Le Québec à l’heure des comptes / La vallée des hommes châtrés (1ère partie de 2)
Le
féminisme, la protection des femmes et des enfants
et le
faux débat sur l’enregistrement des armes à feu
Le 8 mars dernier, Journée
internationale du droit des femmes, dans un pamphlet collectif qui ne fait
pas de quartier sur l’emploi des épithètes, les représentantes de 21
groupements féministes ont encore pris les médias sociaux à témoins pour
réitérer leur appui indéfectible au projet de loi 64 (« Loi sur l’immatriculation
des armes à feu »). Quand ces femmes parlent, ainsi regroupées sous l’étendard
de la vertu, le tout Québec s’écrase ! Dans leur credo, elles ont tenu à
rappeler aux élus sur lesquels elles impriment un pouvoir quasi absolu, « que le contrôle des armes, et leur
enregistrement en particulier, sont d’une importance cruciale pour la sécurité
des femmes et des enfants ». Soucieuse de ne pas voir leur croisade
associée à de la misandrie, elles ont pris bien soin de préciser au passage que
« l’objectif n’est pas d’empêcher les
chasseurs de chasser, mais plutôt de prévenir l’utilisation des armes à feu
dites récréatives à des fins de destruction de la vie des conjointes et de
leurs enfants »[i].
L’attaque est frontale ! Encore une fois, la vision
que ces groupements féministes nous présentent sur l’état passé, présent et
futur du Québec, est manichéenne : d’une part, il y a les bons, qui sont
évidemment les femmes et les enfants ; d’autre part, les méchants, qui ne
peuvent être que les hommes…
Nul besoin d’en faire la preuve, le fait est établi de
longue date, le mouvement féministe québécois est le plus puissant mouvement
socio-politique des cinquante dernières années au Canada. Il est né de la
Révolution tranquille (1962-1966) et s’est construit sur la base de
l’éclatement des valeurs morales consécutives à la fin du Concile Vatican II
(1962-1965), de la dislocation du noyau familial et de la disparition de la
société canadienne-française au profit de la nation « civique » québécoise. De
là est née une nation aujourd’hui totalement désincarnée, multiethnique,
multiculturelle, multiconfessionnelle, multilinguistique et concentrée à près
de 60% à Montréal. Une nation en perte de ses mythes fondateurs et de ses
points de repère, où le simple fait de s’identifier Canadien français est
subitement devenu suspect et synonyme d’archaïsme, de racisme et d’esprit
rétrograde. Une nation d’un genre inédit, stérilisée sur les plans démographique,
sociologique, identitaire et culturel (voir les chiffres du tableau publié en
2015 par l’ISQ[ii]). Une
nation qui s’éteint dans la marée montante et la mémoire des nouveaux arrivants
qu’on s’arrache, comme des guenilloux d’une ville à l’autre, pour combler le
vide laissé par les enfants du docteur Henry Morgentaler (comme dirait
l’autre, 803,846 avortements en quarante ans, ça fait tout un vide dans une
province qui en comptait, en 2015, un peu plus de huit millions !).
Ça c’est passé exactement comme l’avait si bien annoncé
la chanteuse montréalaise de réputation internationale, Renée Claude, une
féministe de la première heure. C’était au tournant des années 1970 ! On entamait
la construction du deuxième étage de la tour de Babel érigée sur les reliefs
d’Expo 67. Rappelons-nous simplement ces mots sortis de l’encrier du
compositeur Stéphane Venne : « C’est le
début d’un temps nouveau, la Terre est à l’année zéro, la moitié des gens n’ont
pas trente ans, les femmes font l’amour librement, les hommes ne travaillent
presque plus, le bonheur est la seule vertu ». Un appel rassembleur et lourd
de sens, suivi du slogan féministe qui a fait la une des journaux jusqu’à ce
que tranche la Cour suprême du Canada, en 1988 : « Mon corps m’appartient, j’en fais ce que je veux ! » Après
nous le Déluge, et on s’en fout !
