vendredi, septembre 14, 2007

Débat public sur les « accommodements » — La question qui tue !

La commission sur les « accommodements raisonnables » vient à peine de fermer les lumières sur sa première semaine d'audiences, et voilà que je commence déjà à trouver l'exercice passablement ennuyeux. Entre le co-président et l'assistance, je vous le dis de suite : je n'ai pas l'impression que la mayonnaise a réussi à prendre. Car il y a un tel décalage entre les prétentions du haut de la tribune et le peuple qui grouille tout en bas. Il y a une telle peur de la simple prise de bec, un tel souci de parer à tout débordement de langage, qu'il m'apparaît d'ors et déjà impossible de remplir ce fossé maladroitement creusé, au départ, par les deux co-présidents et les chefs qui leur ont confié ce périlleux mandat.

De fait, si je suis à peine surpris de voir tout ce bon peuple se prêter si candidement à cet exercice pourtant grave de conséquences, je vous avoue ne pas être bien impressionné par l'acuité et la pertinence des interventions que nous transmet une presse faiblarde, moralisatrice, gardienne à elle seule de l'image de tolérance et de générosité d'un Québec qui s'est dangereusement engagé sur la voie du multiculturalisme à la canadienne sans toutefois disposer des outils pour le contrôler.

Au rythme où vont les choses, Noël va être derrière nous, les co-présidents vont se retirer derrière leur mutisme solennel pour rédiger le rapport savant qui va étayer leur conclusion, et la vraie question, la mère de toutes les questions n'aura pas été posée ni même abordée. J'entends ici la question qui tue, celle qu'exprime le coup de chaleur d'Hérouxille. Je parle, de fait, du heurt inter-culturel provoqué par la dernière bouffée d'arrivants qui, faute d'un frein et d'un encadrement mesuré, dont on commence à peine d'apprécier le laxisme, ont pris tout le terrain que la société d'accueil leur a bien laissé prendre. Je parle de ces groupes d'arrivants tous azimuts, qui refusent de s'intégrer pleinement, qui sont en train de s'emparer, par défaut, du pouvoir de décider ce qui doit être bon pour tous, qui ont pris de l'assurance et qui ne se privent plus d'en imposer à cette majorité canadienne-française et métisse (euro-amérindienne s'entend) boutée hors de ses propres murs par ceux-là mêmes qu'elle a accueillis si généreusement.

Oui, toutes ces questions inutiles dans un décorum qui plus est ampoulé, pour faire semblant de regarder un horizon dépeint comme vrai mais qui s'avère faux comme un diamant du Canada. Inutile comme la question de la laïcité qui, pourtant, me semblait être un acquis au Québec depuis la fin des années soixante. Inutile comme la question de l'égalité entre les sexes et le respect des différences que je croyais, encore là, une valeur fondamentale, un acquis de notre civilisation post-révolutionnaire. Inutile comme celle du port du voile islamique pour aller au bureau de vote, alors que la culture et les coutumes du pays d'accueil devraient s'imposer d'elles-mêmes au Québec. Comme s'il était un crime de se réclamer de la race de nos pères et de nos mères. Comme s'il était une tare héréditaire d'être né(e) Métis(se) ou Canadien(ne) Français(se). Comme s'il fallait se justifier de parler encore le français, bien qu'en perte d'éloquence il est aussi vrai de dire. Comme s'il relevait de la xénophobie de réclamer simplement le respect pour ce que nous sommes encore, la voix fondatrice qui est celle aussi de la majorité, d'avoir la place qui nous revient de plein droit dans les livres d'histoire de ce vaste continent et de pouvoir vivre comme on a toujours vécu sur ce territoire.

De fait, la réalité qui a conduit à cet autre cul-de-sac à la « franco-québécoise », c'est que le Québec, comme le Canada, est rattrapé par la mondialisation contre laquelle il (le Québec) se croyait immunisé. Alors que l'autre (le Canada) s'en nourrit pour le noyer dans le multiculturalisme et le bilinguisme qui ne peuvent conduire qu'à l'assimilation totale et définitive des conquis de 1760. Car, cela se décèle de plus en plus, contrairement au Canada le Québec n'a pas été préparé mentalement pour pouvoir absorber ce double choc inter-culturel et ethnique qu'il aurait dû prévoir et qu'il subit aujourd'hui sans disposer des outils pour le bien gérer et pour en tirer profit dans le bon sens. Et comme outils, entendons d'abord une définition songée, acceptée et sacralisée de la « nation », une nation qui a le droit d'exclure puisqu'elle se définit, par automatisme, « inclusive ». Entendons également une constitution digne de ce nom, un texte fondateur exclusif au Québec et aux Québécois, là où les droits fondamentaux, individuels et collectifs seront définis et protégés sans qu'il soit possible de les réduire à tout jamais sous quelque prétexte que ce soit et surtout pas au nom du communautarisme. Et entendons, encore, des pouvoirs réels et exclusifs, tant sur l'émigration que l'immigration, la fissure par où les sociétés se font, se défont et se refont par les jeux d'histoire, de conquêtes et de trahisons.

