Québec, 13 septembre 1759 – Quand l’Histoire capitule sous le regard de l’ignorance !
La reconstitution de la bataille des Plaines d’Abraham, ou les quinze minutes d’enfer qui ont changé le sort de l’Amérique française (sic) ! En ce qui me concerne, cette assertion qu’on nous rabâche depuis 1760 sans questionner les faits en connaissance de cause, permet à l’ignorance crasse de tourner les coins ronds et donne toute la latitude possible à la vulgarité d’en remettre dans le crachoir de la stupidité humaine. « C'est effrayant ! » dit le cinéaste vedette Pierre Falardeau qui n’en perd jamais une pour déchirer sa chemise devant les caméras. « Nulle part au monde on n'accepterait une affaire de même. Mais c'est vrai qu'il y a partout sur la terre des rampants et des vendus qui se réjouissent ». « Le maire Labeaume, un insignifiant ! » (dixit Falardeau)
C’est n’importe quoi ! Et tout le monde écrase de peur ! Et personne ne s’avance sur cette scène qu’il s’est montée, pour lui enseigner les contours d’une histoire qu’il a bien mal questionnée. Voilà ce qui arrive quand un cinéaste, pas très délicat sur la forme et en manque d’inspiration, se permet de dire n’importe quoi quand il est question de cet ultime épisode qui a marqué un tournant décisif dans l’histoire de la Guerre de Sept-Ans. Et voilà ce qui arrive quand les historiens du tout Québec capitulent devant l’ignorance crasse ! Tant qu’à y être (sic), brûlons tous les livres qui en causent en toute sérénité et emprisonnons ceux qui persistent et signent pour une raison et pour une autre.
Les Québécois, les Canadiens français en tête, n’ont pas à reculer simplement parce qu’un cinéaste mal embouché qui a son temps d’antenne plus souvent que les autres, promet de leur « pitcher de la marde ! » en pleine face s’ils s’y trouvent. En ce qui me concerne, ce sera justement une bonne occasion pour leur redonner le goût de l’Histoire, pour les extirper de leur léthargie intellectuelle et pour leur rappeler tous les défis auxquels ils sont confrontés depuis ce jour funeste.
Dans cette histoire récupérée à toutes les fins idéologiques, on a tendance à oublier que la ville de Québec était le dernier rempart contre l’envahisseur anglais et qu’elle a capitulé malgré que Louis XV avait ordonné à ses généraux de ne pas se rendre sans combattre, pour mieux dire de se battre « jusqu’à outrance ». On a tendance à oublier que la Nouvelle-France n’a pas tombé le 13 septembre 1759, mais bien cinq jours plus tard, le 18 septembre. Et sans tirer un seul coup de canon contre la racaille anglaise qui, même sans son général tombé au champ d’honneur, n’a eu qu’à entrer dans une ville abandonnée par ses chefs militaires, une ville prostrée et un peuple déshonoré par le manque de courage des fonctionnaires, des concussionnaires et des bourgeois signataires qui, Ramezay en tête, craignaient d’y perdre leurs écus amassés sur le dos de la petite misère canadienne-française.
Cela nous donnera l’occasion de préciser que, sur les 15 membres du conseil de guerre réuni dans la résidence de Ramazay, à Québec, 14 ont souscrit à cet irréparable déshonneur ! Et cela nous donnera justement l’occasion d’auréoler les vrais héros de ces quinze minutes de la plus cruelle des défaites. Je nomme en cela les miliciens canadiens (français), des hommes mal équipés, mal chaussés, mal armés et méprisés par les coquins de la Mère Patrie qui n’ont rien fait pour nous. Je parle de ces jeunes gens qui, commandés par le major général des troupes de la colonie, le Français Jean-Daniel Dumas, ont servi de chair à canons et ont permis aux troupes métropolitaines de quitter le champ de bataille à l’épouvante pour éviter d’être radicalement éliminées à cause de la stupidité et la vénalité de leurs chefs.
S’il y a une chose qui mérite d’être rappelée à la mémoire des Québécois tous azimuts et des Canadiens français, c’est de ce haut fait d’armes de notre courageuse milice qui sera du reste repris au printemps suivant, le 28 avril 1760, à Sainte-Foy, une dernière victoire française avant l’ultime Capitulation du 8 septembre 1760. Signée à Montréal celle-là, par le gouverneur Vaudreuil, un bon Canadien français qui a dit se commettre pour sauver le bon peuple, mais qui ne s’est pas privé d’aller finir ses jours dans sa maison de Paris, rue des Tournelles, pensionné par le roi et laissant le bon peuple tout fin seul avec ses souffrances, ses privations et son humiliation…
Russel Bouchard
Auteure de
« Jean-Daniel Dumas, héros méconnu de la Nouvelle-France »,
Éditions Michel Brûlé, automne 2008.
