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« J'ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré
sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout
entière, qui veut me faire rentrer sous terre! » Chabert
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Oui, je l’ai bien dit, et ça fait des années que je le dis, l’écrit et publie. Comprenez-moi bien : je n’ai pas dit la « femme », mais le « féminisme » ! Entendons bien le « néofeminisme », cette doctrine de combat mortel, cette marche funèbre revancharde et réductrice à l’égard des hommes et qui est en train de faire d’eux des soubrettes.
Cinquante ans après avoir percé l’hymen des tavernes pour y faire entrer les femmes, il faut tout de même reconnaître que le concept de l’égalité hommes-femmes, qui était une véritable avancée en terme d’humanité, a finalement déraillé au point de pousser la moitié de notre humanité (celle des hommes) jusque dans ses derniers retranchements.
Dans cette nouvelle guerre de Conquête, le mouvement féministe aura été d’une redoutable efficacité, implacable et sans merci. Et au final, les hommes y auront perdu non seulement leurs prérogatives mais également leur liberté d’action au sein de la société, leur honneur et leur dignité. Comme dans le film culte consacré au « Colonel Chabert » merveilleusement joué par Depardieu, film dans lequel le héros des guerres napoléoniennes qui a survécu à la bataille d’Eylo est prié d’abandonner tous ses biens, châteaux et fortunes à son épouse qui, nullement satisfaite de lui avoir tout ravi, a entrepris de lui faire ravaler non seulement son acte de baptême mais également son honneur et sa dignité.
Au Québec, l’affaire a pris une tournure extrême dans la foulée et la suite du mouvement féministe qui s’est emparé d’un horrible drame, la tuerie de Polytechnique, pour en faire une arme de combat sans merci. Un combat livré contre les hommes qui ont encore le bonheur d’être du nombre et de détruire tout ce qui symbolise leur présence dans la société ; leurs petits penchants culturels, leurs petits bonheurs, leurs activités jusqu’alors sacrées et intouchables, telles la chasse, l’amour des armes à feu, leurs chars et leurs garages.
Akakia
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Chabert
: —Mais, monsieur, la comtesse Ferraud n'est-elle pas ma femme! Elle
possède trente mille livres de rente qui m'appartiennent, et ne veut pas
me donner deux liards. Quand je dis ces choses à des avoués, à des
hommes de bon sens ; quand je propose, moi, mendiant, de plaider contre
un comte et une comtesse ; quand je m'élève, moi, mort, contre un acte
de décès, un acte de mariage et des actes de naissance, ils
m'éconduisent, suivant leur caractère, soit avec cet air froidement poli
que vous savez prendre pour vous débarrasser d'un malheureux, soit
brutalement, en gens qui croient rencontrer un intrigant ou un fou.
[...] J'ai été enterré sous des morts, mais maintenant je suis enterré
sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout
entière, qui veut me faire rentrer sous terre!... [...]
Mtr
Derville, avocat : —Quelle destinée! s'écria Derville. Sorti de
l'hospice des Enfants trouvés, il revient mourir à l'hospice de la
Vieillesse, après avoir, dans l'intervalle, aidé Napoléon à conquérir
l'Égypte et l'Europe. Savez-vous, mon cher, reprit Derville après une
pause, qu'il existe dans notre société trois hommes, le Prêtre, le
Médecin et l'Homme de justice, qui ne peuvent pas estimer le monde? Ils
ont des robes noires, peut-être parce qu'ils portent le deuil de toutes
les vertus, de toutes les illusions. Le plus malheureux des trois est
l'avoué. Quand l'homme vient trouver le prêtre, il arrive poussé par le
repentir, par le remords, par des croyances qui le rendent intéressant,
qui le grandissent, et consolent l'âme du médiateur, dont la tache ne va
pas sans une sorte de jouissance : il purifie, il répare, et
réconcilie. Mais, nous autres avoués, nous voyons se répéter les mêmes
sentiments mauvais, rien ne les corrige, nos études sont des égouts
qu'on ne peut pas curer. Combien de choses n'ai-je pas apprises en
exerçant ma charge! J'ai vu mourir un père dans un grenier, sans sou ni
maille, abandonné par deux filles auxquelles il avait donné quarante
mille livres de rente! J'ai vu brûler des testaments ; j'ai vu des mères
dépouillant leurs enfants, des maris volant leurs femmes, des femmes
tuant leurs maris en se servant de l'amour qu'elles leur inspiraient
pour les rendre fous ou imbéciles, afin de vivre en paix avec un amant.
J'ai vu des femmes donnant à l'enfant d'un premier lit des goûts qui
devaient amener sa mort, afin d'enrichir l'enfant de l'amour. Je ne puis
vous dire tout ce que j'ai vu, car j'ai vu des crimes contre lesquels
la justice est impuissante. Enfin, toutes les horreurs que les
romanciers croient inventer sont toujours au-dessous de la vérité. Honoré de Balzac |
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