Chicoutimi et ses monuments historiques... en perdition ! C'est comme ça qu'un peuple disparaît sans laisser de traces...
EXTRAIT de cette chronique : « Pourquoi le monument du Coteau du Portage est-il laissé à lui-même, à l'abandon ? [...] Faudra-t-il passer par les échevins de La Baie et de Jonquière pour avoir un peu de considération à Chicoutimi quand il est question de patrimoine, de mémoire et d'environnement ? »
Chicoutimi, là où notre histoire commence... et là où elle se terminera !!!
Chicoutimi fête cette année le 350 anniversaire de sa naissance. Avec Nicabau et Métabetchouan, c'est le nom le plus ancien du Saguenay. Il était là avant qu'un Blanc, Nicolas Peltier, vienne y planter son wigwam et faire un premier mariage « à la mode du pays » avec une amérindienne des lieux (Madeleine Tego8chik). Dans les temps immémoriaux, quand le temps était à l'aventure et aux explorations, c'est-à-dire bien avant que des arrivants y construisent un premier hôtel de ville, on y accédait en canot d'écorce et en barque à voile, parfois en petit voilier puisque le courant y était fort et le tirant d'eau faible. De 1676 à 1842 qui marque la fin du monopole de la traite des fourrures, Chicoutimi était le centre du Domaine du Roi. C'est là que les missionnaires venaient donner la mission à leurs convertis (Indiens et Métis), et c'est là que les traiteurs récupéraient, pour beaucoup moins que rien, le gros des fourrures récoltées entre le lac Mistassini et Tadoussac.
Pendant cette époque particulièrement héroïque, des hommes et des femmes sont venus. Ils y ont passé, ont pris des notes et ont marqué l'histoire de leurs pas quand ce n'était pas de leurs plumes. Pour souligner ce fait fondateur, le 24 juin 1937, la Société historique du Saguenay et la Société Saint-Jean-Baptiste, ont dessiné et fait construire un magnifique, modeste et évocateur mémorial qu'ils ont baptisé « Monument du Coteau du Portage ». Car c'est ici que les gens débarquaient pour se reposer une journée ou deux avant d'entreprendre la montée du long et éreintant sentier les menant en haut de la grande cataracte de la rivière de Kinogamingue (qui est devenue rivière Chicoutimi).
Parmi ces visiteurs de marque et passagers de l'histoire, les maîtres d'oeuvre de ce monument ont retenu 38 noms, tous des célébrités historiques, dont le Jésuite Jean Dequen (1647), « découvreur » du lac Saint Jean ; le père Claude Dablon, à qui nous devons justement la révélation du nom de Chicoutimi (1661) ; Louis Jolliet, le découvreur du Mississipi ; le botaniste français André Michaux, et des dizaines d'autres tous aussi célèbres. (Voyez la liste complète, à la fin de cette chronique)
Des monuments évocateurs en décrépitude
Mais, dans l'optique des administrateurs de Ville Saguenay, cette histoire riche d'évocations et de symboles, n'est rien. En tout cas, c'est ce que laisse voir l'état de décrépitude avancé des monuments laissés à eux-mêmes dans ce qui est tristement devenu « l'arrondissement Chicoutimi ». Un quartier délaissé sur le plan patrimonial, méprisé par ses élus, et réduit à la mendicité quand il est question d'investissements culturels. Si j'ai tort, qu'on me dise alors pourquoi il a fallu tant guerroyer pour garder le monument Price sur son socle originel ? Pourquoi, le monument du Poste de Traite de Chicoutimi, qui a perdu son écriteau de bronze en 2007, n'a pas été restauré ? Pourquoi le monument du Coteau du Portage est-il laissé à lui-même, à l'abandon ? (voir photos)
Où est l'honneur de cette ville ?
Je ne comprends pas et n'accepte pas l'attitude de nos élus et de nos fonctionnaires quand vient le temps d'obtenir notre dû en matière patrimonial. Quand les citoyens de La Baie ont réclamé un port en eau profonde et la reconstruction d'un village touriste qui a fait grimper la facture à plus de 40M$, les Chicoutimiens ont dit oui et applaudi. Car ils avaient jugé que La Baie le méritait et en avait bien besoin. Quand les mêmes citoyens de La Baie ont demandé les dollars nécessaires à la restauration du Monument des 21, les Chicoutimiens ont, encore là, applaudi, car ils se sentent solidaires de leur histoire qui est aussi la leur. Quand les Jonquiérois ont réclamé des sous pour restaurer le vieux théâtre Palace d'Arvida, les Chicoutimiens ont dit oui et applaudi, parce que cet édifice patrimonial méritait d'être sauvé et qu'ils se sont sentis solidaires. Quand les Jonquiérois, ont demandé encore des dollars pour restaurer le Parc Price, les Chicoutimiens ont encore là dit oui, car l'endroit est beau, il est évocateur de notre histoire et il mérite d'être mis en valeur.
