Le Québec heureux sans Montréal
Quand j’étais au primaire, fin des années cinquante, au collège Saint-Luc de Chicoutimi-Nord, à chaque vendredi du printemps, on nous rassemblait bien en rang dans la grande cour pour le salut au drapeau, pendant qu’on chantait le « Ô Canada ». Ça aurait bien pu être le Haut-Canada ou le Oh ! Canada, qu’on n’en aurait rien su et ce n’était pas très important. Ce qui l’était, et ce qu’on savait par contre c’est que nos ancêtres, Français d’abord et Indiens ensuite pour la plupart, nos arrières-grands parents avaient mis les bouchées doubles et pris les fusils pour faire le pays. Il avait d’abord fallu défricher, puis se défendre contre les Iroquois, puis contre les Anglais qui les utilisaient contre nous pour nous soumettre.
Les dangers étaient si grands alors, qu’il y avait obligation d’avoir dans chaque maison suffisamment de fusils pour armer tous les hommes, les garçons et les serviteurs de 13 ans et plus pour protéger son foyer. Ce n’était pas un simple souhait du gouverneur ; c’était une loi qui punissait d’amende tous les contrevenants. En 1654, à Montréal, les attaques étaient si permanentes, qu’il a fallu créer une milice citoyenne. Dans la Nouvelle-France, sur onze mille habitants, 2400 miliciens prêts à partir en guerre pour repousser l’ennemi. Mais avant d’y aller, il fallait faire les semences, préparer son barda, faire les canots d’écorce et hop, dans les Pays d’En-Haut pour faire rendre gorge à ces foutus Iroquois qui mangeaient même le cœur de leurs victimes. Et puis il y a eu le massacre de Lachine, 1689, comme moment d’apothéose ! Montréal a failli disparaître, cette année-là, mais nous, de l’arrière-pays, nous étions là pour les sauver... avec nos fusils.
Et ce n’est que le début. Tout ça pour vous dire que Montréal a eu une belle et grande histoire qui participe à celle de l’Amérique toute entière. Nos ancêtres ont ouvert la voie. Ils ont été les premiers à pénétrer l’Ouest. Ils ont pactisé avec les Indiens, marié leurs filles pour faire un peuple nouveau, construit non pas seulement un pays, mais l’idée même de la Liberté ! L’Amerique c’est exactement ça ! Une idée voulant que tout le monde peut embarquer dans ses rêves et les réaliser. Ce ne sont pas les Américains qui ont créé ce rêve, ce sont nos ancêtres, Français, Écossais, Irlandais qui ont poussé l’aventure au-delà de ses limites et qui ont fait une humanité nouvelle, la nôtre !
Vous avez lu la chronique de Mathieu-Bock Coté, ce matin, qui dénonce les oublis de la mémoire cultivés par l’actuelle mairesse Plante. Et elle n’est pas là seule. Vous avez vu les bloquistes et leur chef, à Ottawa, Jean-Francois Blanchet, devenu la béquille du gouvernement Trudeau minoritaire. Ces gens-là, bloquistes, péquistes, montréalistes, ont oublié d’où ils viennent, comment ils ont été construits, qui les ont accueillis ! Pour eux, les régionaux sont des passés-dates, des bouseux qui vont encore à la chasse, aiment tirer du fusil, une espèce en voie de disparition. Et plus vite nous disparaîtrons plus heureux ils seront. Ils dénoncent le multiculturalisme des Trudeau Père et Fils, mais ce qu’ils nous proposent est encore pire. Ils veulent un Québec peuplé exclusivement d’immigrants, avec une histoire qui débute avec l’arrivée des boats peoples , suivis des Haïtiens, puis des Maghrébins, puis des Cubains et des Chinois. Ils ne veulent plus des Québécois de souche. Ils nous détestent tellement, qu’ils font commencer l’histoire du Québec, au moment même où nous avons commencé à disparaître dans la mémoire de l’immigrant, avec l’appui de ceux et celles qui, de Montréal, disaient vouloir faire un pays rien qu’à eux, un pays rien que pour eux.
A ce titre là, mieux vaut qu’on se sépare. Montréal déteste le Québec, Montréal doit devenir la onzième province du Canada. ET LE QUÉBEC SAURA BIEN VIVRE SANS ELLE ...
Akakia
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