vendredi, septembre 04, 2015

Une crise humanitaire sans précédent qui requiert l'engagement de tous


Qui n’a pas été ému(e) jusqu’aux larmes à la vue du corps de ce bambin gisant sur une plage de la Turquie, face contre terre, le nez dans le sable, mort en essayant de fuir la guerre ? Qui ? Il s’appelait Aylan Kurdi et il n’avait que trois ans. Il gisait à côté de la dépouille de son petit frère, Galip, cinq ans, et de sa mère, Rehan. Comme cela arrive souvent dans ces situations extrêmes, seul le père a survécu. Tous les quatre venaient de Kobané. Ils fuyaient la guerre, la famine, le désespoir, et voulaient une vie meilleure.

Je ne sais pas si on a tous vu la même chose, mais moi j’y ai vu mon Stéphane, le plus vieux de mes fils, mon Nicholas, ma Audrey, mes enfants bien aimés. Aujourd’hui, j’écris pour son papa qui a tout perdu dans ce naufrage, pour crier ma tristesse devant cette suite ininterrompue de défilés macabres. Devant une telle scène, je n’ai pas le droit de rester insensible, pas le droit de ne rien faire même si je ne pèse rien dans la balance. Surtout pas le droit de ne rien dire puisque j’ai cette capacité de m’exprimer. L’humanité est un échec ! Total échec ! Je n’y peux rien et ça m’écoeure à en vomir !!! Surtout quand je sais si bien que le Canada pourrait faire plus, beaucoup plus pour soulager sa part de réfugiés.

Pour nous rassurer, les commentateurs du monde en paix prétendent que c’est le plus important mouvement migratoire depuis la Seconde guerre mondiale, ce qui sous-tend implicitement un retour à la normale d’ici peu. Ce serait rassurant de le voir ainsi, mais ça n’est pas ça qui se passe. Dans ces images de fin des temps, il y a un message universel qu’il faut s’empresser de décoder. Je ne suis ni devin ni prêche, mais je vois avec les yeux de l’Histoire dans laquelle se noient mes pensées et s’étouffent mes espérances. Ce que je vois dans ces images d’horreur, c’est la faillite de l’humanité qui a oublié sa fonction première, l’entraide, et qui ne se résume plus qu’à une question de finances.

Dans cette marée humaine en guenilles qui a commencé avec l’invasion de l’Irak au début des années 1990, et dont le flot ne semble pas vouloir se tarir depuis, ce n’est pas un autre chapitre d’histoire qui s’écrit mais bien le début d’une conclusion. Pour en saisir l’importance, un bref rappel s’impose. L’histoire du monde a commencé quelque part dans la corne de l’Afrique, sur un sol désséché dans les dunes désertiques de l’actuelle Éthiopie, là où on a trouvé les restes fossilisés de Lucie. De là est né un premier peuple qui en a mis au monde plusieurs autres. Et puis, pour des raisons qu’on connaît encore mal, croissance démographique, famine et guerres aidant, les premiers peuples ont entrepris de se déplacer vers le nord méditerranéen. De là, ils ont rejoint et colonisé l’Asie, le Moyen-Orient, l’Europe, l’Australie et l’Amérique…

Ce qui se passe aujourd’hui est mû par les mêmes ressorts, emprunte les mêmes corridors naturels. Le mouvement ne concerne pas que le Moyen-Orient et l’Europe. Il est planétaire. Il répond aux mêmes réflexes humains, marque la cassure de civilisation qui s’envenime comme la gangrène dans une plaie trop longtemps négligée. Nous croyons que cela ne nous concerne pas en Amérique à cause des océans qui font écran. Détrompons-nous ! Tôt ou tard, nous aurons, nous aussi, à en subir les effets. D’ici là, nous avons des devoirs impérieux envers ces gens. En tant que communauté solidaire, nous devons faire notre part partout où notre aide est requise, participer pleinement aux plans de sauvetage. À ceux qui nous gouvernent ou qui ambitionnent de prendre le pouvoir en octobre prochain de faire le nécessaire. Pas demain ! Pas après les élections où nous convient tous les chefs de partis ! Mais tout de suite ! Cessez de parler et agissez, l’Humanité et l’Histoire vous regardent…

Akakia