Les délires d'Akakia

jeudi, mars 06, 2008

La valse des vendeux de pays...


Il faut lire absolument la déclaration du maire de Saguenay, parue ce 6 mars, dans le journal Le Quotidien, à propos de ceux qui acceptent les hors-d'oeuvres de l'Alcan et le petit verre de piquette frelatée pour faire passer tout ça. Le maire Jean Tremblay a parfaitement raison quand il affirme et demande à ceux et celles qui ont dernièrement accepté bêtement de prendre place dans la loge de l'Alcan, tous frais payés, pour le spectacle du populaire chanteur Bruce Springsteen, au Centre Bell de Montréal : « Comment tu fais pour dire non à un fournisseur —clame alors le maire Tremblay— quand il vient juste de te payer la traite ? » 

Cette déclaration est on ne peut plus appropriée dans les circonstances où on a vu le maire de la ville d'Alma et quelques autres technocrates accepter les largesses de l'Alcan, le plus gros employeur et la plus grosse sangsue de ce pays. Cette phrase lourde de sens devrait faire partie du serment d'office de tous ceux et celles —maires, échevins, recteurs d'universités, chef syndicaux, etc...— qui ont l'ultime privilège d'occuper des fonctions publiques dans cette région qui n'en finit plus de s'appauvrir et de mourir par les compromissions des nôtres.

Un peuple de quêteux d'os de ragoûts, voilà ce à quoi nous ressemblons. C'est de cette manière, en donnant une dinde congelée à celui-ci, une bouteille de vin à celui-là et un voyage de pêche à cet autre qu'on a perdu tout le contrôle sur notre pays, sur ses ressources et sur ceux qui en décident. Toutes les entreprises qui sont venues nous sucer la moelle depuis les deux derniers siècles ont fait de même et elles nous ont tout raflé. Et voyez où nous en sommes rendus aujourd'hui. Nous y avons même perdu notre honneur !

On donne la forêt à une multinationale du papier qui l'a hypothéquée auprès des bourses de New York et de Londres ; on donne l'électricité et un fjord à une multinationale devenue chinoise et qui a déjà planifié comment elle raflera le pactole en entier d'ici vingt ans ; et on permet aux étrangers de se faire des villages autour de nos plus beaux paysages afin de se mériter le droit d'y faire le grand-ménage au printemps et à l'automne.

Félix-Antoine Savard, dans son « Menaud maître draveur » appelait ces gens du pays qui nous vendent de la sorte, les « Déliés ».  Parlant de ceux qui donnent la montagne à l'étranger dans le maigre espoir d'en devenir les gardiens, Savard écrit : «Menaud n’aimait point ce gars-là ! De tout son instinct d’homme libre et jaloux du sol. Pour lui, le Délié était un de ces traîtres, un de ces vendus qui livrent, pour de l’argent, la montagne et les chemins à l’étranger.»

Voilà le pays ! Voilà ce lieu qui s'appelle Tristesse !

Akakia