mercredi, juin 28, 2006

La «nation sociologique», la «nation légale», la «nation civique», la «nation ethnique», ou l'art de rendre la clarté ténébreuse...

Si Stéphane Dion le dit, se peut-il que cela soit vrai ?!

Même si le penseur fétiche des Libéraux s'emploie à avaler une bouchée un peu grosse avec une fourchette à deux dents, nul ne m'en voudra de préciser que la question qu'il soulève a de quoi susciter le débat de ce côté-ci de l'Outaouais. Alors, si cela est selon, s'il y a bel et bien une différence cruciale et lourde de conséquences entre nation « sociologique » et nation « légale » (sic), qu'est ce qui empêche nos gouvernements, québécois et fédéral, de reconnaître l'existence de nations métis sur leur propre territoire. Et, vu que nous y sommes, qu'est-ce qui a empêché Stéphane Dion, alors qu'il était ministre senior au Parlement fédéral, de nous l'avoir précisé quand il en avait les pouvoirs et prérogatives ?

Gérard bouchard, l'idéologue des nationalistes québécois qui en sont quitte aujourd'hui pour la plus grande des confusions identitaires, nous avait presque habitué (c'était avant son échec avoué de la semaine dernière !) à l'idée d'une « nation civique québécoise ». Voilà que son clone fédéral, Stéphane Dion, en remet sur l'enclume en prétendant que la nation tout court n'existe pas et qu'il faut plutôt comprendre qu'elle est soit « sociologique » soit « non légale ». Grand Dieu du Ciel bleu que ça doit bien se placer dans un CV déposé sur le parquet d'un parlement étranger pour clamer, devant le spectre de l'univers, que nous sommes un, solidaire, et en marche au sein de la caravane de l'humanité.

Moi qui suis bien peu dans cette affaire ou les bouffons sont roi, je vous avoue mon étonnement de découvrir à quel point les députés sont capables de tous quand ils sont à l'opposition et totalement capables de rien lorsqu'ils ont le pouvoir bien en main pour changer le cours de leur histoire.

Pour le peuple Métis de la Boréalie, qui vit bien accroché sur son territoire, qui en arrache contre les préjugés et la médiocrité humaine logeant en nos parlements, pour cette communauté ethno-culturelle spécifique qui a toutes les peines du monde à se faire reconnaître comme collectivité fondatrice de ce pays, par quel étape, autre que celle du droit à la vie, à la dignité humaine et au bonheur, devra-il passer avant de se faire reconnaître —simplement— son droit fondamental à l'existence parmi les autres ? Nation civique (!) nation sociologique (!!) nation non légale (!!!). Se pourrait-il que la politique soit l'art de compliquer l'évidence au point de la rendre totalement informe et de polluer la réalité qui soumet les humains dans un milieu donné (ce qui est la nation) avec les sels de la confusion ?!

Pourtant, dans cette affaire, mais peut-être suis-je un peu trop niais, tout me paraît si simple quand je lis le « Dictionnaire français-latin » : « Nation », du latin « Natio onis » ; qui veut dire gens, réunion d'hommes et de femmes formant une société politique régie par des institutions communes, habitants d'un même État. À mon humble avis, y ajouter quoi que ce soit d'autre n'aura toujours qu'une fin, soit celle de compliquer l'évidence pour épater la galerie, et n'aura toujours qu'un but, celui de tromper pour dominer...

Russel Bouchard



Le Québec est une nation sociologiquement, pas légalement, dit Stéphane Dion

OTTAWA (PC) - L'aspirant au leadership du Parti libéral du Canada Stéphane Dion affirme qu'il ne voit aucun problème à reconnaître que le Québec forme une nation.

"Si on dit que les Acadiens sont une nation, que les autochtones sont une nation, pourquoi ne pas dire que les Québécois sont une nation? a-t-il déclaré en entrevue, lundi. Tant qu'il n'y a pas de conséquences légales à cette reconnaissannce, je n'ai aucun problème avec cela."

M. Dion, le seul candidat québécois à la succession de Paul Martin, a critiqué le refus du premier ministre Stephen Harper, au cours du week-end dernier, de parler du Québec comme d'une nation alors qu'il était de passage dans la province pour y célébrer la Fête nationale.

"Je ne sais pas pourquoi il a dit 'Vive la Fête nationale' et pas que les Québécois sont une nation. Il n'y a pas de problème à reconnaître le Québec comme une nation, à condition que ce soit la définition sociologique du mot, pas la définition légale", a affirmé M. Dion.

Pendant ses huit ans comme ministre des Affaires intergouvernementales de l'ex-premier ministre Jean Chrétien, Stéphane Dion s'est fait le défenseur acharné du fédéralisme. A la suite du référendum de 1995 sur l'indépendance où le Oui a failli l'emporter, il n'a cessé de contester le droit de la province de déclarer unilatéralement son indépendance. C'est lui qui a été le fer de lance du renvoi en Cour suprême qui a statué qu'une déclaration unilatérale serait illégale, lui encore qui a été le père de la Loi sur la clarté.

Selon le politicien, la différence entre les définitions sociologique et légale du concept de nation est très claire. La nation sociologique est un groupe partageant une identité collective, tandis que la nation légale est un Etat, membre des Nations unies. Il a souligné qu'il existe environ 3000 groupes humains qui se définissent comme des nations, mais seulement 192 Etats représentés aux Nations unies.