dimanche, mars 29, 2020

Montréal, ville infectée. Les régions du Québec sous séquestre

Barrage routier à l'entrée de la route 175, à l'entrée de la Réserve faunique des Laurentides, pour protéger le Saguenay—Lac-Saint-Jean de l'épidémie venan de Montréal. De mémoire d'homme, du jamais vu.

« Les autorités de santé publique restreignent l’accès à huit régions plus vulnérables pour les protéger de la COVID-19 » titre le Journal de Montréal. C’est curieux comment la politique réussit à déformer la réalité avec des combinaisons de mots qui changent la structure du problème à laquelle nous sommes collectivement et individuellement confrontés. Raison évoquée : des 2498 personnes infectées l’extrême majorité s’en trouve dans le grand Montréal et ça pourrait contaminer les autres régions. Ce n’est pas que la manœuvre n’est pas bonne, nous en convenons tous et j’en suis... presque à 100%. Après tout, Montréal est infectée et le Québec pratiquement pas. 

Mais le problème, c’est que les régions ne peuvent plus bouger... sauf Montréal, l’épicentre de l’infection. Tout ce qui entre dans les régions passe par Montréal et arrive chez nous. Malgré la logique bon-enfant de ce resserrement, je vous avoue que j’ai un peu de misère non pas à comprendre le bien-fondé de la manœuvre, mais à m’y faire complètement. Ça me donne un drôle de goût dans la bouche...

Quoi qu’il en soit, ces contraintes, nous dit-on, sont essentielles et disparaîtront sitôt que l’épidémie sera jugulée. J’espère bien que oui ! Et ça reste à voir. J’espère que les autorités politiques et la police n’y prendront pas trop goût. À la faveur d’une crise exceptionnelle, ces institutions supérieures ont libéré une bête bien difficile à dompter une fois sortie de sa cage : celle de la répression contre la liberté. Maintenant qu’elles savent qu’elles peuvent complètement limiter les actions de tout un pays en le confinant. Maintenant qu’elles ont trouvé le mode d’emploi en mettant des barrages partout, en jouant sur la peur qui nous étreint et en égrainant par-ci par-là des champs d’interdits. Maintenant que la bête a goûté à ce sang nouveau, j’espère qu’on pourra la rentrer dans sa cage sitôt la menace partie et qu’on pourra reprendre notre vie à peu près comme elle était avant, qu’on ne se retrouvera pas avec des barrages à chaque petit tremblement de terre. Et ça, ça m’inquiète déjà.

Là, ça va ! Pour le moment. Mais connaissant la nature des institutions et les appétits de ceux et celles qui en vivent et les alimentent, je vous avoue que ça m’inquiète un peu. Pour l’heure, restons stoïques car il est vrai qu’on court un danger inédit, mais restons tout de même attentifs à ce qui va se passer tout de suite après. Peut-être serons-nous alors obligés de monter aux créneaux pour guerroyer afin de récupérer plusieurs de nos droits mis en quarantaine, et ça m’inquiète un peu beaucoup je vous avoue...

Akakia