Une crise humanitaire sans précédent qui requiert l'engagement de tous
Qui n’a pas été ému(e) jusqu’aux
larmes à la vue du corps de ce bambin gisant sur une plage de la Turquie, face
contre terre, le nez dans le sable, mort en essayant de fuir la guerre ? Qui ?
Il s’appelait Aylan Kurdi et il n’avait que trois ans. Il gisait à côté de la
dépouille de son petit frère, Galip, cinq ans, et de sa mère, Rehan. Comme cela
arrive souvent dans ces situations extrêmes, seul le père a survécu. Tous les
quatre venaient de Kobané. Ils fuyaient la guerre, la famine, le désespoir, et
voulaient une vie meilleure.
Je ne sais pas si on a tous vu la
même chose, mais moi j’y ai vu mon Stéphane, le plus vieux de mes fils, mon
Nicholas, ma Audrey, mes enfants bien aimés. Aujourd’hui, j’écris pour son papa
qui a tout perdu dans ce naufrage, pour crier ma tristesse devant cette suite
ininterrompue de défilés macabres. Devant une telle scène, je n’ai pas le droit
de rester insensible, pas le droit de ne rien faire même si je ne pèse rien
dans la balance. Surtout pas le droit de ne rien dire puisque j’ai cette
capacité de m’exprimer. L’humanité est un échec ! Total échec ! Je n’y peux
rien et ça m’écoeure à en vomir !!! Surtout quand je sais si bien que le Canada
pourrait faire plus, beaucoup plus pour soulager sa part de réfugiés.
Pour nous rassurer, les
commentateurs du monde en paix prétendent que c’est le plus important mouvement
migratoire depuis la Seconde guerre mondiale, ce qui sous-tend implicitement un
retour à la normale d’ici peu. Ce serait rassurant de le voir ainsi, mais ça
n’est pas ça qui se passe. Dans ces images de fin des temps, il y a un message
universel qu’il faut s’empresser de décoder. Je ne suis ni devin ni prêche,
mais je vois avec les yeux de l’Histoire dans laquelle se noient mes pensées et
s’étouffent mes espérances. Ce que je vois dans ces images d’horreur, c’est la
faillite de l’humanité qui a oublié sa fonction première, l’entraide, et qui ne
se résume plus qu’à une question de finances.
Dans cette marée humaine en
guenilles qui a commencé avec l’invasion de l’Irak au début des années 1990, et
dont le flot ne semble pas vouloir se tarir depuis, ce n’est pas un autre
chapitre d’histoire qui s’écrit mais bien le début d’une conclusion. Pour en
saisir l’importance, un bref rappel s’impose. L’histoire du monde a commencé
quelque part dans la corne de l’Afrique, sur un sol désséché dans les dunes
désertiques de l’actuelle Éthiopie, là où on a trouvé les restes fossilisés de
Lucie. De là est né un premier peuple qui en a mis au monde plusieurs autres.
Et puis, pour des raisons qu’on connaît encore mal, croissance démographique,
famine et guerres aidant, les premiers peuples ont entrepris de se déplacer
vers le nord méditerranéen. De là, ils ont rejoint et colonisé l’Asie, le
Moyen-Orient, l’Europe, l’Australie et l’Amérique…
Ce qui se passe aujourd’hui est mû
par les mêmes ressorts, emprunte les mêmes corridors naturels. Le mouvement ne
concerne pas que le Moyen-Orient et l’Europe. Il est planétaire. Il répond aux
mêmes réflexes humains, marque la cassure de civilisation qui s’envenime comme
la gangrène dans une plaie trop longtemps négligée. Nous croyons que cela ne
nous concerne pas en Amérique à cause des océans qui font écran.
Détrompons-nous ! Tôt ou tard, nous aurons, nous aussi, à en subir les effets.
D’ici là, nous avons des devoirs impérieux envers ces gens. En tant que
communauté solidaire, nous devons faire notre part partout où notre aide est
requise, participer pleinement aux plans de sauvetage. À ceux qui nous
gouvernent ou qui ambitionnent de prendre le pouvoir en octobre prochain de faire
le nécessaire. Pas demain ! Pas après les élections où nous convient tous les
chefs de partis ! Mais tout de suite ! Cessez de parler et agissez, l’Humanité
et l’Histoire vous regardent…
Akakia
Akakia
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