Potash corp, les Saguenéens l’ont échappé belle... pour cette fois ! (dans la foulée du projet Arianne, au lac à Paul)
La carte montre les trois secteurs du Lac à Paul, où se situe la plus grande réserve de phosphore connue au Québec. Source : Ressources Arianne Inc.
Potash corp, les Saguenéens l’ont échappé belle... pour cette fois !
Le 3 novembre dernier, suite à une opposition farouche de la Saskatchewan et de l’opposition qui siège à Ottawa, le premier ministre Stephen Harper décidait de bloquer la tentative de prise de contrôle hostile du géant mondial de l’extraction et de la vente de la potasse, par la compagnie australienne BHP Bilton. Il n’y a pas que les Saskatchewanais qui l’ont échappé belle dans ce différé de 30 jours prévus pour cadenasser cette décision forcée ; les Saguenéens aussi ! Car il faudrait continuer de croire que nous vivons sur une autre planète pour imaginer que la réserve de phosphore du Lac à Paul (un des 3 composants des fertilisants), dont les claims ont été récupérés par la société Ressources Arianne Inc., ne sont pas dans l’œil du tigre asiatique qui a entrepris, par filiales boursières interposées, de s’approprier l’ensemble de cette ressource aussi vitale que stratégique.
Pour ceux qui ne sont pas au courant, rappelons que le gisement de phosphore du Lac à Paul est situé à environ 40 km à l’est de la centrale de Chute-des-Passes et à quelque 160 km de Saint-Ludger-de-Milot. Pour l’heure, le potentiel présumé convoité par Arianne Corp se chiffre à quelque 500 millions de tonnes (données de Bernard Lapointe de Arianne Corp). À 400$ la tonne, comme on l’a déjà vu dans le haut de sa forme, c’est loin d’être le fer de Duplessis qui, à 3 cents la tonne, a pourtant contribué largement au développement du Québec de la Révolution tranquille. Et pour ceux qui ne savent pas quoi faire de ce patrimoine, il suffit de dire que le phosphore est à l’agriculture moderne ce que l’eau est à l’hydro-électricité et le pétrole au Hummer. Sans phosphore (qui compte pour le 1/3 du fertilisant *), l’agriculture, telle qu’on la connaît aujourd’hui, ne tient plus la route. Et j’évite de spéculer, ici, sur le pouvoir qu’elle accorde aux pays belliqueux comme les Etats-Unis et la Russie, car le phosphore sert également de composante essentielle dans les usages militaires.
Après avoir laissé filé notre pouvoir hydro-életrique pour le profit de l’Hydro-Québec et de Rio-Tinto-Alcan qui se fichent de nous et de nos besoins ; après avoir abandonné tous nos titres ancestraux et notre droit régalien sur la forêt pour le profit d’Abitibi-Bowater qui s’en est mise plein les poches en nous laissant les copeaux de bois à brûler en dernière ressource ; après avoir laissé filer notre cuivre, notre or et nos diamants pour le profit des sociétés boursificotteuses ; dans cette lancinante histoire de déprédation de nos ressources naturelles, les Saguenéens et les Jeannois vont-ils laisser filer, pour des profiteurs de peuple, cette ressource stratégique sans poser de questions embarrassantes à ceux qui nous gouvernent et bradent nos ressources ???
Sommes nous simplement fous ? Ou simplement idiots ?...
Pour comprendre à quel point, encore une fois, notre avenir est menacé avec ces projets de prise de contrôle de cette autre ressource naturelle dont nous disposons en abondance, je vous suggère de lire l’opuscule de Luc Folliet, « Nauru, l’île dévastée », publié en format poche (140 pages), aux éditions La Découverte/Poche, Paris, 2009-2010. Je n’en dis pas plus. À vous de faire l’effort. Donnez-vous deux petites heures de lecture, et vous comprendrez comment la civilisation capitaliste a détruit le pays le plus riche au monde. Il s’agit de la petite île de Nauru, une petite République du Pacifique Sud qui, dans les années 1970, avait un niveau de vie, per capita, qui dépassait celui des Émirats Arabes Unis, et de ces voisins enrichis par l’or noir ; dans ces années de grâce, le PIB dépassait 20 000$ US par habitant. Trente ans plus tard, la potasse enfin épuisée, c’est la désolation sur cette île ! Tout y passe ; les habitants fuient, la culture ancestrale a éclaté, et les habitants qui restent attendent la mort en se nourrissant de produits agricoles… venus d’ailleurs, des produits qui ont été engraissés avec leur potasse…
Akakia
À lire absolument, pour ceux et celles qui, à défaut de mourir appauvris par la faute de ses gouvernements, n'entendent pas mourir totalement idiots...
