Ci-gît le peuple québécois, le plus heureux des peuples de la Terre !
« Pourquoi les francophones de souche devraient-ils s’inquiéter de ce modèle de la culture québécoise, comme francophonie nord-américaine circonscrite par la langue, livrée aux interactions entre ses composantes et ouvertes à toutes les expériences du continent ? Qu’ont-ils donc à y perdre, sinon une conception trop prudente, un peu figée même, de leurs appartenances et du destin de la culture francophone au Québec ? Faut-il vraiment s’inquiéter de ce que le glissement proposé, de Canadiens français à francophones québécois, étendent l’identité des premiers en l’insérant dans un ensemble culturel où ils demeurent largement majoritaires mais qui est défini avant tout par un critère strictement linguistique. » (Gérard Bouchard, « La nation québécoise au futur et au passé », publié en 1999 chez VLB, p. 169)
***
Ça, c’est un extrait de la berceuse qu’on a servi aux Québécois de souche après la défaite référendaire et le fameux discours de Jacques Parizeau qui a fait que les grands penseurs du PQ ont pris le mord aux dents sans comprendre qu’ils s’empoisonnaient avec leur salive.
C’est cette formule magique qui a conduit à la charte d’Hérouxville, à la réforme du calendrier scolaire que vient de voter le gouvernement Charest pour le profit de six écoles juives de Montréal (et au détriment des autres), et au chaos des « accommodements raisonnables » dans laquelle le Québec est en train de sombrer la tête première les narines grandes ouvertes. C’est avec cette sorte de nicotine intellectuelle fumée et propagée par quelques élites du Québec (Le Devoir en tête) que nous en sommes arrivés, collectivement, à devoir accepter que des symboles intégristes comme le hidjab et le nikab s’inscrivent dans la normalité de notre société et prennent la place des symboles historiques de la majorité canadienne française qui, faut-il le préciser, n’a plus le droit de cité chez nous. Ici, grâce à des incantations de ce genre, les deux principaux peuples fondateurs du Québec et de l’Amérique du Nord, entendons les Canadiens français et les Métis franco-amérindiens, ont été interdits de mémoire et totalement écartés de l’espace publique qu’ils ont pourtant construit à force de bras et d’intelligence en seulement quatre siècles.
Un service rendu en attirant un autre, l’auteur de ce solipsisme délirant, qui proposait alors que les Canadiens français aillent « tous ensemble, jeter les souches au prochain feu de la Saint-Jean » (G.B., Montréal, 1999)*, a été nommé co-président de la commission Bouchard-Taylor pour paver la voie au chaos actuel. Et comme toujours, au beau pays du Québec où tout le monde il est beau tout le monde il est fin (sauf la majorité canadienne-française et métisse) ; et comme toujours dis-je bien, le bon peuple, à qui on jurait croix de fer croix de bois que cela était bon pour lui et qu’il fallait faire montre d’esprit d’ouverture envers les arrivants et les minorités visibles, a applaudi à deux mains sans s’inquiéter du fait que c’est à lui-même, à son histoire, à sa mémoire, à sa culture et à ses rêves qu’on s’en prenait.
Akakia
* Cette proposition ahurissante a été rédigée par l'auteur de « La nation québécoise au futur et au passé », et célébré dans « un colloque sur les relations judéo-québécoises organisé conjointement par l'Irep et la bibliothèque juive de Montréal », le 25 mars 1999.
4 Comments:
dit :
Bien d'accord avec toi Russel.
Que dire de plus, tout es tellement bien dit.
dit :
Cher Russel,
Vous lire ce matin met un peu de baume sur toutes mes plaies.
Malgré tout, je ne crois pas, à mon âge, que j'en guérirai.
Que ce soit la laïcité ouverte ou fermée, nous sommes perdants.
Dans un cas comme dans l'autre, si les mécontents s'y rendent, c'est la Cour suprême du Canada qui décidera...
Et les nôtres, Canadiens français et Métis dorment... Ils sont devenus des assistés de l'État, et de ses suppôts, qui décide pour eux.
Merci quand même de me permettre de voir que je ne suis pas la seule à penser ainsi!
dit :
Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais le commentaire non identifié est de moi.
Marie Mance Vallée
dit :
Citation du superprof Gérard :
« Faut-il vraiment s’inquiéter de ce que le glissement proposé, de Canadiens français à francophones québécois, étendent l’identité des premiers en l’insérant dans un ensemble culturel où ils demeurent largement majoritaires [Gérard s'est-il déjà promené dans les rues de Montréal avec ses oreilles grandes ouvertes?] mais qui est défini avant tout par un critère strictement linguistique.»
Il n'y a pas que le "critère linguistique". C'est d'une grande naiveté. C'est quoi ça des francophones québécois - avec minuscules svp -. Est-ce du Jean Chrétien canadien ?
Nous sommes toutes et tous des Québécois avec la langue française comme valeur commune et il y en a beaucoup d'autres.
Il nous faut une constitution, une charte et un pays tout à nous. Je ne vois pas d'autre solution.
Publier un commentaire
<< Home