À chaque fois, quand les citoyens des anciennes villes voisines ont demandé aide et considération, les Chicoutimiens ont dit oui à deux mains ! Mais quand ils ont demandé, à leur tour un peu d'attention de leurs voisins, quand ils ont demandé la construction d'une vraie salle de spectacle à Chicoutimi pour célébrer les hauts faits de la culture régional, le maire et son conseil ont dit : il faut aller en référendum. Comme pour le respect du nom de Chicoutimi, le référendum a tranché. Les choses étant ce qu'elles sont dans cette ville de carton pâte, les citoyens de La Baie et les citoyens de Jonquière ont unis leurs voix et ont répondu non ! Car quand il s'agit de donner à Chicoutimi ce qui lui revient en toute justice, c'est un référendum voué à être perdu d'avance pour eux, qui tranche le débat. La démocratie a parlé, argue-t-on à chaque fois pour nous faire accepter l'affront qui ne va pas sans l'humiliation et la perte de confiance dans ce système.
De cette manière, tous les dossiers visant à mettre en valeur le patrimoine historique, architectural et culturel de Chicoutimi est voué à l'échec. À commencé par les monuments laissés en décrépitudes. Comme celui du Coteau du Portage, même pas nettoyé des méfaits des dix derniers hivers comme en témoignent ces photos du jour. Faudra-t-il passer par les échevins de La Baie et de Jonquière pour avoir un peu de considération à Chicoutimi quand il est question de patrimoine, de mémoire et d'environnement ?
Akakia
Dans un prochain texte, je vous parlerai de l'histoire du monument du Poste de Traite de Chicoutimi qui, en 2007, s'est fait voler sa plaque de cuivre, et qui a été totalement délaissé par les élus de la ville, les fonctionnaires et les dirigeants du Musée de la Pulperie qui sont, dit-on, responsables de ce site historique et patrimonial...
Liste des noms apparaissant sur la plaque du monument du Coteau du Portage :
Jean Dequen (jésuite)
Gabriel Drouillette (jésuite)
Claude Dablon (jésuite)
Michel LeNeuf de la Vallière
Guillaume Couture
Charles Albanel (jésuite)
Paul Denis de Saint-Simon
François de Crespieul (jésuite)
Nicolas Peltier
Nicolas Juchereau de St-Denis
Pierre Bécard de Grandville
Charles Bazire
Antoine de Silvy (jésuite)
Louis Jollier
Antoine Dalmas (jésuite)
Nicolas Jérémie de la Montagne
Charles Aubert de la Chesnaye
François Malherbe (jésuite)
Denis Riverin
Pierre Laure (jésuite)
Les deux frères Dorval
Jean-Baptiste LeGardeur de Tilly
Joseph-Laurent Normandin
François-Étienne Cugnet
Jean-Baptiste Maurice (jésuite)
Claude-Godefroy Coquart (jésuite)
François Verreault
Jean-Baptiste de La Brosse (jésuite)
André Michaud
James McKenzie
Pascal Taché
Marc-P. de Sales Laterrière
Andrew Stuart
Joseph Hamel
Joseph Bouchette
J.-P. Proulx
Geroge Simpson
Peter McLeod
Chicoutimi, là où notre histoire commence... et là où elle se terminera !!!
Chicoutimi fête cette année le 350 anniversaire de sa naissance. Avec Nicabau et Métabetchouan, c'est le nom le plus ancien du Saguenay. Il était là avant qu'un Blanc, Nicolas Peltier, vienne y planter son wigwam et faire un premier mariage « à la mode du pays » avec une amérindienne des lieux (Madeleine Tego8chik). Dans les temps immémoriaux, quand le temps était à l'aventure et aux explorations, c'est-à-dire bien avant que des arrivants y construisent un premier hôtel de ville, on y accédait en canot d'écorce et en barque à voile, parfois en petit voilier puisque le courant y était fort et le tirant d'eau faible. De 1676 à 1842 qui marque la fin du monopole de la traite des fourrures, Chicoutimi était le centre du Domaine du Roi. C'est là que les missionnaires venaient donner la mission à leurs convertis (Indiens et Métis), et c'est là que les traiteurs récupéraient, pour beaucoup moins que rien, le gros des fourrures récoltées entre le lac Mistassini et Tadoussac.
