La décrusifixion de l'Assemblée nationale du Québec
Pendant ce temps-là à l'Assemblée nationale...
Le crucifix qui trônait à l’assemblée nationale depuis 1936, vient d’être décroché pour être remisé sur une tablette poussiéreuse perdue dans un entrepôt poussiéreux du Musée de la Civilisation. C’est une pratique reconnue au sein des gouvernements dans ce pays. Quand le dossier est un peu brûlant, très brûlant ou trop brûlant, le gouvernement profite du début des vacances estivales, pendant que tout le monde a l’esprit détourné, la p’tite Molson entre les deux jambes et le barbecue en surchauffe, pour procéder.
M. Legault, en politicien aguerri, sait fort bien qu’il vient de tirer un grand coup sur le nerf sciatique des Québécois de souche, Canadiens français et Métis. Il aura beau fournir gratuitement les tubes de Voltaren pour soulager la douleur, je ne crois pas que ça va passer aussi facilement. Le geste est non seulement historique, il a valeur de symbole, et pas n’importe lequel des symboles. C’est sous ce signe que Champlain a fondé Québec et la Nouvelle-France, sous ce signe que Maisonneuve a fondé Montréal en plantant sa croix sur le mont portant son nom, sous ce signe que les Patriotes de 1837-38 ont combattu l’oppresseur anglais, sous ce signe qu’ils ont combattu pour la liberté et par ce signe qu’ils ont dessiné leur drapeau, la croix bien au centre avec les quatre fleurs de lys aux croisillons. Cette croix blanche qui nous ramène invariablement aux fondements de notre histoire, aux heures les plus sombres comme les plus glorieuses.
On verra bien dans quatre ans ce qu’il en restera. Les Québécois de souche sont du curieux monde. Ils oublient la couleur des chaussettes qu’ils portent et le montant du chèque de paie qu’ils ont touché le jour d’avant. Mais ils savent aussi se montrer intraitables et d’une mémoire infaillible quand on touche à des symboles d’une telle puissance, quand on s’en prend à leur langue, à leur identité, à leur liberté et tout ce qui leur permet d’exister en tant que peuple et nation, quand ils se sentent trahis ! Car c’est bien de cela dont il s’agit, d’une trahison !
Un signe des temps...
Sous prétexte de voter la loi 21 sur les signes religieux, fallait-il en arriver là ? M. Legault le justifie en tant que compromis. Moi, même si je suis catholique non pratiquante et mordicus pour la laïcité, je trouve qu’il a plutôt manqué de courage. Ce geste formel marque notre temps et dit très bien où le Québec en est rendu. Je ne pécherai pas par excès de prudence et ne me priverai pas de vous dire le fond de ma pensée. Dans la réalité politique à laquelle fait face M. Legault, ce geste radical a été posé pour apaiser la colère des derniers arrivants qui forment maintenant la plus grande partie de la population de l’île de Montréal et qui étendent leurs pouvoirs sur le Québec comme le font les anneaux d’une pierre tirée dans l’eau. Et pendant que le Québec des arrivants se densifie et se fortifie au sein de la grande île, pendant qu’ils imposent leurs valeurs, leurs cultures et leurs religions, celui des régions recule sans cesse et voit arriver la vague avec beaucoup d’appréhension.
Hier, c'était le cas de la statue de Champlain de la ville d'Orillia en Ontario, de l'église Saint-Cœur-de-Marie sur la Grande Allée et de la fontaine des Abénaquis qui faisait partie des plus belles pierres de notre Parlement. Aujourd’hui, c’est la croix de l’Assemblée nationale, symbole de notre unicité, qui a pris le bord, et cela dit bien où nous en sommes rendus dans notre histoire. Demain, ce sera quoi ? Que restera-t-il de nous, des peuples fondateurs dans dix, vingt, trente ans. Inévitablement beaucoup moins que ce qui en reste aujourd’hui. À quant le point d’impact ? Car, de la façon dont évolue les choses au Québec, il y aura impact ! Et peut-être plus vite qu’on peut le croire ou espérer...
Akakia
1 Comments:
dit :
Amie Aurore pourquoi jouer à la mémère Angèle? Dans ces temps toujours aussi incertains. Les bras en croix c'est-ti- ça notre destin. Batèche! Dans la dignité nous entrerons là, où, nous sommes déjà. Regardons, le territoire de notre poésie. Les frères Petits ça c'est notre vraie affaire. Les cloches pis le bedo, on pourrait laisser venir les retombés. Amicalement la scription, au poste-réael.
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