La fondation de Chicoutimi en 1676 ! Vraiment ?!?
LA FONDATION DE CHICOUTIMI, EN 1676 ! VRAIMENT ?!?
Depuis l’entrevue que j’ai donnée à KYK FM, mercredi dernier, on m’interpelle via messenger pour en savoir plus. Les gens disent vouloir savoir. Normal qu’ils veulent savoir ; ils ne lisent pas ! L’école ne fait aucun suivi sur notre histoire. Et l’université brouille les pistes à ce sujet en favorisant une approche amerindianophile exclusive et s’applique à rayer de grands traits de notre histoire pour ne pas heurter les « Innus », leur fonds de commerce en subventions.
Avant toute chose, vous devez savoir, en ce qui me concerne, que j’ai refusé dès le départ de m’associer à ce projet des fêtes du 350e. Pourquoi ? Simplement parce que j’ai vu tout de suite que l’encadrement politique était infiniment plus important que la volonté simple de nous rappeler à notre histoire. Deuxièmement, parce que la question de la fondation de Chicoutimi mérite avant tout un débat qui n’a pas eu lieu. Et troisièmement, parce que j’ai vu, dès l’annonce de ce projet commémoratif, que la question métisse allait être totalement évacuée du décor et des fêtes pour ne donner la place qu’aux « innus ».
Si seulement on m’avait demandé mon avis avant de couler dans le béton le programme et le protocole, j’aurais tenu à ce qu’on s’interroge sur la pertinence de cet événement. A ce sujet, j’ai écrit et publié toute ma démarche de compréhension sur la question de la fondation de Chicoutimi. Vous voulez savoir, lisez mes livres, tout y est.
Petit rappel qui n’est pas anodin :
1676 correspond à la fondation du poste de traite et de la mission. C’est comme construire un centre d’achat. Il n’y a pas de projet fondateur dans tout ça, mais un projet commercial et religieux. Le vrai projet fondateur remonte à l’intronisation du chef Charles Tekouerimat en 1669 ; s’ensuivent la construction d’un premier édifice à Chicoutimi en 1671 et l’arrivée de Nicolas Peltier avec sa femme Madeleine Tegouechik en 1672 à Chicoutimi. C’est pourtant pas compliqué ! Bon Dieu !!!
En conclusion, de 1669 à 1672 nous avons là la mise en place d’un projet de société, une véritable utopie comme on en voit rarement dans l’histoire. Un projet qui ressemble à celui avorté par Cartier en 1541 et celui entrepris avec succès par Champlain en 1608. Dans ce contexte, la fondation de 1676 à Chicoutimi, qui ne va pas sans celle de Metabetchouan au cours du même été, n’est qu’une suite historique du vrai grand projet de fondation d’une société nouvelle au Saguenay-Lac-Saint-Jean
Autre écart très très important des promoteurs : l’absence des Métis dans cette commémoration. C’est carrément nier la réalité historique et dévier le sens de notre histoire. Je vous rappelle que pour arriver à leurs fins, les promoteurs de 1676 ont bien pris soin d’y associer des Indiens, des Blancs et des Metis. Pour preuve, le premier couple fondateur, la première famille fondatrice de cette formidable épopée fut celle du chef Charles Tekouerimat, de sa fille Madeleine Tegouechik, de son gendre Nicolas Peltier et de leur enfant, Marie-Jeanne, une Métisse. C’est donc à partir de cette rencontre et de cette première union maritale qu’est née (ressuscitée devrions-nous dire) Chicoutimi. C’est le projet de la naissance d’une nouvelle humanité, celle d’où je suis issue et celle qui mérite de ne pas mourir dans le déni de notre histoire.
Que cela soit dit et écrit : Chicoutimi a été fondée par une famille métisse. Elle a survécu et construit son histoire sur cette base. Et ce n’est pas vrai que je vais m’associer à un projet politique qui vise à effacer le fait Métis de notre histoire. Comprenez-moi bien : moi, je fais de l’histoire ; je ne suis pas une travailleuse sociale qui s’est donnée comme mission de corriger des injustices et je ne fais pas de politique… bien que tout ce que nous écrivons sur notre histoire est récupéré par la politique pour répondre aux besoins de la politique.
A bon entendeur salut !
Akakia