Pendant cette époque particulièrement héroïque, des hommes et des femmes sont venus. Ils y ont passé, ont pris des notes et ont marqué l'histoire de leurs pas quand ce n'était pas de leurs plumes. Pour souligner ce fait fondateur, le 24 juin 1937, la Société historique du Saguenay et la Société Saint-Jean-Baptiste, ont dessiné et fait construire un magnifique, modeste et évocateur mémorial qu'ils ont baptisé « Monument du Coteau du Portage ». Car c'est ici que les gens débarquaient pour se reposer une journée ou deux avant d'entreprendre la montée du long et éreintant sentier les menant en haut de la grande cataracte de la rivière de Kinogamingue (qui est devenue rivière Chicoutimi).
Parmi ces visiteurs de marque et passagers de l'histoire, les maîtres d'oeuvre de ce monument ont retenu 38 noms, tous des célébrités historiques, dont le Jésuite Jean Dequen (1647), « découvreur » du lac Saint Jean ; le père Claude Dablon, à qui nous devons justement la révélation du nom de Chicoutimi (1661) ; Louis Jolliet, le découvreur du Mississipi ; le botaniste français André Michaux, et des dizaines d'autres tous aussi célèbres. (Voyez la liste complète, à la fin de cette chronique)
Des monuments évocateurs en décrépitude
Mais, dans l'optique des administrateurs de Ville Saguenay, cette histoire riche d'évocations et de symboles, n'est rien. En tout cas, c'est ce que laisse voir l'état de décrépitude avancé des monuments laissés à eux-mêmes dans ce qui est tristement devenu « l'arrondissement Chicoutimi ». Un quartier délaissé sur le plan patrimonial, méprisé par ses élus, et réduit à la mendicité quand il est question d'investissements culturels. Si j'ai tort, qu'on me dise alors pourquoi il a fallu tant guerroyer pour garder le monument Price sur son socle originel ? Pourquoi, le monument du Poste de Traite de Chicoutimi, qui a perdu son écriteau de bronze en 2007, n'a pas été restauré ? Pourquoi le monument du Coteau du Portage est-il laissé à lui-même, à l'abandon ? (voir photos)
Où est l'honneur de cette ville ?
Je ne comprends pas et n'accepte pas l'attitude de nos élus et de nos fonctionnaires quand vient le temps d'obtenir notre dû en matière patrimonial. Quand les citoyens de La Baie ont réclamé un port en eau profonde et la reconstruction d'un village touriste qui a fait grimper la facture à plus de 40M$, les Chicoutimiens ont dit oui et applaudi. Car ils avaient jugé que La Baie le méritait et en avait bien besoin. Quand les mêmes citoyens de La Baie ont demandé les dollars nécessaires à la restauration du Monument des 21, les Chicoutimiens ont, encore là, applaudi, car ils se sentent solidaires de leur histoire qui est aussi la leur. Quand les Jonquiérois ont réclamé des sous pour restaurer le vieux théâtre Palace d'Arvida, les Chicoutimiens ont dit oui et applaudi, parce que cet édifice patrimonial méritait d'être sauvé et qu'ils se sont sentis solidaires. Quand les Jonquiérois, ont demandé encore des dollars pour restaurer le Parc Price, les Chicoutimiens ont encore là dit oui, car l'endroit est beau, il est évocateur de notre histoire et il mérite d'être mis en valeur.
À chaque fois, quand les citoyens des anciennes villes voisines ont demandé aide et considération, les Chicoutimiens ont dit oui à deux mains ! Mais quand ils ont demandé, à leur tour un peu d'attention de leurs voisins, quand ils ont demandé la construction d'une vraie salle de spectacle à Chicoutimi pour célébrer les hauts faits de la culture régional, le maire et son conseil ont dit : il faut aller en référendum. Comme pour le respect du nom de Chicoutimi, le référendum a tranché. Les choses étant ce qu'elles sont dans cette ville de carton pâte, les citoyens de La Baie et les citoyens de Jonquière ont unis leurs voix et ont répondu non ! Car quand il s'agit de donner à Chicoutimi ce qui lui revient en toute justice, c'est un référendum voué à être perdu d'avance pour eux, qui tranche le débat. La démocratie a parlé, argue-t-on à chaque fois pour nous faire accepter l'affront qui ne va pas sans l'humiliation et la perte de confiance dans ce système.
De cette manière, tous les dossiers visant à mettre en valeur le patrimoine historique, architectural et culturel de Chicoutimi est voué à l'échec. À commencé par les monuments laissés en décrépitudes. Comme celui du Coteau du Portage, même pas nettoyé des méfaits des dix derniers hivers comme en témoignent ces photos du jour. Faudra-t-il passer par les échevins de La Baie et de Jonquière pour avoir un peu de considération à Chicoutimi quand il est question de patrimoine, de mémoire et d'environnement ?
