Chicoutimi et ses escaliers publics en décrépitude / encore un hiver ou deux et ça y sera !...
Ne vous méprenez pas, la scène se passe à 235 km au sud de Ville-Saguenay. Il s'agit, plus exactement, de l'escalier Casse-Cou, qui unit la basse ville à la haute ville de Québec depuis 1660. Voilà ce qu'on peut faire avec une rupture de pente au centre d'une ville qui est fière de son histoire !
Des Chicoutimiens trop bon prince
« On sait tous que Chicoutimi est la ville idéale pour héberger les touristes du Saguenay sauf qu'il ne faut pas le dire trop fort ; ça risque de choquer le monde de Jonquière et de La Baie ». Propos extrait de la chronique de Roger Blackburn (« Chicoutimi laissée pour compte »), publiée dans le Progrès-Dimanche du 17 juillet 2011.
Effectivement, ça risquerait, de réveiller les échevins des quartiers de Chicoutimi qui ne sont là que pour opiner du chapeau quand le maire donne un mot d'ordre. Difficile de dire plus juste ! Pendant qu'on investi plus d'un million de dollars dans le seul Musée de La Baie pour une seule exposition sur les petits poissons qui nagent en eaux troubles, pendant qu'on s'applique à reconstruire à Jonquière le moindre petit escalier public comme cela doit se faire dans une ville dynamique qui fonce tête première vers son avenir, pendant que les échevins font chorus pour hisser Arvida au patrimoine mondial de l'Unesco, à Chicoutimi, plus rien ne va en matière patrimoniale. L'ancienne « Reine du Nord », l'ex métropole du Saguenay–Lac-Saint-Jean, continue de couler dans la vase de Ville-Saguenay et fait des « balounes » comme un noyer qui attend qu'on le tire de sa mortelle position.
Quand vient le temps de consacrer une enveloppe budgétaire pour mettre en valeur le patrimoine des ex-villes de Jonquière et de La Baie, le Maire et son conseil trouvent toujours les bons mots pour en justifier les coûts. Dans ces cas-là, les Chicoutimiens, trop bon princes, se disent qu'il faudra bien que ce soit un jour leur tour ! Mais, il faut bien le reconnaître, depuis la fusion de février 2002, ce jour n'arrive jamais... et ne semble pas prêt d'arriver. Au rythme où vont les choses, puisque les élus de l'ex-Chicoutimi n'ont manifestement pas la stature et le courage pour ce faire, sans doute aurions-nous plus de succès si nous demandions aux échevins de Jonquière et de La Baie de venir défendre le petit capital patrimonial du centre-ville de Chicoutimi qui n'a pas encore été emporté dans le bouillon de la fusion ?
Les derniers escaliers de Chicoutimi sur les fesses...
La semaine dernière, après ma dénonciation de l'état lamentable de nos monuments historiques, un journal de la région nous apprenait que trois escaliers du centre-ville de Chicoutimi avaient été condamnés par ordre. Ces artefacts, dont la construction remonte au début du siècle dernier, n'avaient manifestement pas trouvé de défenseurs à la table du conseil. Faute d'une simple voix plus dégourdie que les autres, ces lieux témoins ont été mis en quarantaine, en attendant, laissait-on sous-entendre, que le conseil municipal statue définitivement sur leur sort.
Dans le langage de Ville-Saguenay, cela veut dire plus justement qu'il nous faudra attendre encore un hiver ou deux, le temps que la nature finisse son job et que la sécurité publique le commande, pour en justifier la démolition pure et dure. Au nom de l'intérêt commun, les élus sont rois et maîtres là où ils l'entendent ! Rappelons-nous seulement à cet égard les démolitions de la maison du Docteur Angers, du théâtre Capitol, de la Bonne-Ménagère, de la maison Crevier, pour ne nommer que les derniers sacrifices infligés à notre patrimoine bâti. Tout petit enfant, je me souviens du temps où il me fallait emprunter à l'aller retour le grand escalier de la rue Lafontaine pour atteindre le Colisée, le parc Rosaire-Gauthier et le haut de la ville. Pour nous, cet escalier, si simple et si banal soit-il, nous rapprochait des quelque trente escaliers historiques qui relient la haute ville à la basse ville de Québec.
Contrairement aux autres ex-municipalités qui forment le grand tout défaillant de Ville-Saguenay, Chicoutimi se déploie en amphithéâtre, comme s'il eut été d'une cité romaine, avec ses colonnes, ses jardins fleuris, ses arcs de triomphe et ses arènes. Ses côtes et ses coulées naturelles, qui remontent à la dernière glaciation dite du Wisconsin, font sa personnalité, découpent ses traits de caractère intrinsèques, témoignent des charmes naturels par où s'est écrite son histoire. Les escaliers publics de Chicoutimi font partie de ce patrimoine qui mérite d'être sauvegardé ; non seulement pour la mémoire qu'il évoque, mais également pour l'utilité publique qui s'en trouverait dégradée si le centre-ville en était privé.
