« Le Peuple Métis de la Boréalie », une histoire qui réagit aux questions de notre temps.
L'histoire ne peut être détachée de son époque.
L'histoire ne peut être détachée de son époque. Elle répond aux questions de son temps, complète la compréhension de l'actualité, permet de passer à une autre étape par le biais des luttes politiques qu'elle soulève et attise. Aucun peuple n'y échappe ; le présent confond l'avenir plus ou moins immédiat à partir de la connaissance que les politiques ont de la réalité. Notre propre expérience humaine parle en ce sens et en témoigne à tous égards.
Les Québécois ont entrepris d'écrire une histoire nationale du Québec, voilà à peine cinquante ans, parce qu'elle était devenue essentielle avec l'émergence du nationalisme des années soixante. Les Indiens du Canada, dont la mémoire n'a, jusqu'à tout récemment, tenu que de l'orale, ont entrepris d'écrire la leur voilà à peine vingt-cinq ans, par la question nouvelle que soulevait le rapatriement constitutionnel de 1982 et la lutte pour la reconnaissance de leurs droits ancestraux que cet événement appelait dès lors. Dans cette suite de questionnement existentiel pour la vie des peuples constituant l'univers Canadien, on ne se surprendra donc pas que les Métis de toutes les parties du pays, prennent triplement acte de la place qu'ils tiennent dans l'article 35 de la Constitution, des récents jugements de la Cour suprême du Canada, ainsi que de la menace que laisse planer sur leur propre existence le projet de traité avec les Ilnutsh ; un traité qui, on ne le dira jamais assez, nie radicalement leur présence et leur participation à l'édification de ce pays.
Ce livre, par lequel la Communauté métisse du Domaine du Roy / Mingan ouvre sa semaine de festivités, qui s'inscrit au reste dans celles de la fête des Autochtones canadiens, est donc une suite inévitable commandée par l'ordre constitutionnel et les préoccupations sociales, politiques et économiques de notre temps.
Une quête identitaire intimement liée à ma quête existentielle
Sur le plan personnel, ce portrait que je brosse de cette partie prenante de la civilisation de l'Amérique du Nord, est le fruit de ma propre quête identi-taire. Elle se veut l'expression de la place que j'entends personnellement prendre dans l'univers et dans l'oeuvre de la création. Cette quête existentielle, par son essence-même, relève donc du fondamental plus que du politique, et ne peut faire autrement que de s'exprimer par le prisme de ma propre personnalité. En ce qui me concerne, elle a pris sa mesure plus précisément en 1987, lorsque j'ai entrepris la rédaction du « Saguenay des fourrures », ce qui m'a permis de mieux apprécier mes racines blanches ; elle s'est poursuivie pour faire un nouveau pas en 1995, avec la rédaction et la publication du « Dernier des Montagnais », ce qui m'a permis de me réconcilier avec mes racines Indiennes montagnaises ; et elle s'est poursuivie pour atteindre une dimension plus accomplie avec les dernières publications sur « Le peuple Métis de la Boréalie », ce qui me permet de me réconcilier avec mes origines, ma culture et mon éducation métisses.
Sur le plan du combat des idées, mon livre se veut aussi, à certains égards, une réponse au programme de recherche (de 142 500 $) confié par le ministère de la Justice du Québec à un groupe de chercheurs de l'université Laval associé à l'université de Paris. Des professionnels qui sont étrangers à notre réalité socio-historique et culturelle, dont les maîtres d'oeuvre se sont déjà largement compromis dans leurs travaux en faveur des Indiens ; des chercheurs qui ont une idée préconçue du peuple Métis de la Boréalie, qui n'entendent pas lui donner la place qui lui revient, et qui entretiennent un discours exclusif de l'autochtonie canadienne.
À sa manière, mon livre fait donc le point sur ma propre quête identitaire et tente de notifier mon refus de participer à une histoire officielle dont l'objectif réel est de bricoler la réalité pour la soumette à des fins étrangères à la justice.
Nous ne demandons pas la Lune ! Seulement le respect...
