Les Métis et les Indiens sans statut enfin reconnus par un jugement de la Cour fédérale canadienne
Dans
son tout dernier jugement prononcé le 8 janvier 2013, la Cour fédérale reconnaît
que les Métis et les Indiens non-inscrits sont des Indiens en vertu de la
Constitution canadienne, et reconnaît que le Gouvernement fédéral a juridiction
sur eux. Selon le juge, « La reconnaissance que les Métis et les
Indiens non inscrits sont visés par le paragraphe 91(24) devrait entraîner un
degré supplémentaire de respect et de réconciliation et faire disparaître toute
incertitude constitutionnelle quant à ces groupes ».
Même
si le Gouvernement peut toujours aller en appel, le gain est énorme pour la vérité
historique ! Car pour la première fois, la Cour fédérale fait enfin le lien
entre la constitution de 1867 (par. 91(24)) et celle de 1982 (art. 35), et
entreprend ainsi de combler un vide juridique important.
Ce
qui m'interpelle plus particulièrement, ce sont ni les avantages pécuniaires ni
les droits ancestraux associés d'une manière ou d'une autre à ce jugement, mais
bien la reconnaissance identitaire enfin établie pour tous les autochtones
non-statués, autant Indiens que Métis. J'apprécie plus particulièrement dans ce
jugement le respect des humanités fondatrices qui peuplent le Canada, les
provinces, les territoires et le Québec. Et cette avancée, aucun rappel ne peut plus l'enlever. Ce jugement, si incomplet et si
incertain soit-il, me rend enfin la fierté d'être ce que je suis,
entendons un(e) autochtone qui fait partie d'une grande et belle histoire,
un(e) autochtone qui compte parmi ses ancêtres des hommes et des femmes qui ont
contribué à écrire l'avant-propos préhistorique et le premier chapitre de
l'histoire de l'Amérique, un(e) autochtone qui voit enfin sa place reconnue
dans l'histoire du Canada.
En
reconnaissant les Métis et les Indiens non-inscrits en vertu de la Constitution
canadienne, le jugement remet également en question la notion de « communauté
autochtone » telle qu'exigée dans les procès antérieurs et déjà en cours pour
les Métis. La notion de « communauté » étant désormais élargie (car au Québec,
seule la réserve indienne est reconnue comme une communauté et sert à la définir),
il faudra désormais trouver de nouvelles limites et une nouvelle manière de définir
les rôles et pouvoirs exclusifs des associations et groupements représentatifs
autochtones. La Cour fédérale renvoie donc à leurs devoirs, non seulement
les gouvernements canadiens et provinciaux, mais également les gouvernements
autochtones déjà reconnus dans les réserves indiennes et qui se sont
abusivement octroyés le monopole de l'autochtonie. Et elle renvoie à ces mêmes
devoirs, toutes les associations métisses qui tentent d'exercer un monopole de
représentation auprès des Indiens non statués et des Métis.
Ce
jugement, comme le juge dit le souhaiter, est un premier pas vers la réconciliation
nationale. La Cour fédérale a enfin remis à l'heure de la vérité
historique l'ensemble de la question autochtone au Canada. Ce pas est énorme.
Il corrige une montagne d'injustices faites aux femmes autochtones, aux Indiens
déstatués, hors réserve et sans statut, et aux Métis du Québec. Appel ou pas du
gouvernement Harper, le jugement Daniels va, tôt ou tard, obliger le Québec à
reconnaître officiellement qu'il y a 12 nations autochtones au Québec et non
pas 11 comme il voudrait bien l'imposer, 12 nations formées d'Inuits, d'Indiens
et de Métis...
Akakia
8
janvier 2013
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