Trudeau et la loi des mesures de guerre, octobre 1970
TRUDEAU ET LA LOI DES MESURES DE GUERRE - A QUAND DES EXCUSES OFFICIELLES DU FILS POUR LES CRIMES COMMIS PAR SON PÈRE ?
Pendant que Legault terrorise la population du Québec en stimulant la psychose collective sur la question de la Covid, les journaux ont entrepris de refaire sortir de terre les vieux fantômes de la Crise d’octobre 1970. Célébration ou commémoration ? Chacun tente d’y trouver sa justification ou son désaveu à défaut d’une explication que seule l’histoire pourra juger un jour. Curieux dilemme que celui des Québécois de souche, les enfants de la Conquête de 1760 ! Je venais tout juste d’avoir 22 ans, l’âge où on veut tout foutre à terre pour tout recommencer. Ce qui m’a marqué le plus, le jour du kidnapping de Pierre Laporte, c’est l’épisode où notre voisin est entré dans la maison, euphorique et riant des déboires que cela infligeait au Parti libéral, alors considéré comme un parti pourri, et mon père qui l’a foutu à la porte parce qu’il anticipait ce qui allait se passer dans les jours suivants.
Sans diplôme académique, mon père était très cultivé, peut-être même l’homme le plus cultivé que j’ai connu. Un lecteur boulimique, un inconditionnel de Napoléon et un féru d’histoire des révolutions. C’était un homme brillant. Il avait du jugement et il savait comprendre ces événements. Son meilleur ami, Joachim Di Echeandia, un Basque espagnol qui avait dû fuir les purges de Franco de l’après-guerre, s’était réfugié au Québec, et travaillait avec lui à l’usine Alcan d’Arvida. Ses récits des purges et de la répression brutale faisaient partie de leurs conversations au quotidien lors de ses visites. Il y avait de quoi être impressionné. Instruits de ces choses, mon père craignait de voir arriver l’armée dans nos rues, la répression et l’instauration d’un État fasciste. Il n’avait pas tort. Les faits lui ont donné raison.
Et puis ce fut l’impensable, l’épisode des Mesures de guerre décrétées par Trudeau père. Pour tous les Canadiens français, un temps chargé de symboles que seules la pendaison de Louis Riel et la conscription auront égalé. Quand Trudeau père, a entrepris de faire emprisonner les poètes et les journalistes pour torpiller l’élan nationaliste des Québécois, l’incertitude le céda à l’inquiétude qui le céda à son tour à la peur. Au fil des événements, on ne savait plus qui allait être capturé par l’armée à Trudeau, matraqué par la police Provinciale à Bourassa et emprisonné sous prétexte d’avoir écrit un poème jugé séditieux, écrit un article en appelant l’indépendance du Québec, enseigné l’histoire politique du Québec avec une tendance le moindrement nationaliste.
Une récupération politique honteuse, orchestrée par les parties au pouvoir, d’une série d’événements décousus qui auraient pu être facilement réglé par un simple exercice de police. L’année d’avant j’avais abrité pendant une nuit ou deux un ami d’enfance, membre du Parti communiste, un trip de jeune idiot beau parleur, celui de l’épisode de la tomate lancée à Trudeau à Chicoutimi. J’étais donc à risque même si mon père était bien coté auprès du Parti libéral dont il était du reste membre. Il dut alors faire des pieds et des mains et se servir de sa bien petite influence auprès du Parti pour ne pas qu’on arrête un ami journaliste ou un prof. Je me souviens que parmi ceux qu’il avait sauvés de la prison politique de Trudeau, Réjean Tremblay, jeune journaliste au Progrès du Saguenay qui passera plus tard à La Presse dans la section sportive, un jeune partisan du PQ et un indépendantiste fiché.
Cet épisode désastreux pour la démocratie a fortement marqué mon imaginaire et explique en quelque sorte non seulement le dégoût que j’entretiens, depuis, à l’encontre du Parti libéral du Canada, mais la crainte qu’il suscite toujours chez moi. Ce parti est né pour régner ! Pas pour débattre dans un Parlement, mais pour imposer, décréter, brutaliser, tuer les élans démocratiques. C’est inscrit dans son code génétique. C’est le parti des Rouges, dans le sens le plus politique du terme. De ma vie, je n’oublierai jamais tout le mal qu’il a fait au Canada, au Québec, aux Canadiens français et aux Autochtones, Indiens et Metis. Je ne pardonnerai jamais aux auteurs cette agression injustifiée envers la liberté. Et le plus inquiétant dans tout ça, c’est de savoir qu’avec le fils Trudeau, cette menace qui pèse sur nous et contre la démocratie, loin de s’être assagie, s’est fortifiée et se perpétue. A quand des excuses officielles du Parti libéral du Canada, pour la loi des mesures de guerre imposée au cours de l’automne et l’hiver 1970-1971 ? Maintenant qu’il est au pouvoir, il incombe au fils qui perpétue la lignée du Parti, de demander pardon au peuple québécois, violé, outré, malmené, emprisonné par le père pour sa satisfaire sa haine à notre encontre...
Akakia
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