samedi, janvier 26, 2013

Construction d'une mini-centrale hydroélectrique à Val-Jalbert, l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire


La chûte de Ouiatchouane, à Val-Jalbert
La construction d'une mini-centrale hydroélectrique à Val-Jalbert est inconciliable avec la vocation du site touristique

À plusieurs reprises (comme je l'avais d'ailleurs fait en 1991), j'ai eu le goût de dénoncer publiquement le projet de construction d'une mini-centrale à Val-Jalbert, mais je me suis finalement résolue de n'en rien faire vu l'ignorance et la futilité de ce peuple qui court après son ombre. Devant l'histoire qui s'écrit, j'ai finalement décidé d'y mettre mon grain de sel. Vous voulez mon avis, et bien le voici : ce projet est complètement débile dans le double contexte touristique régional et la mission de ce site historique ! 

L'an dernier, j'ai écrit et publié une histoire du village historique de Val-Jalbert. Je l'ai insérée dans mon livre « Chroniques d'histoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean » (vol 2), pour qu'elle y ait une belle fenêtre, et je l'ai présentée dans les locaux du Centre de Val-Jalbert, devant la haute direction et tout le personnel qui ont été bons clients. Je leur ai dit très clairement que ce projet était insensé et qu'il risquait de détruire à tout jamais et le site et leur gagne-pain. Ils étaient là, devant moi, directeurs et personnel, propres et bien cirés, m'écoutant les yeux hagards comme des enfants de choeur sortis des limbes, et ils n'ont pas réagi. En toute réponse, j'ai eu droit à un silence poli. Il n'y a pas eu d'interventions, pas de questions, pas de débat. La peur, la soumission et la résignation liaient les langues en une seule voix.

C'est un leurre que de croire et faire croire à la population que ce projet de mini-centrale n'aura pas d'impacts. Il va, inévitablement (je souligne) avoir un impact sur la physionomie de la chute, il va miner la crédibilité du site environnemental et historique, et il va  affaiblir la capacité d'intervention de l'industrie touristique régionale dans sa totalité. En fait, la centrale hydroélectrique qu'on va bientôt construire va tuer « l'âme » de la chute et de la rivière Ouiatchouane, la beauté sacrée qui en émane, tout ce qui ne se voit pas mais qui se ressent quand on se prosterne devant elle, comme s'il eut été de la Fée protectrice de ce royaume des bois. Le site est voué à une belle mort ; les fantômes de Val-Jalbert sont en train de faire leurs valises et nous serons leurs valets de pied pour les aider à partir.

Val-Jalbert, c'est du reste le fer de lance de l'industrie touristique du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Il est un tout inséparable avec le Jardin Zoologique de Saint-Félicien. Affaiblissez-en un des deux, et vous affaiblissez l'ensemble touristique local et régional ; tuez-en un et vous tuez l'autre. Encore une fois, cette région a été abrutie par les discours lénifiants des politiciens et les faux espoirs suscités par les « développeurs » qui confondent à dessein « création de la richesse » (ce qui part d'ici et enrichit l'étranger) et « développement » (ce qui reste ici et concerne la fraternité).

Il faudrait rappeler cela à Monsieur Généreux et consorts, quand ils accaparent la tribune pour prédire avec autant d'assurance et d'ignorance la suite des événements...

Akakia
Maisons abandonnées du village-fantôme de Val-Jalbert