Le pouvoir n'a rien d'innocent ! Les Parlements et les cours de justice le savent mieux que quiconque...
Pour Montaigne, les deux motifs de l’engagement politique sont le désir de s’enrichir et l’aspiration à la gloire ou à l’honneur. C’est, à mon avis, réduire à bien peu ce qui attise tant de passion dans le genre humain. Selon ce que j’en sais et selon l'expérience que j'en aie, je dirais plutôt que ce désir se concentre autour d’une grande passion qui embrasse toutes les autres : la passion du pouvoir (pouvoir de s’enrichir, pouvoir de dominer, pouvoir du paraître). Ceux qui s’y engagent avec l’honnête et vertueux souci de servir leurs semblables sans espoir de retour, comprennent très tôt que cette avenue transcendante ne se retrouve en fait que dans le contre-pouvoir, là où la politique produit ses méfaits, et bien peu de ces philanthropes, finalement, acceptent de rabattre leur engagement à ce niveau : c'est-à-dire dans les champs de la pauvreté, de l’injustice, de l’intolérance et de la valorisation de la dignité humaine.
Le bon citoyen contre lequel pèse le lourd fardeau de la justice, des lois et des impôts, aura ainsi intérêt à comprendre que la haute finance, c’est le vice des hommes qui s’accouple dans le vide de l’État.
À cet égard justement, Toqueville, qui n'avait rien d'un illuminé quand il causait politique, démocratie et justice, ne se privait pas pour dire que le despotisme des factions n’est pas moins à redouter que celui d’un homme, et que lorsque la masse des citoyens n'entend s’occuper que d’affaires privées, les plus petits sont appelés aux plus hautes fonctions de l'État dont ils abusent. « Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, écrit-il, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les moeurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple. » (A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 14 « Destin des peuples trop comblés »
Russel Bouchard, Journal intime
Le bon citoyen contre lequel pèse le lourd fardeau de la justice, des lois et des impôts, aura ainsi intérêt à comprendre que la haute finance, c’est le vice des hommes qui s’accouple dans le vide de l’État.
À cet égard justement, Toqueville, qui n'avait rien d'un illuminé quand il causait politique, démocratie et justice, ne se privait pas pour dire que le despotisme des factions n’est pas moins à redouter que celui d’un homme, et que lorsque la masse des citoyens n'entend s’occuper que d’affaires privées, les plus petits sont appelés aux plus hautes fonctions de l'État dont ils abusent. « Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, écrit-il, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les moeurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple. » (A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 14 « Destin des peuples trop comblés »
Russel Bouchard, Journal intime
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