L’imposture du suicide au Québec et la loi 64 sur l’enregistrement des armes à feu d’épaule
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Dans un court texte titré « L’enregistrement des armes pour prévenir
le suicide » (in Le Devoir, 18
mars 2016), M. Jérôme Gaudreault, Directeur général de l’Association québécoise
de prévention du suicide (aqps.info) déclare que « L’ensemble des mesures fédérales adoptées à la suite de la tuerie de
Polytechnique, dont l’enregistrement de toutes les armes, a été associé à une
baisse phénoménale des suicides par arme à feu. Au Québec, dit-il encore, « nous avons constaté une baisse de 60% de
suicides par armes à feu entre 1995 et 2008, et ce, sans indice de substitution
avec d’autres moyens. » C’est là tout l’argumentaire déployé par ces professionnels
qui utilisent la tribune de la prévention du suicide au Québec pour épaissir
l’enveloppe budgétaire qui leur est allouée par l’État, et pour permettre à
l’État policier d’étendre sa férule au nom de la protection du public.
Pour répondre à ce sophisme de
premier ordre utilisé par tous les groupes pro-registre (entendons le lobby
des policiers et policières du Québec, le lobby féministe du Québec et le lobby
de la « Prévention du suicide » du Québec) ; pour connaître, dis-je
bien, l’état réel du suicide au Québec, il suffit de savoir deux petites choses
bien simples et de reprendre les données du directeur Jérôme Gaudreault qui n’a
même pas eu la décence de citer ses sources et de bien traduire les chiffres du
tableau officiel qu’il a lui-même utilisé, soit le tableau no 1 publié par l’Institut
national de Santé Publique du Québec, en page 5 de son « Rapport » sur « La
mortalité par suicide au Québec : 1981 à 2010 (mise à jour 2013) ».
Pour un, de 1995 à 2000, le
taux de suicides au Québec, au lieu de baisser comme l’annonce, urbi et orbi, M.
Gaudreault, a tout simplement continué de monter, passant alors de 20,2 par
100,000 habitants en 1995, à 22,2 par 100,000 habitants en 1999. Et pour deux, il
faut savoir qu’à compter de 2001, l’État du Québec, gêné d’exposer l’un des
plus hauts taux de suicides au monde, par le biais d’une nouvelle directive
inscrite dans la Loi des coroners (cf. « L’Investigation «), a modifié la
définition du suicide chez nous en ajoutant, aux « critères objectifs »
universellement acceptés (entendons qu’un suicide est quelqu’un qui s’enlève la
vie volontairement), des « critères subjectifs ». Par ce subterfuge,
l’État a ainsi permis de classer plusieurs suicides dans la colonne des
accidents et, le cas échéant, de faire baisser artificiellement la courbe du
taux de suicides à une norme plus près de la norme canadienne qui se situait,
en 2008, à environ 11,6 par 100,000 habitants.
Si vous voulez savoir comment
le Québec a triché et triche encore sur les chiffres pour faire baisser la
courbe du taux de suicides, à compter de 2001, avec l’aide des bonzes de
l’Association québécoise de la prévention du suicide. Si vous voulez savoir
comment l’État du Québec s’emploie à masquer la faillite monumentale de ses
politiques en matière de justice, de santé publique, d’économie et de déficit
démographique en détournant l’attention du peuple vers le faux problème des
armes à feu. Si vous voulez en savoir plus sur cette imposture d’État, je vous
suggère de lire le Mémoire que j’ai rédigé en prévision de la Commission
parlementaire devant siéger sur le projet de loi 64. Pour ceux et celles qui
veulent comprendre et faire l’effort pour y arriver, il suffit donc de vous
reporter au site « Les Classiques des sciences sociales » de l’UQAC, et de
prendre le temps de lire le document titré «
Immatriculation des armes à feu, un projet de loi qui foule au pied la réalité
du Québec profond, qui vise la mauvaise cible et qui mine les bases de notre démocratie
».
Russel-Aurore Bouchard
Historienne
Chicoutimi
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