La forêt publique du Saguenay–Lac-Saint-Jean sous respirateur artificiel
Chicoutimi, le 2 février 2006
« La population de plus de 250 villes et villages forestiers au Québec sont en train de se rendre compte que leur ressource [forestière] a été gérée non pas en fonction de ce que la forêt peut produire, mais en fonction de la capacité de produire des usines », écrit Richard Desjardins, dans un décapant post-mortem qu'il fait de la Commission Coulombe, et qu'il a réussi à publier in extenso dans différents journaux du Québec. Voilà, pour le moins, un constat pas bien encourageant qui risque de mettre de l'encre dans la plume de l'ex-ministre péquiste, Jacques Brassard, ex-collègue parlementaire et ami d'alcôves de l'ex-ministre Guy Chevrette, grand chasseur d'orignacs, pourfendeur de la modération et ennemi viscéral des artistes, des « écolos gauchistes » et du gros bon sens.
Les commentaires de Desjardins coulent des sources de l'Évidence et les faits qu'ils dénoncent lui donnent, hélas, raison ! Ce que l'auteur de « L'erreur boréale » écrit aujourd'hui est, en effet, de la plus stricte réalité concernant, à la fois, les agissements condamnables de cette pieuvre industrielle et l'attitude comparse du club des ministres du gouvernement du Québec (toutes options confondues). Les architectes patentés de la forêt québécoise ont beau raconter qu'il se coupe 20% moins de bois chez nous, au Saguenay–Lac-Saint-Jean (qui fournit du reste 25% de la matière ligneuse produite annuellement au Québec, bien que cette région ne possède que 16% du potentiel forestier commercial et qu'elle ne retire qu'environ 7% d'emplois liés, une perte de 30% par rapport à l'an 2000) ; il n'empêche que le cortège funèbre de camions gorgés de copeaux, de pitounes, de planches et de deux par quatre, n'a pas baissé son rythme malgré les gémissements de l'ex-ministre Chevrette associés à ceux de son ex-collègue Brassard, dégommés la même journée du mois de janvier 2002 et devenus, depuis, hérauts des exploitants.
Comme résident de Chicoutimi établi le long de la route Ste-Anne–Tadoussac, je puis témoigner de ce que je vois d'heure en heure, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois : malgré le discours rassurant du ministre actuel, le nombre et le rythme de camions chargés de bois et de copeaux augmente au lieu de diminuer ; ce qui a changé et ne cesse de changer, ce sont la taille des arbres qu'ils transportent, toujours plus petits, le nombre des usines forestières en activité dans notre région qui a rétréci comme une peau de chagrin, et le nombre des emplois liés à cette industrie, qui s'est littéralement effondré.
Cela étant, je m'associe à Richard Desjardins pour dénoncer : 1- l'incurie gouvernementale en matière de foresterie québécoise et en matière de redistribution de la richesse collective ; 2- pour demander qu'on mette un frein le plus rapidement possible à cette rapine assassine où l'État québécois sert de gardien d'enclos au profit des multinationales du bois et du papier ; 3- pour demander une enquête publique sinon judiciaire eu égard au copinage mafieux des parlementaires qui, après avoir représenté les intérêts des Québécois en tant qu'élus du peuple, oeuvrent maintenant comme conseillers et défenseurs des intérêts de l'industrie ; et 4- pour demander au gouvernement du Québec de reprendre le contrôle de cette ressource nationale majeure et « de créer une sorte de Régie des forêts, indépendante et du gouvernement et des compagnies ».
Russel Bouchard,
Historien
(auteur du livre « Annales de l'industrie forestière au Saguenay–Lac-Saint-Jean » (2004)
et coauteur du collectif « Le Pays Trahi » (2001)
Chicoutimi
« La population de plus de 250 villes et villages forestiers au Québec sont en train de se rendre compte que leur ressource [forestière] a été gérée non pas en fonction de ce que la forêt peut produire, mais en fonction de la capacité de produire des usines », écrit Richard Desjardins, dans un décapant post-mortem qu'il fait de la Commission Coulombe, et qu'il a réussi à publier in extenso dans différents journaux du Québec. Voilà, pour le moins, un constat pas bien encourageant qui risque de mettre de l'encre dans la plume de l'ex-ministre péquiste, Jacques Brassard, ex-collègue parlementaire et ami d'alcôves de l'ex-ministre Guy Chevrette, grand chasseur d'orignacs, pourfendeur de la modération et ennemi viscéral des artistes, des « écolos gauchistes » et du gros bon sens.
Les commentaires de Desjardins coulent des sources de l'Évidence et les faits qu'ils dénoncent lui donnent, hélas, raison ! Ce que l'auteur de « L'erreur boréale » écrit aujourd'hui est, en effet, de la plus stricte réalité concernant, à la fois, les agissements condamnables de cette pieuvre industrielle et l'attitude comparse du club des ministres du gouvernement du Québec (toutes options confondues). Les architectes patentés de la forêt québécoise ont beau raconter qu'il se coupe 20% moins de bois chez nous, au Saguenay–Lac-Saint-Jean (qui fournit du reste 25% de la matière ligneuse produite annuellement au Québec, bien que cette région ne possède que 16% du potentiel forestier commercial et qu'elle ne retire qu'environ 7% d'emplois liés, une perte de 30% par rapport à l'an 2000) ; il n'empêche que le cortège funèbre de camions gorgés de copeaux, de pitounes, de planches et de deux par quatre, n'a pas baissé son rythme malgré les gémissements de l'ex-ministre Chevrette associés à ceux de son ex-collègue Brassard, dégommés la même journée du mois de janvier 2002 et devenus, depuis, hérauts des exploitants.
Comme résident de Chicoutimi établi le long de la route Ste-Anne–Tadoussac, je puis témoigner de ce que je vois d'heure en heure, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois : malgré le discours rassurant du ministre actuel, le nombre et le rythme de camions chargés de bois et de copeaux augmente au lieu de diminuer ; ce qui a changé et ne cesse de changer, ce sont la taille des arbres qu'ils transportent, toujours plus petits, le nombre des usines forestières en activité dans notre région qui a rétréci comme une peau de chagrin, et le nombre des emplois liés à cette industrie, qui s'est littéralement effondré.
Cela étant, je m'associe à Richard Desjardins pour dénoncer : 1- l'incurie gouvernementale en matière de foresterie québécoise et en matière de redistribution de la richesse collective ; 2- pour demander qu'on mette un frein le plus rapidement possible à cette rapine assassine où l'État québécois sert de gardien d'enclos au profit des multinationales du bois et du papier ; 3- pour demander une enquête publique sinon judiciaire eu égard au copinage mafieux des parlementaires qui, après avoir représenté les intérêts des Québécois en tant qu'élus du peuple, oeuvrent maintenant comme conseillers et défenseurs des intérêts de l'industrie ; et 4- pour demander au gouvernement du Québec de reprendre le contrôle de cette ressource nationale majeure et « de créer une sorte de Régie des forêts, indépendante et du gouvernement et des compagnies ».
Russel Bouchard,
Historien
(auteur du livre « Annales de l'industrie forestière au Saguenay–Lac-Saint-Jean » (2004)
et coauteur du collectif « Le Pays Trahi » (2001)
Chicoutimi
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