L'identité nationale, c'est le pilier de l'âme du citoyen. C'est le point de départ de l'état d'esprit qui permet à chaque individu de se définir par rapport à la société et de prendre sa place dans l'univers ; l'affirmation de l'unique dans le commun. Sans cette prise en charge, sans cette acceptation, sans cette reconnaissance, l'individu n'est rien et la société ne vaut plus rien par rapport à lui.
Les faits ne mentent pas. Sans Nous, les Métis, ce pays n'existerait tout simplement pas ! Les populations indiennes, qui ont accueilli les premiers explorateurs européens, n'auraient pu survivre aux guerres fratricides et aux famines qui étaient leur lot quotidien, et aux autres calamités découlant de cette rencontre. Sans les Métis, les Euro-canadiens n'auraient pu, conséquemment, édifier le réseau des postes de traite du Domaine du Roi où ils ont tenu un rôle essentiel en tant que traits d'union entre Indiens et explorateurs. Sans Nous, la colonisation agricole, commerciale et industrielle n'aurait pu être amorcée. Sans Nous, ce pays n'existerait tout simplement pas.
Si ce Pays n'est pas capable de Nous accepter, Nous des peuples fondateurs, avec la générosité et la dignité qu'il accorde aux arrivants, pourra-t-on Nous porter grief de ne pas l'accepter pour ce qu'il prétend être ? Si ce pays n'est pas assez grand pour Nous faire une place dans le chapitre et l'espace territoriale qui Nous reviennent par nature et de droit, comment pourrait-il être assez grands pour les autres ?
On ne demande pas la Lune. On demande d'être accepté pour ce que Nous sommes, des Métis, des Autochtones ; on demande de reconnaître notre passage dans l'histoire de la colonisation de l'Amérique du Nord ; on demande à nos soeurs et frères indiens de ne pas Nous faire souffrir le mépris qu'ils reprochent aux conquérants à leur égard ; on demande aux gouvernements de ce pays, de cette province, la place qui Nous revient de plein droit en vertu des lois naturelles et de la loi suprême de ce pays, c'est-à-dire un des trois peuples fondateurs du Canada qui sont les Indiens, les Inuits et les Métis.
Russel Bouchard
Lien de Mémoire de la CMDRSM
Chicoutimi
21 juin 2006
L'histoire ne peut être détachée de son époque. Elle répond aux questions de son temps, complète la compréhension de l'actualité, permet de passer à une autre étape par le biais des luttes politiques qu'elle soulève et attise. Aucun peuple n'y échappe ; le présent confond l'avenir plus ou moins immédiat à partir de la connaissance que les politiques ont de la réalité. Notre propre expérience humaine parle en ce sens et en témoigne à tous égards.
Les Québécois ont entrepris d'écrire une histoire nationale du Québec, voilà à peine cinquante ans, parce qu'elle était devenue essentielle avec l'émergence du nationalisme des années soixante. Les Indiens du Canada, dont la mémoire n'a, jusqu'à tout récemment, tenu que de l'orale, ont entrepris d'écrire la leur voilà à peine vingt-cinq ans, par la question nouvelle que soulevait le rapatriement constitutionnel de 1982 et la lutte pour la reconnaissance de leurs droits ancestraux que cet événement appelait dès lors. Dans cette suite de questionnement existentiel pour la vie des peuples constituant l'univers Canadien, on ne se surprendra donc pas que les Métis de toutes les parties du pays, prennent triplement acte de la place qu'ils tiennent dans l'article 35 de la Constitution, des récents jugements de la Cour suprême du Canada, ainsi que de la menace que laisse planer sur leur propre existence le projet de traité avec les Ilnutsh ; un traité qui, on ne le dira jamais assez, nie radicalement leur présence et leur participation à l'édification de ce pays.
Ce livre, par lequel la Communauté métisse du Domaine du Roy / Mingan ouvre sa semaine de festivités, qui s'inscrit au reste dans celles de la fête des Autochtones canadiens, est donc une suite inévitable commandée par l'ordre constitutionnel et les préoccupations sociales, politiques et économiques de notre temps.
