Les délires d'Akakia

jeudi, juin 23, 2011

Chicoutimi et ses monuments historiques en perdition – Faut-il encore espérer de Ville Saguenay ?!

Photos Russel Bouchard : le Monument du poste de traite de Chicoutimi, offert par Parcs Canada à la ville de Chicoutimi, en 2001, a été soulagé de sa plaque de bronze par des vandales en 2007 (photo du bas). Quatre ans de passé, et rien n'a été fait pour remplacer la plaque historique. La fusion municipale qui a amenée la création de Ville Saguenay a signé l'arrêt de mort de Chicoutimi et de son patrimoine historique. AKAKIA

(Pour lire le texte de la plaque dérobée, cliquez sur la photo)

« Raviver le passé » par François St-Gelais

Saguenay entretient une relation partagée avec son histoire. C'est, en substance, ce qu'a martelé l'historien Russel Bouchard, hier, dans nos pages. Ce dernier a profité d'une cérémonie organisée au monument du Coteau du Portage, dans le quartier du Bassin, à Chicoutimi, dans le cadre de la Journée des autochtones, pour réclamer que les élus de la capitale régionale investissent davantage dans la restauration et la mise en valeur de ces lieux de mémoire. Surtout ceux situés dans l'arrondissement chicoutimien, endroit dont les racines historiques remontent aussi loin qu'en 1661, lorsque ce nom apparaît pour la première fois sur les cartes.

État

L'historien Bouchard a raison de déplorer le piètre état de certains sites historiques de Chicoutimi. Il a aussi raison lorsqu'il affirme que davantage d'efforts ont été mis, au cours des dernières années, afin de restaurer le patrimoine et les lieux de mémoire clés des arrondissements de La Baie et de Jonquière.

À La Baie, le site du monument du semeur a été restauré et la Pyramide est devenue un lieu de rassemblement incontournable. À Jonquière, le parc Price a été revampé pour le plus grand plaisir des randonneurs. Ce ne sont que quelques exemples parmi d'autres.

À Chicoutimi, les principaux monuments sont, effectivement, oubliés. Par exemple, le site de l'ancien poste de traite, fondé en 1676, l'un des joyaux historiques et des plus importants jalons de l'histoire du «Royaume du SaguenayLac-Saint-Jean», est laissé dans la plus totale indifférence.

L'endroit, situé à un jet de pierre du centre-ville, dans un endroit magnifique près des rivières Saguenay et Chicoutimi, devrait depuis longtemps avoir été mis en valeur et faire l'objet de visites touristiques.

D'autant plus qu'il se trouve collé au site de la Vieille Pulperie, un site patrimonial déjà bien exploité, et adjacent au parc de la «petite maison blanche», devenu un très bel attrait encore couru aujourd'hui, 15 ans après le déluge.

Le potentiel historique et touristique du poste de traite est donc indéniable. Les dernières fouilles réalisées sur place en 2004 par une équipe dirigée par l'archéologue Érik Langevin, de l'UQAC, ont confirmé la richesse des lieux et son excellent état de conservation général. On imagine fort bien les croisiéristes débarqués à La Baie visiter un authentique poste de traite, lieu de rencontre jadis, des autochtones et des mythiques coureurs des bois... Le mythe du Canada sauvage...

Contexte

Certes, une partie du retard dans la mise en valeur du patrimoine chicoutimien est attribuable aux élus de Saguenay, qui déterminent les investissements et les projets à prioriser en cette matière et qui ont choisi d'explorer d'autres avenues.

Il ne faut pas non plus écarter de l'équation le contexte socio-économique des dernières années. La fusion qui a conduit à la création de Saguenay a mélangé les cartes. L'accent a été mis sur l'intégration des anciennes municipalités et sur la modernisation des outils économiques de ce qui est devenu l'une des plus grandes villes du Québec.

Les débats houleux sur le nom ont laissé des traces encore visibles aujourd'hui. Puis, des secousses économiques majeures ont ébranlé les arrondissements de La Baie et de Jonquière. Les élus ont investi d'abord à ces endroits.

Sans doute, le maire de Saguenay, Jean Tremblay, un élu de Chicoutimi, a préféré investir davantage dans les autres arrondissements afin de faciliter la fusion, de calmer la grogne.

Sur le plan politique, ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour brasser le passé, rappeler certains souvenirs, raviver de vieilles plaies. Sans doute, les élus chicoutimiens ont commis quelques erreurs en permettant la destruction de certains bâtiments historiques de l'arrondissement.

