Les délires d'Akakia

vendredi, juillet 17, 2015

Signature prochaine du traité Québec-Ilnutsh, le danger de conflits inter-ethniques avec les Hurons et les Métis est réel !


Pendant que les Ilnutsh de la Basse Côte-Nord bloquent la route menant au chantier hydroélectrique de la rivière Romaine (pour cause de droits ancestraux allégués !), leurs frères et soeurs du Lac-Saint-Jean s’en prennent ouvertement aux Hurons-Wendat de la région de Québec qui s’opposent vertement au projet de traité que le gouvernement du Québec s’apprête à signer avec les Ilnutsh. Depuis l’annonce du projet de l’Approche Commune (EPOG), le 14 juillet 2000, jamais des mots aussi durs n’avaient été proférés à la fois par les promoteurs (Ilnutsh) et par leurs frères ennemis d’aujourd’hui (Hurons). Même l’arrogance et le mépris affichés par les chefs Ilnutsh de l’époque contre les détracteurs qu’ils qualifiaient péjorativement « d’allochtones » (sic) n’avaient atteint un tel degré d’intolérance.

De fait, selon ce qui ressort d’une lettre circulaire expédiée par le Grand chef des Hurons-Wendat (Konrad Sioui) aux maires de 178 municipalités du Québec, la signature de ce traité négocié « sur [leur] dos » les dépouillera des droits ancestraux « exclusifs » qu’ils disent détenir sur le territoire du Parc des Laurentides et les condamne à un « génocide » assisté par le tandem État-Ilnutsh. Pour ce dernier, la menace est donc tout ce qu’il y a de plus sérieuse et les conséquences seront néfastes autant sur les plans juridique et politique que social. Dans une entrevue accordée subséquemment au journal le « Soleil », M. Sioui, loin de s’être apaisé, a renchéri et a même brandi le spectre « d’une autre crise d’Oka ».  Selon lui, cet « empressement » du gouvernement provincial à ratifier l’accord avec les Ilnutsh trouve sa raison dans la « stratégie de développement à long terme des ressources des régions du nord de la province ». 

Pour le Grand Chef des Ilnutsh de Mashteuiatsh, qui n’a vraiment pas apprécié la double démarche politique et médiatique de M. Sioui sur la question de l’occupation du territoire du Parc des Laurentides, il s’agit là, et je cite, de l’« attaque sournoise d’un Grand chef désespéré », d’une « démarche irrespectueuse et alarmiste, empreinte d’exagérations, de demi-vérités et de faussetés… ». Dans une lettre ouverte publiée dans l’édition du Quotidien, en date du 16 juillet, le Grand chef Gilbert Dominique reproche à M. Sioui de vouloir  se faire « accorder des « droits exclusifs » d’utilisation de ce territoire et de ses ressources, sans qu’aucune autre Première nation ne puisse y détenir des droits ».

De fait, tout est là ! Dans l’appétit gargantuesque et le manque de perspective du Gouvernement du Québec qui, malgré quinze années de contestation, se prépare à brader, contre nature, sa totale souveraineté sur son propre territoire, pourvu qu’il puisse piller les ressources naturelles du Nord sans devoir passer par les citoyens des régions. Bonjour l’acceptabilité sociale promise !...

Vingt-cinq ans après les événements d’Oka, nous sommes encore très loin des nuances de langage auxquelles la population devrait s’attendre des représentants amérindiens siégeants au plus haut niveau. Nous voilà donc replonger, à une ligne-près, dans les humeurs de la mise en garde que j’ai personnellement soutenue dans la foulée des annonces du projet de traité (EPOG), et dans le mémoire que j’ai déposé, le 12 février 2003, devant la commission parlementaire sur l’Approche Commune. Je crois que le premier ministre du Québec (M. Couillard) et son petit ministre délégué aux Affaires autochtones (M. Kelley, qui était justement là, à ce titre et tout à fait ignare des enjeux politiques souverains, en février 2003) devraient prendre acte de cette dernière menace et méditer sur les dangers d’un dérapage interethnique annoncé… 

Et ici, je ne parle pas seulement des Hurons-Wendat et de leurs craintes aussi clairement exprimées, mais également des citoyens des régions directement impliquées et, surtout, des Métis du Saguenay–Lac-Saint-Jean–Côte-Nord qui, eux aussi, se battent bec et ongles pour ne pas disparaître du radar de l’Histoire et qui réclament la reconnaissance de leurs droits ancestraux —partagés— sur ces mêmes territoires. Dans les circonstances où la cause des Métis de la Boréalie québécoise est du reste déférée devant la Cour d’Appel du Québec. Dans ces circonstances, où les gouvernements supérieurs ont planifié l’extinction des Métis dans les lois assassines promulguées depuis 1851, il serait tout à fait irrespectueux —et pour la Justice de ce pays et pour les droits associés aux populations autochtones reconnues par la Constitution canadienne, (Indiens, Inuits et Métis)— que le Gouvernement du Québec anticipe sur les procédures judiciaires déjà en cour et procède à la signature d’un traité qui, manifestement, n’est pas plus acceptable politiquement et socialement en 2015 qu’il ne l’était en juillet 2000…

Akakia