, sont encore et pour toujours les seules valeurs universelles qui permettent, aujourd’hui, à l'humanité de justifier encore son existence.
Dans cette époque pourrie que nous traversons, je suis également et farouchement d’avis qu’Il faut être, jusqu’à son trépas, engagé envers sa conscience bien au-delà de ce que la nécessité du corps, l’instinct de survie et le besoin de paraître commandent. Aujourd’hui, la décadence des mœurs politiques et la compromission de nos élites envers les forces de l’argent, nous ont fait décaler l’HONNEUR au rang des valeurs ringardes qui nous recalent à une époque révolue, dépassée. Croire à un tel aboutissement, nous éloigne, au contraire, du grand projet de l’humanité et nous abandonne aux forces vilaines du pouvoir qui ne vit qu’en fonction du pouvoir et pour le profit de celui qui le détient. Le combat de la vie me l'a appris ; l’HONNEUR ne s’obtient jamais au terme d’une soumission ou d’une compromission ; comme la vertu et la dignité qui relèvent d’un code d’éthique régi par une morale souveraine et indéfectible, l’HONNEUR se mérite et ne se quémande pas ! J’aimerais le rappeler à ceux et celles qui ont entrepris de faire peser sur eux et sur elles le poids de notre destinée commune. Arrêtez de nous déshonorer par vos agissements et défections. Reprenez-vous, le temps presse…

Akakia

vendredi, mars 09, 2018

Les Pays d'en Haut, nouvelle version, tout compte fait je préfère la dernière...


Arthur Buies et son ami, le curé Label

Parlez-en en mal, parlez-en en bien, mais parlez-en dit l'adage ! Pour une fois qu'on a une série télévisée qui nous replonge dans notre passé pas si lointain, ce passé qui est bel et bien à nous, faut-il vraiment s'émouvoir des petites erreurs historiques et des anachronismes que d'aucuns disent y avoir notés. Quelle est la part du vrai et la part du faux entre la Donalda de la première version et celle de la seconde ? Entre le Buies de la première et celui de la seconde ? Entre le Séraphin tenu par Jean-Pierre Masson et celui tenu par Vincent Leclerc ? 

Pour les puristes qui s'ennuient de la première version et aimaient bien voir Donalda soumise comme une poupée. Pour ces messieurs qui aimaient bien le Ti-Père Ovide joué par Pierre Daigneault et tous ces autres, cessez de vous en faire pour si peu, tout compte fait j'aime beaucoup mieux la seconde version que la première car elle a au moins le mérite de lever un coin du voile sur un côté oublié de la vie quotidienne dans notre ancien temps.

Il faut lire les Mémoires de Val-D’Ombre (pseudonyme de C.-H. Grignon), pour savoir comment il a construit ses personnages. Et il ne faut surtout pas tenir rigueur à la dernière version westernisée pour le déphasage de la fresque historique. Pour être en mesure de faire sa production télévisée et filmographique, Grignon a dû se plier à la censure de l’Église catholique, trahir tous ses personnages et en faire des êtres soumis, pleutres et incapables de quelque rébellion. Ce qui n’était manifestement pas la réalité.

D’ailleurs, la version que nous écoutons est inspirée de la série Deadwood, produite par HBO voilà une dizaine d'années. Moi,personnellement, j’aime mieux le Séraphin et la Donalda d’aujourd’hui, qui sont infiniment plus près de la réalité historique que dans la version première. Pour l’utilisation des armes à feu, je vous signale que le port d’arme dans les rues était tout à fait légal jusqu’en 1935, dans les villages des régions. Regardez les fresques de Krieghoff et vous allez voir des Indiens portant fusils à la main dans les rues de Québec au milieu du XIXe. Même le port du révolver, quoi que moins populaire que chez nos voisins du sud, était totalement libre jusqu'au milieu des années trente.

Pensez-vous seulement qu’il n’y avait pas de violence à cette époque ? Pas de femmes homosexuelles ? Pas de femmes à la cuisse légère ? Pas de femmes rebelles ? Pas de coups de fusil dans la nuit ? Pas de curés libertaires et aimant le whisky blanc ? Pas de maires pourris ? 

Ben voyons donc !

Pour celui qui, ce matin sur le net, s'est offusqué d'avoir vu apparaître un « maudit Musulman » [sic], qu'il se console, ce n’était pas un Musulman, mais un Syrien. Et il était probablement chrétien ?! Car il y en avait plein au Québec à la fin du XIXe. De même que les Doukhobors venus de Russie, des Irlandais, des Écossais, des Français, etc.... Ces Syriens se faisaient « peddleurs » comme on disait à l'époque. Au Saguenay comme dans toutes les régions de colonisation, ils ont partagé cet espace publique avec les commis voyageurs, ont fait connaître les premiers produits exotiques comme les oranges et les bananes, et présenté les premiers spectacles visuels avec la fameuse lanterne magique (eh oui, ce sketch était éminemment véridique et d’époque !) 

C’est exactement ce que l’on voit dans la nouvelle version des Pays d’en Haut. Oui, il y a plusieurs erreurs historiques dans ce dernier cru, mais cette version est plus près de la réalité que la première où tout le monde était soumis envers les institutions, ce qui est loin d’être vrai.

Prenez, par exemple, l’anti-cléricalisme d'Arthur Buies. Eh bien le bonhomme s’était même engagé, dans sa jeunesse, dans les Troupes de Garibaldi, l’armée populaire levée pour combattre Le pape par les armes. Alors quand on le voit brutaliser un faux-prêtre et critiquer l’archevêque, cela tient le coup. Buies ne s’était converti au christianisme qu'au troisième tiers de sa vie, après avoir eu, dit-on, une apparition de la Vierge Marie.

Akakia