Maintenant, le contexte socioéconomique se prête à merveille à la réappropriation du passé de Chicoutimi. C'est au tout du centre-ville de cet arrondissement à subir sa cure de jouvence bien méritée. Les liens entre Saguenay et la Société historique du Saguenay sont plus solides.

Et, en 2013, le SaguenayLac-Saint-Jean célébrera ses 175 ans... »
François St-Gelais, Le Quotidien, Chicoutimi, 23 juin 2011


(Les Métis Russel Bouchard et Richard Harvey, lors de la cérémonie des offrandes aux mânes des ancêtres qui sommeillent dans le vieux cimetière de l'ancien poste de traite de CHicoutimi. Photo, courtoisie Jeannot Lévesque, le 21 juin 2011)

samedi, juin 18, 2011

Chicoutimi et ses monuments historiques... en perdition ! C'est comme ça qu'un peuple disparaît sans laisser de traces...

EXTRAIT de cette chronique : « Pourquoi le monument du Coteau du Portage est-il laissé à lui-même, à l'abandon ? [...] Faudra-t-il passer par les échevins de La Baie et de Jonquière pour avoir un peu de considération à Chicoutimi quand il est question de patrimoine, de mémoire et d'environnement ? »


Chicoutimi, là où notre histoire commence... et là où elle se terminera !!!

Chicoutimi fête cette année le 350 anniversaire de sa naissance. Avec Nicabau et Métabetchouan, c'est le nom le plus ancien du Saguenay. Il était là avant qu'un Blanc, Nicolas Peltier, vienne y planter son wigwam et faire un premier mariage « à la mode du pays » avec une amérindienne des lieux (Madeleine Tego8chik). Dans les temps immémoriaux, quand le temps était à l'aventure et aux explorations, c'est-à-dire bien avant que des arrivants y construisent un premier hôtel de ville, on y accédait en canot d'écorce et en barque à voile, parfois en petit voilier puisque le courant y était fort et le tirant d'eau faible. De 1676 à 1842 qui marque la fin du monopole de la traite des fourrures, Chicoutimi était le centre du Domaine du Roi. C'est là que les missionnaires venaient donner la mission à leurs convertis (Indiens et Métis), et c'est là que les traiteurs récupéraient, pour beaucoup moins que rien, le gros des fourrures récoltées entre le lac Mistassini et Tadoussac.

Pendant cette époque particulièrement héroïque, des hommes et des femmes sont venus. Ils y ont passé, ont pris des notes et ont marqué l'histoire de leurs pas quand ce n'était pas de leurs plumes. Pour souligner ce fait fondateur, le 24 juin 1937, la Société historique du Saguenay et la Société Saint-Jean-Baptiste, ont dessiné et fait construire un magnifique, modeste et évocateur mémorial qu'ils ont baptisé « Monument du Coteau du Portage ». Car c'est ici que les gens débarquaient pour se reposer une journée ou deux avant d'entreprendre la montée du long et éreintant sentier les menant en haut de la grande cataracte de la rivière de Kinogamingue (qui est devenue rivière Chicoutimi).

Parmi ces visiteurs de marque et passagers de l'histoire, les maîtres d'oeuvre de ce monument ont retenu 38 noms, tous des célébrités historiques, dont le Jésuite Jean Dequen (1647), « découvreur » du lac Saint Jean ; le père Claude Dablon, à qui nous devons justement la révélation du nom de Chicoutimi (1661) ; Louis Jolliet, le découvreur du Mississipi ; le botaniste français André Michaux, et des dizaines d'autres tous aussi célèbres. (Voyez la liste complète, à la fin de cette chronique)


Des monuments évocateurs en décrépitude

Mais, dans l'optique des administrateurs de Ville Saguenay, cette histoire riche d'évocations et de symboles, n'est rien. En tout cas, c'est ce que laisse voir l'état de décrépitude avancé des monuments laissés à eux-mêmes dans ce qui est tristement devenu « l'arrondissement Chicoutimi ». Un quartier délaissé sur le plan patrimonial, méprisé par ses élus, et réduit à la mendicité quand il est question d'investissements culturels. Si j'ai tort, qu'on me dise alors pourquoi il a fallu tant guerroyer pour garder le monument Price sur son socle originel ? Pourquoi, le monument du Poste de Traite de Chicoutimi, qui a perdu son écriteau de bronze en 2007, n'a pas été restauré ? Pourquoi le monument du Coteau du Portage est-il laissé à lui-même, à l'abandon ? (voir photos)

Où est l'honneur de cette ville ?