À leur manière, ces femmes se sont emparées des leviers
et des rouages de la Révolution (« tranquille » mon œil !) et, pour y
arriver, elles se sont substituées au message qui s’est imposé comme le
leitmotiv de tous les changements. Par le biais des nouveaux ministères de
l’Éducation (1964), des Services sociaux (1970), de la Sécurité du Revenu
(1981) et de la Santé (1985), elles ont alors envahi, graduellement et sans
partage avec les hommes (déclassés au nom de la discrimination positive en
faveur des femmes), le milieu de l’emploi qui représente aujourd’hui les trois
quarts des « dépenses de programmes »[iii] du
gouvernement du Québec. À partir de cette force –aujourd’hui réactionnaire–,
elles ont pris le contrôle du gouvernement et envahi le milieu de l’emploi
traditionnellement réservé aux hommes sans que l’inverse soit possible ;
elles ont dicté les règles de la nouvelle morale féministe et imposé leur loi
au nom de la liberté, de la vertu et du principe de l’égalité des sexes, un
principe galvaudé qu’elles confondent dans ce qu’elles croient être un juste
retour de l’histoire.
Cela dit, dans vingt ans d'ici, le
mouvement féministe québécois qui contrôle tous les gouvernements qui se sont
succédés depuis le premier avènement du PQ, sera éteint. Il est déjà agonisant,
mais elles ne le savent pas encore. Et les enfants des Québécoises de souche
qui auront survécu à l'hécatombe des avortements seront alors minoritaires parmi
les enfants des arrivants. La vraie tuerie, le vrai drame qu'on tente de nous
cacher dans le faux débat du projet de loi 64, il est là ! Car une moyenne
dépassant 27,000 avortements annuellement enregistrés dans les hôpitaux du
Québec depuis 1988 (cf., ISQ[iv]), c’est
infiniment plus que les quelque 1 300 décès par balles enregistrés annuellement
dans tout le Canada depuis le dernier quart de siècle, accidents, homicides et
suicides confondus (cf., GRC[v]). Pour
le cour de morale 101 consacré à la vie humaine et à la « sécurité des enfants » inséré dans le préambule de la future «
loi sur l’immatriculation des armes à feu », il vous faudra donc repasser
mesdames du G 13, car je ne connais aucune société, dans l’histoire de
l’humanité, qui se soit appliquée avec un tel soin pour faire disparaître à
tout jamais les enfants de sa propre survie…
Russel-Aurore
Bouchard
Historienne
Chicoutimi
(Demain, la 2e partie de 2)
[i]
« Droit des femmes, violence et armes à
feu : un cocktail explosif », 8 mars 2016, Les Groupes et regroupements membres
du G 13.
[ii]
Au 803,846 avortements pratiqués dans les
hôpitaux du Québec entre 1971 et 2011, il faut ajouter la perte démographique
découlant des 622,457
hystérectomies, des 623,315 ligatures et des 592,734 vasectomies. Cf., ISQ,
« Interruptions volontaires de grossesse (nombre, rapport
pour 100 naissances et taux pour 1 000 femmes), hystérectomies, ligatures,
vasectomies, réanastomoses et vasovasostomies, Québec, 1971-2014 ».
Les données actuelles, en date de 2015, ajoutent d’ailleurs 75,777
interruptions de grossesses volontaires (IGV) pour les seules années 2012,
2013, 2014, ce qui reporte le tout à un total de 880,623 IGV en 43 ans.
[iii]
Dépenses
de programmes : il s’agit, en fait, des dépenses totales du gouvernement du
Québec moins le service de la dette.
[v] « Armes à feu, décès accidentels, suicides et crimes
violents : recherche bibliographique concernant surtout le Canada », Ministère de la Justice du Canada, Ottawa, dernier ajustement 2015.
Voir à ce propos le chapitre titré «3.
Décès et blessures causés par des armes à feu – vue d’ensemble ».
0 Comments:
Publier un commentaire
<< Home