5 Comments:
dit :
Si les Canadiens-français ont mangé la volée durant la Whites and Indians War de 1754-1765, c'est bien aux mains de l'Église catholique du Canada, et de son violacé représentant, Mgr Jean-Olivier Briand, qui a ordonné sous peine d'excommunication à la population de se soumettre à leur nouveau roi, Georges III, "parce que c'est Dieu qui a voulu qu'il l'emporte sur la France" !
Dans les faits, Mgr Briand était soucieux de protéger les biens de l'Église, après avoir tout perdu en Angleterre un siècle plus tôt, lorsque Henry VIII l'avait bouté dehors au profit de l'Église anglicane.
Pire, au lieu d'être enfin libre sous le régime anglais, les CF se sont vus imposés lors de l'adoption de l'Acte de Québec la continuité du régime seigneurial français jusqu'en 1854, un Acte qui a reçu la bénédiction de l'Église catholique canadienne-française, sous prétexte de protéger leur religion et leur langue.
Bref, on a troqué le maintien de la religion catholique en retour de la servitude.
La véritable Conquête est là, celle des âmes.
Me Pierre Montour
dit :
Si les Canadiens-français ont mangé la volée durant la Whites and Indians War de 1754-1765, c'est bien aux mains de l'Église catholique du Canada, et de son violacé représentant, Mgr Jean-Olivier Briand, qui a ordonné sous peine d'excommunication à la population de se soumettre à leur nouveau roi, Georges III, "parce que c'est Dieu qui a voulu qu'il l'emporte sur la France" !
Dans les faits, Mgr Briand était soucieux de protéger les biens de l'Église, après avoir tout perdu en Angleterre un siècle plus tôt, lorsque Henry VIII l'avait bouté dehors au profit de l'Église anglicane.
Pire, au lieu d'être enfin libre sous le régime anglais, les CF se sont vus imposés lors de l'adoption de l'Acte de Québec la continuité du régime seigneurial français jusqu'en 1854, un Acte qui a reçu la bénédiction de l'Église catholique canadienne-française, sous prétexte de protéger leur religion et leur langue.
Bref, on a troqué le maintien de la religion catholique en retour de la servitude.
La véritable Conquête est là, celle des âmes.
Me Pierre Montour
dit :
Je ne l'achèterai pas ton livre. Tu viens d'insulter tous les souverainistes.
dit :
Si la voie des souverainistes du Québec passe invariablement par les menaces et les jurons de Falardeau, et qu'elle est défendue par un... « anonyme », cela explique pour une bonne part la déroute des porteurs de l'options.
Vous n'avez pas le courage de vous identifier. Vous ne méritez pas d'être de la noblesse de cette lutte.
On peut partager un goût analogue pour la liberté, mais on peut également ne pas être d'accord avec les porteurs d'une orthodoxie qui exige une adhésion totale à un diktat de terreur...
Russel Bouchard
dit :
Je t'écris pour te dire que tes propos avec Myriam Segal et dans le Quotidien sont ceux de quelqu'un de posé et réfléchi concernant le débat qui entoure la Bataille des Plaines d'Abraham. Moi même j'étais incertain concernant l'attitude à adopter et je voulais simplement te le dire. Je crois qu'effectivement se sont les Français qui ont perdu, nous aussi, mais je crois que la France ne pouvait se battre sur deux fronts à la fois, elle a choisi de défendre son pays au lieu de sa colonie.
Je t'avouerais que l'attitude de certains souverainistes extrêmistes me faisait craindre le pire, je trouvais leurs paroles, leurs menaces forts inquiétantes. J'avais presque peur des conséquences d'un affrontement entre la gang à Falardeau et les fédéralistes, mais bon fort probablement que l'affrontement n'aura pas lieu, en fait je le souhaite sincèrement car le Québec est une société tolérante et non le contraire.
J'espère que toi et Mado vous allez bien, je ne sais si tu as eu ta chirurgie, si oui je te souhaite de te rétablir bientôt, sinon bon courage,.
Amicalement
Stéphane Girard
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