Akakia
Dans un prochain texte, je vous parlerai de l'histoire du monument du Poste de Traite de Chicoutimi qui, en 2007, s'est fait voler sa plaque de cuivre, et qui a été totalement délaissé par les élus de la ville, les fonctionnaires et les dirigeants du Musée de la Pulperie qui sont, dit-on, responsables de ce site historique et patrimonial...
Liste des noms apparaissant sur la plaque du monument du Coteau du Portage :
Jean Dequen (jésuite)
Gabriel Drouillette (jésuite)
Claude Dablon (jésuite)
Michel LeNeuf de la Vallière
Guillaume Couture
Charles Albanel (jésuite)
Paul Denis de Saint-Simon
François de Crespieul (jésuite)
Nicolas Peltier
Nicolas Juchereau de St-Denis
Pierre Bécard de Grandville
Charles Bazire
Antoine de Silvy (jésuite)
Louis Jollier
Antoine Dalmas (jésuite)
Nicolas Jérémie de la Montagne
Charles Aubert de la Chesnaye
François Malherbe (jésuite)
Denis Riverin
Pierre Laure (jésuite)
Les deux frères Dorval
Jean-Baptiste LeGardeur de Tilly
Joseph-Laurent Normandin
François-Étienne Cugnet
Jean-Baptiste Maurice (jésuite)
Claude-Godefroy Coquart (jésuite)
François Verreault
Jean-Baptiste de La Brosse (jésuite)
André Michaud
James McKenzie
Pascal Taché
Marc-P. de Sales Laterrière
Andrew Stuart
Joseph Hamel
Joseph Bouchette
J.-P. Proulx
Geroge Simpson
Peter McLeod
6 Comments:
dit :
C'est aussi au Bassin que les ouvriers des Price et de Dubuc ont oeuvré, bataillé contre l'élite clérico-pseudonationale de la rue Racine et fondé des syndicats québécois ou canadiens-français comme ...à Jonquière et à La Baie.
Je contacterais des syndicats pour vous aider dans votre démarche. Pourquoi pas aussi un nouveau monument dédié aux ouvriers du Bassin et de Rivière-du-moulin ?
dit :
Bonjour Russel A.
je suis bien d'accord avec vous; c'est honteux la négligeance commise envers nos monuments historiques, tout comme d'assister, impuissants à la démolition de bon nombre d'immeubles centenaires.
C'est comme si l'on voulait nous faire oublier notre histoire, tellemnt les élus sont peu soucieux
de préserver et de promouvoir le patrimoine existant.
Pour un 350ième anniversaire, c'est désolant de constater le peu de fierté des dirigeants de la Ville devant les derniers symboles de notre Histoire.
dit :
j'ai oublié de m'identifier:
Anne Vaillancourt
dit :
Bonjour
J'avais déjà vu une photo de la plaque du monument du Coteau du Portage. Je découvre avec vous le monument en entier et j'en apprécie le commentaire. J'espère que le monument a été nettoyé depuis. Ce monument m'intéresse d'autant plus que je suis l'un des arrière-petits-neveux du botaniste André Michaux dont le nom figure sur cette plaque pour son voyage au lac Mistassini l'été 1792 (dans votre texte vous le prénommez François,petite confusion avec le prénom de son fils aussi botaniste). J'ai publié un livre sur son premier voyage d'exploration, " L'extraordinaire voyage d'un botaniste en Perse - André Michaux : 1782-1785 ", éditions Privat. A la fin du livre, je résume ses voyages en Amérique du Nord, sans oublier quelques lignes pour celui qui lui vaut d'être cité à Chicoutimi ... en attendant de donner dans un second livre le détail de son épopée américaine. Cordialement.
dit :
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
dit :
Bonjour M. Pluchet. Désolée pour l'erreur. Elle s'explique du fait qu'il y a plusieurs François sur la plaque monumentale. L'erreur est corrigée. Pour répondre à votre autre question, oui, la plaque a été nettoyée, le monument restauré, et le terrain environnant remis en l'état. Si vous avez besoin d'une meilleure photo du monument restauré, il vous suffit d'aller voir sur mon autre blogue, « Le Peuple métis de la Boréalie ».
Je joins à la présente trois clichés susceptibles d'intérêt. À chaque 21 juin, fête des Autochtones du Canada, les Métis du Saguenay célèbrent ce jour en procédant à une cérémonie où se rencontrent le sacré et le souvenir.
Bonne journée
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