* Dans le fertilisant connu commercialement sous le nom de « 20-20-20, on retrouve, en volume : 1/3 de potasse + 1/3 de phosphore + 1/3 d'azote.
** L'auteur de ces lignes prend le temps de remercier M. Bernard Lapointe, de Arianne Corp., Chicoutimi, qui a gentiment accepté de répondre à ses questions.
Potash corp, les Saguenéens l’ont échappé belle... pour cette fois !
Le 3 novembre dernier, suite à une opposition farouche de la Saskatchewan et de l’opposition qui siège à Ottawa, le premier ministre Stephen Harper décidait de bloquer la tentative de prise de contrôle hostile du géant mondial de l’extraction et de la vente de la potasse, par la compagnie australienne BHP Bilton. Il n’y a pas que les Saskatchewanais qui l’ont échappé belle dans ce différé de 30 jours prévus pour cadenasser cette décision forcée ; les Saguenéens aussi ! Car il faudrait continuer de croire que nous vivons sur une autre planète pour imaginer que la réserve de phosphore du Lac à Paul (un des 3 composants des fertilisants), dont les claims ont été récupérés par la société Ressources Arianne Inc., ne sont pas dans l’œil du tigre asiatique qui a entrepris, par filiales boursières interposées, de s’approprier l’ensemble de cette ressource aussi vitale que stratégique.
Pour ceux qui ne sont pas au courant, rappelons que le gisement de phosphore du Lac à Paul est situé à environ 40 km à l’est de la centrale de Chute-des-Passes et à quelque 160 km de Saint-Ludger-de-Milot. Pour l’heure, le potentiel présumé convoité par Arianne Corp se chiffre à quelque 500 millions de tonnes (données de Bernard Lapointe de Arianne Corp). À 400$ la tonne, comme on l’a déjà vu dans le haut de sa forme, c’est loin d’être le fer de Duplessis qui, à 3 cents la tonne, a pourtant contribué largement au développement du Québec de la Révolution tranquille. Et pour ceux qui ne savent pas quoi faire de ce patrimoine, il suffit de dire que le phosphore est à l’agriculture moderne ce que l’eau est à l’hydro-électricité et le pétrole au Hummer. Sans phosphore (qui compte pour le 1/3 du fertilisant *), l’agriculture, telle qu’on la connaît aujourd’hui, ne tient plus la route. Et j’évite de spéculer, ici, sur le pouvoir qu’elle accorde aux pays belliqueux comme les Etats-Unis et la Russie, car le phosphore sert également de composante essentielle dans les usages militaires.
Après avoir laissé filé notre pouvoir hydro-életrique pour le profit de l’Hydro-Québec et de Rio-Tinto-Alcan qui se fichent de nous et de nos besoins ; après avoir abandonné tous nos titres ancestraux et notre droit régalien sur la forêt pour le profit d’Abitibi-Bowater qui s’en est mise plein les poches en nous laissant les copeaux de bois à brûler en dernière ressource ; après avoir laissé filer notre cuivre, notre or et nos diamants pour le profit des sociétés boursificotteuses ; dans cette lancinante histoire de déprédation de nos ressources naturelles, les Saguenéens et les Jeannois vont-ils laisser filer, pour des profiteurs de peuple, cette ressource stratégique sans poser de questions embarrassantes à ceux qui nous gouvernent et bradent nos ressources ???
Sommes nous simplement fous ? Ou simplement idiots ?...