Car le vrai fond du problème auquel nous sommes collectivement confrontés, n'hésitons pas à le dire sans ambages même si cela nous vaut encore quelques roches ; le fond du problème qui nous confronte et divise, il est, d'abord et avant tout, d'ordres racial, culturel et linguistique. Racial d'abord, parce que, hormis les Indiens qui ne se définissent ni Québécois ni Canadiens et qui ne s'embarrassent pas de cet exercice de style, les deux principaux peuples fondateurs du Québec, nommons encore les Métis et les Canadiens français, pour une raison et pour une autre dont la trahison des clercs, ces deux peuples fondateurs dis-je bien n'ont pas été en mesure d'imposer l'espace historique qui leur revient de plein droit dans leur espace territorial, ce qui est le socle de leur existence, les colonnes de leur dignité.

Culturel ensuite, parce que des historiens, des sociologues et des philosophes, justement ceux qui sont chargés d'ausculter les quatre faces du contentieux qui nous divise, sont aussi ceux qui ont réussi à promouvoir l'idée, aussi fausse qu'assassine, que pour être « inclusif », il faut d'abord « jeter les souches canadiennes-françaises au feu de la Saint-Jean-Baptiste » (sic). Un geste insensé qui explique en partie l'origine de ce malaise et qui conduit à l'ultime coup de grâce, une manière de s'assurer qu'on soit définitivement mort, enterré la tête en bas, et oublié.

Et linguistique enfin, parce qu'on n'a pas réussi à imposer aux arrivants la langue de la majorité québécoise, qui est celle de nos pères et de nos mères. Nommons la belle langue française, qui en arrache et qui perd du terrain au profit de la langue du conquérant qui est aussi celle de l'écrasante majorité anglo-américaine.

***

Être ou ne pas être, en tant que Métis et Canadien français. Être à la racine de ce pays en devenir et à la source de l'esprit de la nation québécoise. Être ceci et cela, sans avoir besoin de s'excuser à chaque fois qu'on l'exprime haut et fort et qu'on l'exhibe fièrement ? Voilà la question que je crains ne jamais être posée dans cette commission ! Avons-nous, fondateurs de ce continent en devenir, le droit de vivre dignement dans cette mer anglo-saxonne qui absorbe tout comme une amibe ? ou n'avons-nous plus que celui de mourir dans la honte et le mépris, foulés au pied par ceux qui débarquent ? Voilà ce dont j'aurais aimé qu'on commence à causer dans ces forums et voilà ce qui a été totalement évacué jusqu'ici.

Akakia
Le 14 septembre 2007

6 Comments:

Anonymous Anonyme
dit :

Je suis comme Andrée Ferretti,
Je ne regarde pas ces émissions télévisuelles.
Je n'écoute rien sur ce cirque médiatique.
Je ne veux pas entendre Gérad B pérorer dans cette
commission/bidon,dont nous n'avaons que faire puisque
le Québec possède tous les outils pour régler cette
affaire sans l'aide des «faux-fuyants» que sont MM.
Bouchard et Taylor.
Mais il fallait à notre gouvernement deux
intellectuels,«sic» un supposé Historien, et un
suppposé Philosophe, pour l'aider dans sa démarche
anesthésiante du peuple du Québec.
Il fallait surtout à Jean Charest dépenser «6»
millions $ afin de démontrer que «son» gouvernement ne
lésinait pas sur les moyens ppour régler des choses
qui ne nécessitaient pas de règlement, puisqu'il avait
tout en main pour répondre aux besoins des
Québécois,dans ses lois et dans la charte des droits
du Québec!
Par cette démarche, il croit nous faire oublier,tout
comme le gouvernement du parti Québécois il y a
quelques mois, que de grandes parties de notre
territoire seront cédées aux «Inuits» et aux «Innus»
sans avoir consulter ses concitoyennes et ses
concitoyens.
Il lui aurait été si facile de consulter nos ( les
siens aussi)concitoyens de toutes les régions du
Québec sur le genre de pays dans lequel ils veulent
vivre.
Ce faisant, il aurait répondu aux aspirations de tous
les Québécois, Canadiens-français Québécois et
Amérindiens confondus, sans altérer l'autonomie du
gouvernement du Québec, alors que par ces deux
ententes élaborées avec la collaboration et sous la
surveillance du grand frère d'Ottawa, celui-ci vient
encore une fois empiéter sur l'autonomie du Québec,
cette fois avec la collaboration ( dans le sens le
plus péjoratif du mot)de notre gouvernement.
Il ne reste à ce gouvernement qu'à faire semblant
d'utiliser l'article «94» de la constitution du Canada
pour défendre les intérêts du Québec, sachant que de
toute façon il ne pourra jamais infléchir le
gouvernement Canadien avec cet article.
Celui-ci préférera demander à «sa» Cour suprême, cette
bombe «atomique canadienne» qui détruit toute vellétié
des droits et d'autonomie du Québec, l'interprétation
de l'article en cause.
Sachant depuis toujours de quel côté penche cette
«Haute» cour, il y peu d'espoir que le Québec puisse
sortir gagnant dans cette nouvelle affaire.
Salutations amicales
Jacques Bergeron

