vendredi, décembre 13, 2013

Fermeture du pont Dubuc pour cause d'incendie, le gouvernement du Québec doit en porter l'entière responsabilité

Le pilier nord du pont Dubuc, en train de brûler.
Photo : Jeannot Lévesque, Maître-photographe, Chicoutimi


Québec, par sa négligence, n'a pas fait ce qu'il fallait
et devra réparer les torts que subissent aujourd'hui tous
les Saguenéens

Vendredi, 13 décembre 2013. Les  plus superstitieux diraient que c'est là un mauvais présage !!! Pas pour moi, car ce qui nous arrive, ce n'est pas le fruit du simple hasard, mais bien celui du mauvais travail des hommes. Déjà cinq jours de passé depuis le feu du pilier du pont Dubuc, et toujours pas de solution en vue.  Évidemment, il faut féliciter les élus et le maire de Saguenay, d'avoir su se tourner de bord aussi rapidement et de faire en sorte que les citoyens puissent passer au plus pressant. Ces Saguenéens que nous venons d'élire font ce qu'ils peuvent et nous ne pouvons que les remercier de leur dévouement aujourd'hui.

Après tout, les infrastructures routières régionales et les ponts de cette envergure ne sont pas de leur responsabilité ; c'est d'abord celle des gouvernements supérieurs et plus particulièrement celle du gouvernement du Québec eu égard à la crise des transports dans laquelle nous sommes plongés. Si plus rien ne va entre les deux rives du Saguenay, c'est d'abord et avant tout de leur faute et c'est à eux seuls qu'il faut l'imputer. Comme le maire de Saguenay, je suis tout aussi d'avis que la facture doit leur incomber en entier.

La route des Terres-Rompues
doit être remise en l'état

Cela dit, les événements auxquels nous sommes collectivement confrontés aujourd'hui sont redevables, au premier chef, à Québec, qui a laissé dépérir, au fil des années, les infrastructures routières. On se rappellera qu'en 1971, aux lendemains du glissement de terrain de Saint-Jean-Vianney, le gouvernement du Québec a décidé unilatéralement de fermer la route des Terres-Rompues et de ne pas reconstruire le pont de la rivière aux Vases qui recevait une part du trafic routier entre Arvida et la rive nord. Nous voyons, aujourd'hui, que ce fut une erreur magistrale.  Si cette portion de route avait été entretenue comme on aurait dû le faire par la suite (et non pas désasphaltée et labourée comme on l'a fait pour s'assurer qu'on n'y reviendra pas !) ; si on avait remis les choses en l'état comme l'intelligence et la prévoyance le commandaient, la difficulté de cette dernière semaine serait moindre et il y aurait une voie de contournement appréciable sinon salutaire dans les circonstances.

Ce qui m'amène à dire que ce que nous vivons, présentement, c'est un problème d'infrastructures routières totalement inadéquates, négligées depuis des années et des années, en voie de perdition. Les événements des derniers jours, les faits parlent d'eux-mêmes, nous contraignent maintenant au strict essentiel. Dans une société moderne et évoluée, c'est nettement insuffisant. Comment aurait-on pu prévoir un feu sur le pont, répète le maire Tremblay à tous micros ? Justement, c'est pourtant le devoir des politiques de prévoir l'imprévisible, de faire en sorte qu'il y ait des alternatives. Car, dans cette histoire, ce n'est pas seulement la communauté de Chicoutimi-Nord qui est pénalisée, c'est toute la Côte-Nord du Saint-Laurent et toutes les populations établies entre Saint-Rose-du-Nord et Isle-Maligne.


Résilience n'est pas bonasserie

À 26 degrés sous zéro, les citoyens qui doivent se déplacer
d'une rive à l'autre ont de quoi aiguiser leur patience.
Photo : Jeannot Lévesque, Maître-photographe, Chicoutimi
Jusqu'ici, j'ai réagi sobrement partout où on a demandé mon avis. Un temps pour chaque chose me suis-je dit ! Dans les circonstances, les usagers démontrent une patience et un civisme remarquables. Il faut prendre le temps de nous féliciter de subir les choses ainsi. Devant l'impossible, nul n'est tenu. Mais il ne faudrait pas que cette jovialité bon-enfant se tourne en bonasserie. Les médias devraient arrêter de montrer ceux qui sourient aux événements et, au risque de déplaire aux décideurs de l'heure, ils devraient chercher également à faire parler ceux qui commencent à demander des comptes aux responsables politiques. Nous sommes en train de perdre le pouvoir que nous donnent les événements actuels et cela m'inquiète. On ouvre la télé, et on continue de nous rabattre les oreilles avec la fameuse poutre du pont Champlain. Mais qu'est-ce qu'on s'en fout, aujourd'hui au Saguenay, du pont Champlain ! Il serait temps, à Montréal et ailleurs au Québec, qu'on voit maintenant ce que les Saguenéens vivent au quotidien. 

Eux, au moins, ils ont plusieurs ponts pour entrer et sortir de l'île. Nous, nous n'avons plus rien. Laisserons-nous l'avenir nous marcher dessus et laisserons-nous les politiciens se désengager de leurs responsabilités sitôt qu'on aura réussi à « patcher » le caisson brûlé du dernier pont qui nous lie à la civilisation ?

On réagit ou on subit. À nous tous de décider. C'est aussi ça le devoir citoyen et la voix alternative que nous offre la démocratie...

Akakia