Je ne comprends pas et n'accepte pas l'attitude de nos élus et de nos fonctionnaires quand vient le temps d'obtenir notre dû en matière patrimonial. Quand les citoyens de La Baie ont réclamé un port en eau profonde et la reconstruction d'un village touriste qui a fait grimper la facture à plus de 40M$, les Chicoutimiens ont dit oui et applaudi. Car ils avaient jugé que La Baie le méritait et en avait bien besoin. Quand les mêmes citoyens de La Baie ont demandé les dollars nécessaires à la restauration du Monument des 21, les Chicoutimiens ont, encore là, applaudi, car ils se sentent solidaires de leur histoire qui est aussi la leur. Quand les Jonquiérois ont réclamé des sous pour restaurer le vieux théâtre Palace d'Arvida, les Chicoutimiens ont dit oui et applaudi, parce que cet édifice patrimonial méritait d'être sauvé et qu'ils se sont sentis solidaires. Quand les Jonquiérois, ont demandé encore des dollars pour restaurer le Parc Price, les Chicoutimiens ont encore là dit oui, car l'endroit est beau, il est évocateur de notre histoire et il mérite d'être mis en valeur.

À chaque fois, quand les citoyens des anciennes villes voisines ont demandé aide et considération, les Chicoutimiens ont dit oui à deux mains ! Mais quand ils ont demandé, à leur tour un peu d'attention de leurs voisins, quand ils ont demandé la construction d'une vraie salle de spectacle à Chicoutimi pour célébrer les hauts faits de la culture régional, le maire et son conseil ont dit : il faut aller en référendum. Comme pour le respect du nom de Chicoutimi, le référendum a tranché. Les choses étant ce qu'elles sont dans cette ville de carton pâte, les citoyens de La Baie et les citoyens de Jonquière ont unis leurs voix et ont répondu non ! Car quand il s'agit de donner à Chicoutimi ce qui lui revient en toute justice, c'est un référendum voué à être perdu d'avance pour eux, qui tranche le débat. La démocratie a parlé, argue-t-on à chaque fois pour nous faire accepter l'affront qui ne va pas sans l'humiliation et la perte de confiance dans ce système.

De cette manière, tous les dossiers visant à mettre en valeur le patrimoine historique, architectural et culturel de Chicoutimi est voué à l'échec. À commencé par les monuments laissés en décrépitudes. Comme celui du Coteau du Portage, même pas nettoyé des méfaits des dix derniers hivers comme en témoignent ces photos du jour. Faudra-t-il passer par les échevins de La Baie et de Jonquière pour avoir un peu de considération à Chicoutimi quand il est question de patrimoine, de mémoire et d'environnement ?

Akakia

Dans un prochain texte, je vous parlerai de l'histoire du monument du Poste de Traite de Chicoutimi qui, en 2007, s'est fait voler sa plaque de cuivre, et qui a été totalement délaissé par les élus de la ville, les fonctionnaires et les dirigeants du Musée de la Pulperie qui sont, dit-on, responsables de ce site historique et patrimonial...

Liste des noms apparaissant sur la plaque du monument du Coteau du Portage :
Jean Dequen (jésuite)
Gabriel Drouillette (jésuite)
Claude Dablon (jésuite)
Michel LeNeuf de la Vallière
Guillaume Couture
Charles Albanel (jésuite)
Paul Denis de Saint-Simon
François de Crespieul (jésuite)
Nicolas Peltier
Nicolas Juchereau de St-Denis
Pierre Bécard de Grandville
Charles Bazire
Antoine de Silvy (jésuite)
Louis Jollier
Antoine Dalmas (jésuite)
Nicolas Jérémie de la Montagne
Charles Aubert de la Chesnaye
François Malherbe (jésuite)
Denis Riverin
Pierre Laure (jésuite)
Les deux frères Dorval
Jean-Baptiste LeGardeur de Tilly
Joseph-Laurent Normandin
François-Étienne Cugnet
Jean-Baptiste Maurice (jésuite)
Claude-Godefroy Coquart (jésuite)
François Verreault
Jean-Baptiste de La Brosse (jésuite)
André Michaud
James McKenzie
Pascal Taché
Marc-P. de Sales Laterrière
Andrew Stuart
Joseph Hamel
Joseph Bouchette
J.-P. Proulx
Geroge Simpson
Peter McLeod