10:12 a.m.  
Anonymous Anonyme
dit :

Voici un commentaire sur votre article sur les accommodements raisonnables, vous pouvez l'ajouter à votre gré...

Bonjour Russel-A

Il est regrettable que les citoyens québécois ne connaissent pas leur histoire.

Notre bon peuple ferme les yeux sur toutes les horreurs qu'on lui a fait subir lors du référendum de 1995.

Lorsqu'un état nomme une commission d'enquête, il choisit lui-même les commissaires, ceux-ci seront sélectionnés en fonction de la sympathie qu'ils ont envers les conclusions à obtenir. De plus, pour être bien certain que le résultat sera bien celui espéré, L'état va mettre des balises auquelles les commissaires devront, dans la rédaction de leur rapport, se conformer.

Les résultats de la Commission Gomery ont été ceux prévu par l'État. En aucun temps la commission Gommery n'a dérivé vers les malversations de la fédération contre notre état Québécois. Les dépenses non autorisées générés par la fédération avoisinent certainement le milliard de dollars. Rien de cela n'est mentionné dans le rapport de la commission Gommery si ce n'est les quelques petites fraudes de certaines entreprises de publicité.

Nous sommes dans la situation ou une fédération se substitut à la démocratie de l'un de ses membres afin d'éliminer le rapport de force de ce membre. La fédération manoeuvre présentement habilement pour transférer la propriété des territoires vers une petite minorité sans consultation de la majorité. Sans une réaction massive du peuple contre ses propres élus, tout espoir de liberté ou de souveraineté du Québec deviendra impossible à réaliser.

Il en résulte une réforme constitutionnelle secrète ou le droit de regard des Québécois sur leur avenir sera géré par la fédération et aux conditions de la fédération.

La francophonie n'étant plus propriétaire de ses territoires, elle n'aura plus de droits réels au conseil de la fédération, le seul privilège qui lui sera accepté est celui de donner son avis. Plus jamais de droit de vétos, de clauses nonobstants ou autres ne seront pris en compte. La fédération aura le parfait contrôle sur la démographie au Québec. Par notre indifférence, nous acceptons la disparition de notre culture et notre minorisation.

Le Canada nous fait la guerre psychologique depuis bien avant 1995. On va se réveiller bientôt avec une vrai guerre, avec des fusils celle-la pour nous obliger à avaler et à accepter les signatures faites en notre nom par le gouvernement fédéraliste Charest qui en a trafiqué les négociations en notre nom, réf. M. Yves Fortier, président de l'Alcan, l'un des membres reconnu du mouvement sur l'unité canadienne et exploiteur de nos ressources.

Les citoyens québécois n'ont pas compris que l'approche commune n'est rien d'autre que la deuxième déportation des "Acadiens".

Revenons à la Commission des accommodements raisonnables;

La commission sur les accommodements raisonnables tout comme celle de Gommery sera elle aussi tout à fait conforme aux résultats espérés.

Tous les commentaires émis par le bon peuple et qui dérivent des limites fixés par l'état seront donc écoutés sans plus.

Le rapport de cette commission sera donc conforme aux résultats espérés par l'État.

Les commissions d'enquêtes ne sont qu'un cirque médiatique de défoulement collectif sans qu'il en découle une analyse de l'ensemble des commentaires reçus; seul les commentaires conformes aux résultats espérés seront pris en compte par les commissaires.

Pour en savoir plus sur les commissions d'enquêtes je vous invite à lire mon texte, juge et parti, sur mon site saglacweb.com

Vous pouvez me donner vos commentaires sur saglac@gmail.com


Jean-Pierre Plourde.
Jonquière, Saguenay

7:01 a.m.  
Anonymous Anonyme
dit :

La peur, chez Bouchard et compagnie, que vous décrivez dans votre article, s'est avérée ce qu'il y a de plus vrai, hier, alors que le co-président, frère de l'autre, s'est énervé et a enlevé le micro à un «simple citoyen».