Qu'on en juge par ces photos prises ce jour-même de l'escalier de la rue Lafontaine, unissant la rue Jacques-Cartier à la rue Racine. Sans vouloir faire grand et beau comme Québec ou le Montmartre, ne pourrait-on pas faire le minimum pour sauvegarder le patrimoine urbain d'une ville qui a tant donné depuis dix ans à ses consoeurs fusionnées ?
Akakia
Des Chicoutimiens trop bon prince
« On sait tous que Chicoutimi est la ville idéale pour héberger les touristes du Saguenay sauf qu'il ne faut pas le dire trop fort ; ça risque de choquer le monde de Jonquière et de La Baie ». Propos extrait de la chronique de Roger Blackburn (« Chicoutimi laissée pour compte »), publiée dans le Progrès-Dimanche du 17 juillet 2011.
Effectivement, ça risquerait, de réveiller les échevins des quartiers de Chicoutimi qui ne sont là que pour opiner du chapeau quand le maire donne un mot d'ordre. Difficile de dire plus juste ! Pendant qu'on investi plus d'un million de dollars dans le seul Musée de La Baie pour une seule exposition sur les petits poissons qui nagent en eaux troubles, pendant qu'on s'applique à reconstruire à Jonquière le moindre petit escalier public comme cela doit se faire dans une ville dynamique qui fonce tête première vers son avenir, pendant que les échevins font chorus pour hisser Arvida au patrimoine mondial de l'Unesco, à Chicoutimi, plus rien ne va en matière patrimoniale. L'ancienne « Reine du Nord », l'ex métropole du Saguenay–Lac-Saint-Jean, continue de couler dans la vase de Ville-Saguenay et fait des « balounes » comme un noyer qui attend qu'on le tire de sa mortelle position.
Quand vient le temps de consacrer une enveloppe budgétaire pour mettre en valeur le patrimoine des ex-villes de Jonquière et de La Baie, le Maire et son conseil trouvent toujours les bons mots pour en justifier les coûts. Dans ces cas-là, les Chicoutimiens, trop bon princes, se disent qu'il faudra bien que ce soit un jour leur tour ! Mais, il faut bien le reconnaître, depuis la fusion de février 2002, ce jour n'arrive jamais... et ne semble pas prêt d'arriver. Au rythme où vont les choses, puisque les élus de l'ex-Chicoutimi n'ont manifestement pas la stature et le courage pour ce faire, sans doute aurions-nous plus de succès si nous demandions aux échevins de Jonquière et de La Baie de venir défendre le petit capital patrimonial du centre-ville de Chicoutimi qui n'a pas encore été emporté dans le bouillon de la fusion ?
Les derniers escaliers de Chicoutimi sur les fesses...
La semaine dernière, après ma dénonciation de l'état lamentable de nos monuments historiques, un journal de la région nous apprenait que trois escaliers du centre-ville de Chicoutimi avaient été condamnés par ordre. Ces artefacts, dont la construction remonte au début du siècle dernier, n'avaient manifestement pas trouvé de défenseurs à la table du conseil. Faute d'une simple voix plus dégourdie que les autres, ces lieux témoins ont été mis en quarantaine, en attendant, laissait-on sous-entendre, que le conseil municipal statue définitivement sur leur sort.
Dans le langage de Ville-Saguenay, cela veut dire plus justement qu'il nous faudra attendre encore un hiver ou deux, le temps que la nature finisse son job et que la sécurité publique le commande, pour en justifier la démolition pure et dure. Au nom de l'intérêt commun, les élus sont rois et maîtres là où ils l'entendent ! Rappelons-nous seulement à cet égard les démolitions de la maison du Docteur Angers, du théâtre Capitol, de la Bonne-Ménagère, de la maison Crevier, pour ne nommer que les derniers sacrifices infligés à notre patrimoine bâti. Tout petit enfant, je me souviens du temps où il me fallait emprunter à l'aller retour le grand escalier de la rue Lafontaine pour atteindre le Colisée, le parc Rosaire-Gauthier et le haut de la ville. Pour nous, cet escalier, si simple et si banal soit-il, nous rapprochait des quelque trente escaliers historiques qui relient la haute ville à la basse ville de Québec.
Contrairement aux autres ex-municipalités qui forment le grand tout défaillant de Ville-Saguenay, Chicoutimi se déploie en amphithéâtre, comme s'il eut été d'une cité romaine, avec ses colonnes, ses jardins fleuris, ses arcs de triomphe et ses arènes. Ses côtes et ses coulées naturelles, qui remontent à la dernière glaciation dite du Wisconsin, font sa personnalité, découpent ses traits de caractère intrinsèques, témoignent des charmes naturels par où s'est écrite son histoire. Les escaliers publics de Chicoutimi font partie de ce patrimoine qui mérite d'être sauvegardé ; non seulement pour la mémoire qu'il évoque, mais également pour l'utilité publique qui s'en trouverait dégradée si le centre-ville en était privé.
Qu'on en juge par ces photos prises ce jour-même de l'escalier de la rue Lafontaine, unissant la rue Jacques-Cartier à la rue Racine. Sans vouloir faire grand et beau comme Québec ou le Montmartre, ne pourrait-on pas faire le minimum pour sauvegarder le patrimoine urbain d'une ville qui a tant donné depuis dix ans à ses consoeurs fusionnées ?
Akakia