Une quête identitaire intimement liée à ma quête existentielle
Sur le plan personnel, ce portrait que je brosse de cette partie prenante de la civilisation de l'Amérique du Nord, est le fruit de ma propre quête identi-taire. Elle se veut l'expression de la place que j'entends personnellement prendre dans l'univers et dans l'oeuvre de la création. Cette quête existentielle, par son essence-même, relève donc du fondamental plus que du politique, et ne peut faire autrement que de s'exprimer par le prisme de ma propre personnalité. En ce qui me concerne, elle a pris sa mesure plus précisément en 1987, lorsque j'ai entrepris la rédaction du « Saguenay des fourrures », ce qui m'a permis de mieux apprécier mes racines blanches ; elle s'est poursuivie pour faire un nouveau pas en 1995, avec la rédaction et la publication du « Dernier des Montagnais », ce qui m'a permis de me réconcilier avec mes racines Indiennes montagnaises ; et elle s'est poursuivie pour atteindre une dimension plus accomplie avec les dernières publications sur « Le peuple Métis de la Boréalie », ce qui me permet de me réconcilier avec mes origines, ma culture et mon éducation métisses.
Sur le plan du combat des idées, mon livre se veut aussi, à certains égards, une réponse au programme de recherche (de 142 500 $) confié par le ministère de la Justice du Québec à un groupe de chercheurs de l'université Laval associé à l'université de Paris. Des professionnels qui sont étrangers à notre réalité socio-historique et culturelle, dont les maîtres d'oeuvre se sont déjà largement compromis dans leurs travaux en faveur des Indiens ; des chercheurs qui ont une idée préconçue du peuple Métis de la Boréalie, qui n'entendent pas lui donner la place qui lui revient, et qui entretiennent un discours exclusif de l'autochtonie canadienne.
À sa manière, mon livre fait donc le point sur ma propre quête identitaire et tente de notifier mon refus de participer à une histoire officielle dont l'objectif réel est de bricoler la réalité pour la soumette à des fins étrangères à la justice.
Nous ne demandons pas la Lune ! Seulement le respect...
L'identité nationale, c'est le pilier de l'âme du citoyen. C'est le point de départ de l'état d'esprit qui permet à chaque individu de se définir par rapport à la société et de prendre sa place dans l'univers ; l'affirmation de l'unique dans le commun. Sans cette prise en charge, sans cette acceptation, sans cette reconnaissance, l'individu n'est rien et la société ne vaut plus rien par rapport à lui.
Les faits ne mentent pas. Sans Nous, les Métis, ce pays n'existerait tout simplement pas ! Les populations indiennes, qui ont accueilli les premiers explorateurs européens, n'auraient pu survivre aux guerres fratricides et aux famines qui étaient leur lot quotidien, et aux autres calamités découlant de cette rencontre. Sans les Métis, les Euro-canadiens n'auraient pu, conséquemment, édifier le réseau des postes de traite du Domaine du Roi où ils ont tenu un rôle essentiel en tant que traits d'union entre Indiens et explorateurs. Sans Nous, la colonisation agricole, commerciale et industrielle n'aurait pu être amorcée. Sans Nous, ce pays n'existerait tout simplement pas.
Si ce Pays n'est pas capable de Nous accepter, Nous des peuples fondateurs, avec la générosité et la dignité qu'il accorde aux arrivants, pourra-t-on Nous porter grief de ne pas l'accepter pour ce qu'il prétend être ? Si ce pays n'est pas assez grand pour Nous faire une place dans le chapitre et l'espace territoriale qui Nous reviennent par nature et de droit, comment pourrait-il être assez grands pour les autres ?
On ne demande pas la Lune. On demande d'être accepté pour ce que Nous sommes, des Métis, des Autochtones ; on demande de reconnaître notre passage dans l'histoire de la colonisation de l'Amérique du Nord ; on demande à nos soeurs et frères indiens de ne pas Nous faire souffrir le mépris qu'ils reprochent aux conquérants à leur égard ; on demande aux gouvernements de ce pays, de cette province, la place qui Nous revient de plein droit en vertu des lois naturelles et de la loi suprême de ce pays, c'est-à-dire un des trois peuples fondateurs du Canada qui sont les Indiens, les Inuits et les Métis.
Russel Bouchard
Lien de Mémoire de la CMDRSM
Chicoutimi
21 juin 2006
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