Heureusement, que je ne participe pas à ce «faux» exercice, d'une «fausse» démocratie,(alors que le Québec, par ses lois et sa Charte des droits et libertés, possède tout ce qu'il faut pour régler la situation rapidement) sinon cet individu aurait appris qu'on n'enlève pas la parole à quelqu'un sans un vrai motif, et un motif «vrai»!

Il faut, normalement, plus que les oreilles blessées d'un président de «commission ou d'assemblée», pour chasser quelqu'un du micro! J'aurais certainement balancé ce Gérard Bouchard, dit le petit frère de l'autre,dans le «feu de la Saint-Jean», là où il y aurait eu, malheureusement, risque de pollution de l'air de l'endroit visé.

Et on continuera à dépenser l'argent dont la société a tellement besoin pour aider les Québécois les plus démunis vivant parmi nous!

Salutations distinguées
Jacques Bergeron
Ahuntsic, Montréal

7:10 a.m.  
Anonymous Anonyme
dit :

Le débat a pris l'allure que prennent tous les débats quand cette famille est sur la tribune et qu'elle maîtrise le micro. Au Saguenay, hier soir où la Commission a fait salle comble, ce fut totale harmonie. C'est justement ce qu'ils veulent. Pas un fil de travers. Tout s'est passé comme ils l'ont voulu, préparé et orchestré.

Russel-A.

7:13 a.m.  
Anonymous Anonyme
dit :

Salut m. Bouchard, Russel, il va sans dire, ne voulant rien avoir à faire les deux autres Bouchard connus pour ?????

Je viens de visiter vitre site et y ai vu mon article, ce qui m'a permis de lire celui de M. Plourde de Saguenay. Aucun journal ne veut publier mes articles, même les plus doux à l'oeil et à l'oreille de nos concitoyens. Aujourd'hui on lit un article de Pierre Dubuc sur celui de M. Lisée, alors qu'on fait dire à ce dernier qu'il souhaite que ses enfants reçoivent une formation «catholique», ce qui est son droit le plus légitime. Mais ces mêmes gens de l'Aut'journal, n'ont jamais voulu publier un certain mémoire, ni même une partie d'un certain mémoire, dans lequel je préconisais que les religions , (toutes les religions) puissent être enseignées après les heures de cours, dans les «locaux» des écoles mis à la disposition des parents et des enseignants (ministres du culte ou professeurs reconnus par L'état dans les deux cas), ce qui aurait répondu , et qui répondrait , j'en suis certain, aux besoins de nos concitoyens désirant cet enseignement pour leurs enfants.

Tout comme , dans ce même mémoire, il est préconisé que le peuple du Québec soit consulté sur le genre de pays dans lequel il souhaite vivre, le tout devant être soumis à des «États généraux», puis être entériné par l'Assemblée nationale du Québec afin de devenir force de loi,peut-être même la «Constitution du Québec», pays ou province, cela restera à décider plus tard.

J'ajoute,avec une «fausse modestie très évidente», que si notre gouvernement s'était le moindrement inspiréde «quelques» données de ce mémoire, sachant qu'il possède en plus tous les outils, lois et Charte des droits et libertés pour régler le problème des «accommodementts («dé») raisonnables»,jamais, au grand jamais, il n'aurait créé cette commission/bidon qui ne fait qu'exacerber la mauvaise humeur et les tensions entre les individus.

Pour être écouter et lu, il semble qu'il soit
préférable de posséder un«diplôme d'une quelconque université», genre Histoire, Philosophie, Droit et/ou autres, plutôt que d'être un ancien professeur et directeur d'école de mode, ou d'agir comme «Conseil» pour l'industrie du vêtement. On comprend dès lors, l'allusion et le manque de respect de Gérard B. lorsqu'il parle des «petites gens» qui écoutent TVA et TQS.

Salutations respectueuses

Jacques Bergeron,
Président de Jacques Bergeron & associés,, groupe Conseils Ancien professeur de coupe et confection de vêtements masculins, et ancien directeur d'écoles de mode.

Note: Par cette description professionnelle,je voulais être certain de faire partie du groupe des «rejetés» de Gérard,l'Historien,«sic» Bouchard!

9:24 a.m.  
Anonymous Anonyme
dit :

Vous êtes toujours le bienvenu sur mon site. Pour ce qui est des publications dans les journaux, vous avez au moins l'opportunité d'être publié dans Vigile. Moi, pour une raison que j'ignore, sans doute parce qu'on ne peut pas me camper dans le camp des souverainistes inconditionnels, Vigile ne publie plus mes textes.

C'est ce qui a fait que j'ai ouvert ce blogue. Pour pouvoir causer avec des gens comme vous, rejetés dans le vacuum de la presse consensuelle, qu'elle soit d'allégence fédéraliste ou souverainiste.

Russel-A.

9:28 a.m.  

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