Les délires d'Akakia

vendredi, juin 02, 2023

« Décoloniser l’histoire de la fondation du poste de traite de Chicoutimi »

 

Sur cette portion de la carte de la Nouvelle-France dessinée par Nicolas Belin en 1755, nous y voyons formellement les trois communautés autochtones qui occupaient le Saguenay-Lac-Saint-Jean encore à cette époque : les Piékouakamiens, les Chekoutimiens et les Tadoussaciens.

« DÉCOLONISER L’HISTOIRE DE LA FONDATION DE CHICOUTIMI »

En entrevue à Radio-Canada après la conférence de presse, MME Joan Simard, qui n’a manifestement jamais lu un livre d’histoire du Saguenay d’un couvert à l’autre, nous a annoncé qu’elle avait pris la tête des fêtes de la pseudo fondation du poste de traite de Chicoutimi « en 1676 » (sic)… pour « décoloniser l’histoire » de sa fondation. Bien d’accord à ce que son comité   implique les Indiens de Mashteuiatsh, ils sont incontournables, mais il lui faudrait au moins savoir de quoi elle parle. « Décoloniser l’histoire », le programme politique des wokes ! Nous voilà bien pris ! Que ne ferait-on pas pour quêter une ou deux subventions et justifier sa totale incompétence en histoire !?

Petite correction bien simple qui s’impose au premier abord. A l’époque de la fondation, le Saguenay-Lac-Saint-Jean était réparti en trois territoires autochtones et ce partage n’avait rien à voir avec la colonisation car il avait été déterminé par 4000 ans de présence autochtone… par les autochtones eux-mêmes ! Nommons-les : les Piekouagamiens du Lac-SaintJean, les Chicoutimiens du Haut-Saguenay (de l’Anse-à-Peltier à la tête du lac Kenogami) et les Tadoussaciens du Bas-Saguenay. C’est la création des réserves indiennes par le gouvernement fédéral, en 1853, qui a modifié cette carte et trahi l’histoire de l’occupation du territoire. Mashteuiatsh, à laquelle je suis personnellement associée et partie prenante avec plusieurs de mes ancêtres autochtones, est d’ailleurs  le dernier relent de cette colonisation canadienne.

Deuxième correction qui m’apparaît cruciale avant de célébrer cette « décolonisation de notre histoire » (sic) : Où sont les Métis dans votre programme, Madame Simard ? Pour comprendre l’importance de ma question, il n’est pas inutile de vous informer du simple fait qu’à l’époque de la traite des fourrures, la société évoluant dans l’air d’influence du poste et de la mission de Chicoutimi, se lisait à peu près comme suit : en haut de la pyramide sociale, les propriétaires du monopole et leurs engagés, en bas de la pyramide ceux que l’on appelait à l’époque les « Sauvages », ce qui n’avait alors rien de péjoratif, et au beau milieu les Métis qui servaient d’intermédiaires entre les deux et qui faisaient peuple avec les Indiens. Et pour dire encore plus juste, les Métis composaient la seule population permanente du poste et de la mission. Car les engagés y vivaient en moyenne quatre années et les « Indiens » étant  nomades n’y venaient que pour le temps de la traite. 

« Décoloniser » l’histoire du poste de traite de Chicoutimi, la contradiction est totale, car c’est là justement l’histoire d’une colonisation ! J’ai hâte de lire ce que vous allez écrire pour vous défaire d’une telle contradiction…

Vous comprenez maintenant pourquoi j’avais refusé, dès le début, de me joindre à ce groupe de convertis. Simplement parce que je craignais ce dérapage historiographique que vient de nous annoncer Mme Joan Simard…

Akakia