Pour comprendre à quel point, encore une fois, notre avenir est menacé avec ces projets de prise de contrôle de cette autre ressource naturelle dont nous disposons en abondance, je vous suggère de lire l’opuscule de Luc Folliet, « Nauru, l’île dévastée », publié en format poche (140 pages), aux éditions La Découverte/Poche, Paris, 2009-2010. Je n’en dis pas plus. À vous de faire l’effort. Donnez-vous deux petites heures de lecture, et vous comprendrez comment la civilisation capitaliste a détruit le pays le plus riche au monde. Il s’agit de la petite île de Nauru, une petite République du Pacifique Sud qui, dans les années 1970, avait un niveau de vie, per capita, qui dépassait celui des Émirats Arabes Unis, et de ces voisins enrichis par l’or noir ; dans ces années de grâce, le PIB dépassait 20 000$ US par habitant. Trente ans plus tard, la potasse enfin épuisée, c’est la désolation sur cette île ! Tout y passe ; les habitants fuient, la culture ancestrale a éclaté, et les habitants qui restent attendent la mort en se nourrissant de produits agricoles… venus d’ailleurs, des produits qui ont été engraissés avec leur potasse…
Akakia
À lire absolument, pour ceux et celles qui, à défaut de mourir appauvris par la faute de ses gouvernements, n'entendent pas mourir totalement idiots...
* Dans le fertilisant connu commercialement sous le nom de « 20-20-20, on retrouve, en volume : 1/3 de potasse + 1/3 de phosphore + 1/3 d'azote.
** L'auteur de ces lignes prend le temps de remercier M. Bernard Lapointe, de Arianne Corp., Chicoutimi, qui a gentiment accepté de répondre à ses questions.
2 Comments:
dit :
A Nauru,la faillite, ce n'est pas seulement la faute de la potasse :
«...Soucieux de préparer l'avenir du pays une fois les réserves de phosphate épuisées, le gouvernement effectue des acquisitions immobilières et foncières à l'étranger. Le mode de vie occidental se révèlera par la suite néfaste pour la santé des Nauruans avec une hausse des cas de certaines maladies (notamment l'obésité et le diabète) et la baisse de l'espérance de vie.
En 1989, Nauru porte plainte devant la Cour internationale de justice contre l'Australie, réclamant compensation pour la destruction du centre de l'île provoquée par l'extraction de phosphate. Hors tribunal, l'Australie, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande acceptent de verser plusieurs dizaines de millions de dollars australiens à l'État nauruan.
Lorsque les gisements de phosphate s'épuisent au début des années 1990, il s'avère que les investissements immobiliers se révèlent infructueux et que les caisses de l'État ont pratiquement été vidées par le détournement de fond et la corruption. Confrontée à une grave crise économique, l'île voit les présidents se succéder, tentant de remplir les caisses de l'État tandis que les saisies se multiplient. N'ayant aucune autre ressource que celle qui est en train de s'épuiser, ils font le choix du blanchiment d'argent, de la vente de passeport, de l'accueil de réfugiés demandant l'asile en Australie et jugés indésirables dans ce pays (la « solution du Pacifique », et vraisemblablement du monnayage des votes aux Nations unies à partir du moment où Nauru y adhère en 1999 et à la Commission baleinière internationale lors de son admission en 2005. Depuis 2004, une nouvelle majorité déclare cesser les activités qui font de Nauru un paradis fiscal et lancer des plans de restructuration de l'économie nauruane.»
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nauru
Nauru a peut-être aussi été dirigé par de petits affairistes mondialistes autochtones.
dit :
Oui, évidemment, il y a cela aussi. Mais il y a plus et il faut aller au-delà de ce que nous dit internète et wikipedia. Il faut lire le livre suggéré en rubrique.
Le fait est qu'ils ont été mal gouvernés et que leurs dirigeant n'ont pas vu plus loin que le bout de leur nez. Chacun n'en avait que pour sa poche et nul n'a proposé un temps d'arrêt pour qu'on s'interroge sur la manière de gérer cette manne dans une perspective à long terme. C'est ce que je dis en évoquant ce cas d'espèce qui nous concerne au premier chef puisque nous aussi, Saguenéens et québécois, sommes conviés à ce banquet où seuls les initiés ont la voix au chapitre...
Russel-A. Bouchard
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